rj 3 D E S A G XJ
en faire un à O x fo rd de Ph y fiq u e ex p é -
rimentale , dans leque l il Suivit la méthode
des M athématiciens. I la v an çoit des
propofitions fo r t (impies q u ’il prou vo it
p a r des e x p é r ien c e s ; & il en deduifoit
enfiiite d’autres p lus comp ofée s qu’ il con-
jîrm o ita u f li p ar des expérience s. Il rendit
ainfi fenfibles 6c fournit à une démonf-
tra tion v ifib le les lo ix du m o u v em en t ,
le s principes de l’hyd ro fta tiq u e 6c de
l ’o p t iq u e , 6c les dé cou ve rtes de Newton
fu r la lumière 6c les couleurs. Son but
n ’étoit pas feulement d’enfeigner la P h y fiq
u e en g é n é r a l, mais en core de donn
er au P u blic du g oût p our la Philofophie
Neutonienne.
C e fut en 170 5 qu’ il commença Ses
le ço n s publiques de Ph y fiq u e . N o tre Phi-
lo fo p h e extrêmement a v id e d’ inftru c-
t io n s , n e manqua pas d’ en profiter. Il
ap p r it ch e z M. Keill que M. Hauksbee
fa ifo it publiquement à Londres des e x p
ér ien c es é le& r iq u e s , h yd ro fta tique s 6c
pneumatiques. Sur le champ il voulut
fa v o i r la méthode qu’ il fu ivo it. O n lui
dit Hauksbee a vo it beaucoup plus de
d e x té r ité que Keill dans 1 a rt de faire
des expériences ; qu’ il les e x é cu to it a v e c
.une attention fcrupuleufe , qu e Keill
n’ apportoit pas dans les fien n e s ; mais
qu’il ne donnoit fes expérien ce s que
com m e de (impies phenomenes , fans
prétendre en faire u la ge pour p ro u ve r
line fuite de propositions. D e s a g u l ie r s
n e goûta point du tou t cette méthode y
& il ne la t rou v a pas propre à établir
le s principes d’une vér itab le Ph y fiq u e .
M . Hauksbee, d i fo i t - i l , fait un cours
d’expériences , 6c M. Keill un cou rs de
P h y fiq u e expérimentale.
Il continua donc de fu iv re M . Keill;
6c comme fon g o û t pou r la P h y fiqu e fe
dé ve lop p a entiè rement, il fe dé vou a fans
r é fe r v e à l’étude de ce lte fcience. Ses
p ro g rè s furent f ic o n f id e r a b le s .q u eKeill
ay an t quitté O x fo rd en 17 fi en
état de le remplacer. Il o u v r it au C o l lè
g e de Hart-Hall un cours dé P h y fiqu e
LIER S.
e x p é r im en ta le ; il y enfeigna la Phys ique
félon les mêmes principes que c e u x
de Keill. Il y joignit plufieurs propofitions
d’o p t iq u e , & la Mécbanique p ro prement
d i t e , c ’eli-à -d ire l’e xp lica tion
des organes mé ch an iq u e s , S i la raifon
de leurs effets.
Il rendit enfuite fes le çon s plus inf-
t ru f t iv e s , en les augmentant de nouv
e lle s propofitions S i de n ou ve lles e x p
é r ien c e s , ôc en faifant dans fes mach
ines les changeracns q ui lui pa ro if-
foient propres pour les rendre plus intelligibles
à c e u x de fes auditeurs q ui n ’é -
toient point v erfé s dans les Mathématiques
, o u à donner plus de fa fis fa â ion
au x Mathématiciens. C ’ étoit l i i r - tou t
pou r les leçons d’A llro n om ie q u ’il a v o it
fait çes changemens.
A prè s a v o ir demeuré trois ans à O x ford
, il en fortit pou r a ller acqué rir de
n ou ve lles connoiffances à Londres. Il v it
a v e c plaifir les grands pro g rès qu’au
m o y en des expériences la Philofop hie
Neutonienne a v o it fait parmi les perfon-
nes de tous rangs & de toutes les p ro -
fe ff io n s , & même p armi les D am e s . C a r
à l’e x emple de Keill, il n’e ftimoit que
la P hilofop hie de Newton. Il fut ac cu eilli
en arrivant des perfonnes les plus dif-
tinguées par leur fa v o ir & par leu r état.
Son mérite étoit connu à Lond res. O n
le défiroit depuis lo n g - temps pou r appren
dre de lui la P h y fiq u e expérimentale.
Son intention é to it bien de fa tis -
faire à ces d é fir s , en faifant de n ou ve au x
cours d ’expériences ; mais il fongea aufii
à prendre un état : c’étoit l’état E c c lé -
fiaftique. Il entra donc dans les O rd r e s ,
prêcha à Hamptoncourt en 1 7 1 6 d ev
ant le R o i (a) , & fut ordonné P rêtre en
1 7 1 7 par l’E v êq u e d’H e ly . Il obtint après
ce la d eux C u r e s , ce lle de Hille de L ilt le
V a le r i dans le C om té d’E f fe x , & ce lle
de ‘W hitehurch au C om té de M idd le fe x.
Il fu t aufii Chapelain du D u c de C h an -
dos , & enfuite du Prince de Galles .
L e s o ccupations que lu i donnoient ces
(...) C e S e r m o n a été im p r im é d a n s l e t e m p s .
DESAG
importans emplois , ne l’ empêchèrent
point de cu ltiv er la P h y fiq u e . Il avo it
é té reçu en arrivant de la S o c iété R o y a le
d e L o n d r e s , & ç’a v o it é té a v e c une dif-
t in â io n qui l’engageoit à une gratitude.
O n l’a v o it difpenfé de p a y e r fon en t r é e ,
de figner l ’engagement & les obligations
o rd in a ire s , & de fournir au x contribu tions
h ebdomadaires. Il ne p o u vo it mieux
re c o n n o ît re ce tte fa v eu r qu’en concourant
a v e c ce tte S o c iété à la perfection
d e la P h y fiq u e . C ’eft aufii ce qu’il fit. Il
fit con ftru ire de n ou ve au x in ftrum en s ,
rech erch a c e u x qu’ il ne connoiffoit p a s ,
& fe mit en état de dé ve lopp er dans fe s
cou r s d’ expériences toutes lès richeffes
d e la P h y fiq u e . Il préfenta ainfi au Pub
lic le fp e fla c le le plus beau &c le plus
fa v an t qu’on eu t en co re v u . A u fii tout
le monde s’empreffa à en jouir.
U n auditoire n ombreux forma ch ez
lu i un concours honorable. Il eut la g lo-
r ieufe fatisfattion de comp ter parmi fes auditeurs
deux T ê te s cou ron n é e s, GeorgesI
R o i d’ A n g le te r re , la Re in e Guïllelmine-
Dorothée - Charlote ou Caroline, & le
Prin c e de Galles, qui vo u lu t .apprendre
pa rticulièrement de lui la P hilofop hie
Neutonienne.
Newton, témoin de fa c a p a c ité , ne
put lui refufer fon eftime. 11 v it en lui
lin homme capable de répandre fa doctrine
U L I E R S. 79 la p rivan t des inftru&ions de n otre P h ilosophe.
, & de lui donner un nou ve au Iuftre.
Il le chargea de ramener cette doctrine
à l ’e x p é r ien c e , comme à une preu v e
néceffaire pour ên con flate r la folidité.
En conféquence de cette efpèce de m if-
f io n , D e s a g u l i e r s raffembla plufieurs
fa it s , inventa des inftrumens-, & fit un
cours de P h yfiqu e expérimentale N eu tonienne.
L a renommée annonça à tou te l’E u ro
p e fes fuccès. C ’étoit la matière de la
con verfation des Savans. O n le fouha i-
to it par - tout : &c la Hollande fut l ’eng
ag e r d’une manière fi obligeante , qu’il
ne put lui refufer d’y aller faire les-cours
de Phyfiqu e. 11 fe fendit d’abord à R o t terdam
, tic alla de là à la .Haye- ° n re“
rega rda en Angleterre ce procédé comme
un v o l qu e la Hollande lui a v o it fait en
C ’ étoit en 1 7 3 0 . L a S o c ié té
R o y a le le rap p e la , 6c le Somma de v en ir
faire des expérience s p ou r e l l e , m o y e n nant
un honoraire de 30 liv re s (lerlings
par an qu’ elle lui a v o it ac cordé.
C e fut là l’occupa tion principale d e
notre PhiloSophe à fon retour. L e P u b lic
profita aufii de fes lumières comme aup
a ra v an t ; de forte qu’ il fit depuis 1 7 1 0
jufqu’à fa mort cent cinquante co u r s
p u b lic s .il forma des P hyfic ien s fi habiles ,
qu e de douze Savans qui faifoient dans
le monde des cours de P h y fiq u e , il en
com p to it huit q ui a v o ien t é té fes D i( -
ciples.
A la de xtérité de la main pou r fa ire
les e x p é r ien c e s , 6c à une grande faga-
c ité p o u r d é ve lo p p e r les matières les
plus a b f tra ite s , n otre PhiloSophe jo i -
gnoit l ’eSprit d ’invention. Il n’y a v o it
point de cours o ü il n’en produisit que lq
u ’une. C ’ étoit tantôt q ue lqu e n o u ve lle
machine , tantôt que lqu e obServatiort
n o u v e lle , tantôt que lqu e d é co u v e r te importante.
Parmi ces produ&ions fans
n om b r e , v o ic i les plus remarquables.
A y a n t av an cé un jou r dans un d e fes
cours qu’ il y a v o it de l’ air dans le th o ra x ,
6c même dans le fa n g , quelqu es D i f -
ciples du cé lèb re Boerhave, qui re trou v
è ren t dans fon au d ito ire , s’ in fcriviren t
en faux contre cette propofition. Ils af-
furèrent qu’ ils a voien t o u v e r t la v e in e
de plufieurs animaux dans le vu id e , 6z
q u ’ils n’y a vo ien t jamais t ro u v é de l’air.
Ils a voient fait ce tte expérien ce , dirent-
i l s , a v e c le D o f t e u r Alexandre Stuart,
Médecin du R o i. D e s a g u l i e r s répondit
que l’ exp ér ien ce a v o it été Sûrement
mal faite.
P o u r le p r o u v e r , il en v o y a ch erch er
un v e au en v ie , au quel il lia trè s -fo r te ment
la v ein e ju gulaire a v e c deux lig a tures
éloignées l’une de l’autre de tro is
pou ces. Il coupa enfuite ce tte partie de
la ve in e à un pou ce de chaque lig a tu r e ,
6c attacha c e v aiflé au au-deffus d’ une
•tafîe à c a fé , a v e c une lancette- au bout
inférieur d ’un fil de fer qu’ il fit de fcend re
dans la pompe d’une machine p n eum a -