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fériientj &que les feuilles contiennent
en abondance des particules fulfureu-
fes.
Les Phyficiens qui avoietit examiné la
nature de l’air avant notre Philofophe ,
eftimoient que c’étoit un fluide pelant,
tranfparen'r, & élaftique 3 mais aucun n’a-
voit cru qu'il pût exifter fous une autre
forme. C ’eft une belle découverte que fit
Hales , 6c qui eft le fujet de l’analyfe de
l ’air. Par le moyen de la diftilktion 6c de
lafufion, il trouva que toutes les fubftan-
ces végétales, minérales ou animales renferment
un air fixe, 6c détermina même
la quantité qu’elles en contiennent.
Ainfi il fit voir qu’un demi-pouce cubique
de nitre mêlé avec de la chaux d’os
produit 90 pouces cubiques d’air 3 qu’un
pouce cubique d’huile d’olives donne
S8 pouces cubiques du même fluide >
qu’un pouce cubique de tartre du vin du
Rhin en fournit 504 pouces 3 un pouce
cubique de fuccin 1355 un demi-pouce
cubique d’écailles d’huîtres 1 6 1 : 6c pour
dernier exemple , que la pierre de la vef-
fie contient plus de fa moitié d’air fixe y
6c lorfque cet air eft développé, qu’il a
repris ion élafticité , il occupe fix cents
quarante-cinq fois plus de volume que
la pierre qui le contenoit.
Toutes ces expériences font expofées
dans YAnalyfe de l’A ir , mais avec fi peu
d’ordre., qu’on les a rangées méthodiquement
depuis la mort de l’Auteur à la tête
de la tradu&ion d'un de fes ouvrages
intitulé : Expériences P hyfiqu.esfur la maniéré
de rendre l’eau de la mer potable,
La grande quantité d’air que notre
Philofophe trouva dans le nitre, dans le
tartre , 6c dans l’eau régale, 6c la promptitude
avec laquelle cet air fe dégage 6c
reprend fon élafticité, lui firent connoître
la raifonde ladétonnationdunitre ,de la
force de la poudre à canon, 6c celle de
l’or fulminant.
L’air fe trouve donc dans toutes les
fubftances végétales, animales 6c minérales.
Il eft: néceflàire à la production 6c
à i’accroiftèment des végétaux & des animaux
: il donne de la force à leurs fluides
tandis qu’il eft dans l’état élaftique, 6c
E S.
contribue dans fon état fixe à l’union dès
leurs parties continuantes , aqueufes,.
falines , fulfureufes, 6c terreftres. Cet
air fixe le joint à l’air élaftique extérieur,
pour agir de concert dans la diflolution
& la corruption des corps 3 6c ces deux
corps n’en raifant pLusqu’un, opèrent plus,
puiflamment.
Le fuccès des expériences fur le mouvement
de la feve dans les végétaux fie:
naître l’envié à notre Philofophe de cou-*
noître celui du fang dans les animaux.
Plusieurs Savants avoient eflàyé de dé-:
terminer la force du fang dans le coeur 6c
d an s les arteres } mais il leur manquoit un:
nombre fuffifant de faits 6c d’expériences*
pour parvenir à ce but. Comme le fujet.
parut intéreflànt, Hales chercha à trouver
par des expériences convenables-
quelle eft la force du fang dans les- arteres*
crurales des animaux.
D’abord il voulut connoître avec pré-
cifion la capacité des différents tuyaux qui
donnent paflage au fang. Dans cette vue
il injeéfca une liqueur dans ces tuyaux,
en employant le poids d’une colonne de-
liqueur égal à celui de la colonne de.'
fang qui foutient l’adion du coeur dans,
l’animal vivant 3 6c ayant mefuré ainfe
exactement leurs diamètres-, il calcula-
avec juftefle les différences vîtefles de ce.
fluide dans ces tuyaux ou vaifleaux. De
ces expériences faites fur des animaux ,
il parvint par eftimation à connoître la vî-
tefle du fang dans l’homme. Cette vîteffe
eft, dans l’aorte d’un homme ordinaire ,1.
de 74 pieds 6 pouces par minute. Vo ici
le calcul de ce mouvement. . ■ *.
Par l’eftimation, il eft reconnu que
dans 7$ pulfations ou une minute, il
pafte dans l’aorte à chaque fyftole du-
coeur un cylindre de 297 poucesde long ,
ce qui donne une vîtefle de 1493 pieds
par heure 3 mais la fyftole du coeur fe
fait dans un tiers de ce temps. La vîtefle
du fang en cet inftant eft donc triple, ou«
dans la raifbn de 4479 pieds par heure ,.
c?eft-à-dire de 74 pieds 6 pouces par minute.
Cette vîtefle du fang n’eft pas cepen*
dant égale dans les différentes parties du
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«çorps à caufe de leur éloignement du
Coeur 6c des frottements. Cette liqueur
pafle avec plus de rapidité à travers le£
poumons qu’à travers les vaifleaux capillaires
, dvou l’on conclut qu’il acquiert
principalement fa chaleur par la vive agitation
qu’il y éprouve. Cette chaleur varie
félon les différents degrés de vîtefle
avec lefquels il circule, 6c fuivant auflï
les différents diamètres, 6c le relâchement
ou la renfion des vaifleaux. Ainfi
dans l’état où les vaifleaux font relâchés,
il devient plus froid, plus gluant, moins
éclatant & moins digéré 3 & réciproquement
lorfque les vaifleaux font plus
fermes 6c plus tendus, la chaleur du
fang eft plus grande.
On juge aifément de quelle utilité font
ces expériences pour la confervation du
corps Humain 3 quelles lumières elles peu*
vent répandre fur l’art de conferver la
famé. Aufli Hales en forma un livre
qu’il publia fous le titre d’Hamafiatique. Il
y rend compte des expériences qu’il a faites
fur les inîeéfcions chaudes, 6c fur les
maladies qu’elles excitent 3 fur l’effet des
liqueurs froides 6c des chaudes injeétéesj
fur celui des remedes aftringents , des
remedes ftomachiquesj fur les effets de
l ’air injeété dans les vaifleaux 3 fur la
communication des vaifleaux j 6c enfin
fur la force de l’eftomac. Ce Traité eft
terminé par des expériences fur la nature
du calcul humain, c’eft-à-dire de la pierre^
6c le but de ce travail eft de parvenir à
délivrer les hommes de cette maladie,
foit en diflolvant la pierre dans la veflie,
loir en extirpant les petites pierres fans
incifion.
Quoique cer ouvrage fût moins étendu,
6c peut-être moins original que la
Statique des Végétaux, il ne reçut pas
cependant un moindre accueil. La Société
Royale de Londres, avoir été fi fa-
tisfaite du premier, qu’elle avoit nommé
l’Auteur Membre de Ion Confeil, c’eft à-
dire qu elle l’avoit mis au nombre des
Académiciens choifis, qui font chargés
de la direction 6c des affaires de cette
Compagnie r 6c l’Univerûcé d Oxford,
four témoigner à notre PhiLoibphe fa
E S .
fatisfa&ion fur le mérite de fon Hamafla-
tique, lui envoya des Lettres cfe Docteur
fans qu’il les eût demandées 3 pré-
fent d’autant plus honorable, qu’elle nie -
corde ce titre qu’à ceux qu’elle a élevés
dans fon fein. '
En faifant des expériences fur le fang
par des injeétions, Hales avoit reconnu
l’effet que les liqueurs fpiritueufes pou-
voienc produire fur le fang & fur les vax£
•féaux qui le contiennent. Il avoit découvert
que ces liqueurs épaifliflent le fang
6c les humeurs, & conrraétenc les
vaifleaux, 6c , par ce double effet , contribuent
à k chaleur foudaine dé ces
fluides', en augmentant leur frottement
dans les vaifleaux capillaires. C ’eft ce qui
fait que les buveurs de liqueurs diftillées
ont une foif fi démefurée, qu’ils ne peuvent
fe défaltéret 3 6c l’ufage fréquent de
ces liqueurs détruit à la fin leur fanté, 6c
leur caufe k mort. Il en avoit averti ces
buveurs. Comme cet avis n’étoit pas affez
motivé pour qu’on y eût égard , il compo*
fa une diflertation contre l’ufage des l i queurs
forces , dans laquelle il fit vok
leurs funeftes effets. Cette diflertation
parut en 1734 fous ce titre : Avis amical
aux Buveurs d'eau-de-vie. Cet écrit
auroit dû dégoûter de ,1’ufage de ces liqueurs
3 mais les hommes facrifient rarement
leurs pkifirs à leurs intérêts, 6c le
travail de notre Philofophe ne fer vit qu’a
faire paroître fon bon coeur 6c fon- amour
pour l’humanité.
Ce peu de fuccès ne le découragea
point. Le même amour du bien public
qui l’avoit engagé à publier fon Avis amical
, le porta à venir au fecours des navigateurs
y qui manquent fouvent d’eau,
de viande, de grains 6c d’autres approvi *
fionnements dans les voyages de long
cours. Dans cette v u e , il chercha les
moyens de rendre l’eau de 1a mer potable,
6c de conferver ces approvifionnements.
Après avoir examiné tous les moyens
que plufieurs Savants avoient propofés
pour rendre l eau de 1a mer potable. Sc les
raifons qui empêchoient d'en faire ufage ,
H a l .s reconnut qu’il falloir d’abord la
décompofer, enfuice lui rendre fon pre