t S A L B R O V A N T t E .
ii-eft plus, afin d’éviter le blâme de l’avoir
deftervi pendant fa vie. Ainfi la pompe
fijnebre de notre Philofophe ne dément
point l’extrême indigence dans laquelle
il a fini fa carrière. Ce qu’on peut dire de
mieux, ce femble, pour excufer les Bo-
lonnois 3 c’eft ciu’Aldrovande a paru
lgrs de la renaiffance des Lettres, c’eft-
a-dire dans un temps où l’on ne connoif-
ioit point encore le prix du mérite & du
f^voir. Mais ce qui eft bien repréhenfible,
c’eft que dans ce fiecle éclairé ont ait ofé
écrire que notre Philofophe, ainfi que
plufieurs autres Naturaliftes, ne s’eft attaché
qu’à nous faire connoître les animaux
, comme il a cru quils étoient. Il eft
vrai que l’Auteur de cette critique a voulu
faire l’éloge de VHiJloire Naturelle de
M. de Buffon, & il a cru qu’il falloir, pour
cela, déprimer les ouvrages des autres.
Naturaliftes: mais bien loin d’avoir réufli
dans fon projet, il me femble qu’il n’a
point approuvé M. de Buffon autant qu’il
Veut le faire croire. » Dans M. de Buffbn.j
dit-il, »» on voit un obfervateur attentif,,
» q u i, après.avoir été à la recherche des
» merveilles de la Nature, fait, en habile
** Ecrivain, nous les repréfenter fousles
» images les plus riantes & les plus agréa-
v blés ; qualités rares fur-tout dans un
m Naturalifte, lorfq.ue le plus granc|
» nombre de Tes Confrères ne s’eftatta-^
» ché qu’à décrire fidellement les àni~
» maux , fans beaucoup s’inquiéter des-
» aménités du ftyle (i) ». L ’Auteur n’a-
pas fans doute fait attention que la plus
grande louange qu’on puifle donner à un.
Zoologifte, c’eft de reconnoître qu’il a
décrit fidellement les animaux, 8c que les
images riantes 8c les aménités du Jlylc ne
valent peut être pas une description
exaéte 8c fidelie...
Ç ’a été fur-tout le mérite de notre Phi-*
lofophe, que de décrire avec exactitude jp
& c’eft ce qui lui a mérité les éloges de
toutes lesperfonnes.éclairées. Le PapeïTr-
hain V I I I a fait à fon honneur ces vers,
ingénieux , par lefquels je terminerai
Thiftoire de fa vie :
Multipliées rerum formas, quas pontus 8è
æther
Exhibet, & quidquid promit & abdit humus^
Mens haurit, fpeâant oculi,dum cunâa fagacü,
Aldrovande , tuus digerit arte liber.
Miraturpropriosfolers induftria foetus,
Quamque tulit moli fc negat elfe parem.
Obftupet ipfa fimul terum foecunda creatri*^
Et cupit efle fuum quod videt artis opus.
4tl ) Dictionnaire des animaux, tome III, page 63$.