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formé qu’un feul corps. Car l’antimoine
eft compofé de foufre, d’un métal imparfait
6c d’arfenic. Sa partie métallique
cil formée d’une efpèce de terre qui peut
fe changer en verre , 6c d’une matière
combuftible à laquelle l’arfenic s’attache.
Il en eft des pierres comme des métaux.
Elles font formées par un mélange
de parties de terre auxquelles s’attache
line matière gluante qui tient ces parties
liées entr’elles. Il y en a plufieurs où l’on
trouve des parties métalliques, demi-
métalliques , 6c autres avec lefquelles
ces pierres fe font formées, 6c n’ont fait
qu’une même ma fie. Cela paroît clairement
dans tous les marbres qui ont des
veines, 6c dans toutes les pierres vei-
neufes.
Plulieurs pierres, d’entre les pierres
précieufes, empruntent leurs couleurs
des métaux qui fe font mêlés avec les
parties pierreufes. Le verd 6c le bleu font
produits par le fer & le cuivre. L’argent 6c le plomb communiquent une couleur
jaune aux pierreries & au verre.
On trouve encore dans les pierres du
cryftal de roche, qui renferme dansfon
fein quelque matière fluide qui n’a pas
encore eu le temps de fe cailler 6c de fe
changer en un corps dur.
Les végétaux font aufii compofés de
diverfes fortes de corps. Ils contiennent
des efprits fubtils 6c odoriférans, de
l ’eau, du vinaigre, des-gommes, des
réfines, diverfes fortes d’huiles, diverfes
efpèces de fels, comme du tartre, du fel
volatil acide, du fel volatil alkali, du fel
fixe alkali, de la terre, 6c même des
métaux.
Les huiles font aufii compofées d’ef-
prits volatils, d’eau, de fel & de terre.
Le brandevin eft compofé d’un efprit
fubtil, d’eau, d’un liquide acide qui a
beaucoup de rapport avec le vinaigre , 6c d’une huile grofïière qui fent mauvais.
Le vinaigre eft compofé d’eau,
d’efprit acide, d’huile 6c de fel.
On trouve aufii que les animaux font
compofés d’efprits lubtils & volatils ,
d’huiles fubtiles 6c épaiffes, 6c enfin de
terre.
N B RO E K.
En lin mot, c’eft toujours des mélangés
dans tous les corps. Ainfi, pour connoître
les corps, il faut faire attention à leurs
différens mélanges 6c aux différens ordres
des plus petites parties , qui forment
par leur union les plus grands
corps.
Tous les corps ont des pores , c’eft-à-
dire du vuide entr’eux. On appelle vuidc
l’efpace compris entre des corps ou des
parties des corps. Et pour définir le
vuide d’une manière générale, c’eft toute
cette étendue de l’univers dans laquelle
les corps fe meuvent. Mais le vuide eft-
ii un être, ou n’eft-il rien? Ceci eft une
queftion purement fcholaftique , à laquelle
les Phyficiens ne cherchent point
de réponfe.
On diftingue le lieu que les corps occupent,
en lieu abfolu 6c en lieu relatif.
Le lieu abfolu eft une partie de l’efpace.
de l’univers , qui eft remplie par les
corps. Le lieu relatif eft une certaine
fituation où un corps fe trouve par rapport
à d’autres corps.
Le temps n’eft pas une chofe réelle , ou
. qui fubfifte par elle-même. Ce n’eft que
l’idée d’un certain ordre de chofes qui
fe fuivent continuellement l’une l ’autre
comme dans une file, 6c fans aucune in-
termiftion. Il y a deux fortes de temps,
le temps véritable 6c le temps relatif Le
premier eft un concours continuel 6c uniforme
de la durée ou de Pexiftence fuc-
ceflive des chofes. On ne connoît point
de moyen pour mefurer le temps véritable
: mais on détermine fort bien le
temps relatif, à l’aide du mouvement
de certains corps. C ’eft ainfi que nous
mefurons la durée d’un jour par le mouvement
circulaire de la terre autour de
fon axe.
C ’eft par le moyen du temps qu’on
détermine les mouvemens des corps, je
veux dire le mouvement abfolu , le mouvement
relatif commun , 6c le mouvement
relatif propre.
Le mouvement abfolu eft la fuite continuelle
de l’exiftence d’un corps dans diverfes
parties de l’efpace immobile de
l’univers* Le mouvement relatif commun
MU S C H E
eft le mouvement d’un corps qui eft emporté
avec d’autres, 6c qui refte en repos
à leur égard. Et le mouvement relatif propre
eft l’application fucceflive d’un corps
à diverfes parties de tous ceux qui l’environnent.
Lorfqu’un corps demeure dans la même
partie de l’efpace de l’univers, on dit
qu’il eft dans un repos abfolu. Quand on
confidère fon repos à l’égard des corps
qui l’environnent, on appelle ce repos
repos relatif.
Un corps qui eft en repos, ne fe meut
jamais de lui-même. Un corps qui eft
mis en mouvement * eft tranfporte d’une
partie de l’efpace dans une autre partie
qui fuit immédiatement. Cette caufe du
mouvement d’un corps eft ce qu’on appelle
force. Elle pafled’un corps dans un
autre , 6c pénètre dans les grands corps ,
en s’infinuant des parties externes nif-
ques dans les internes, non par les pores
mais à travers les parties folides même.
Elle s’introduit jufques dans la fubftance
du corps jufqu’au dedans même de chaque
particule indivifible ; 6c qui plus eft,
elle parvient jufqu’aux diverfes grandeurs
, félon la différence des vîteffes
des corps qui font en mouvement.
Unepuijfance qui comprime, eft la force
d’un corps qui agit continuellement fur
un autre, faifant effort pour le faire
fortir de fa 7,'ace, ou le mettant effectivement
en mouvement. II y a diverfes
fortes de puiffances de cette nature.
Quelques-unes reftent en repos avec le
corps même. D’autres fe meuvent avec
le corps fur lequel elles agiffent, mais
cependant de telle manière qu’elles ne
font pas en mouvement à l’égard de ce
corps.
Les puiffances qui preffent & qui reftent
en repos, font : i°. Les hommes 6c
les animaux, qui pouffent avec leurs
corps d’autres corps qu’ils s’efforcent de
mettre en mouvement. i°. La pefanteur
du corps, qui a une propriété particulière
à tous les corps, 6c qui agit perpétuellement
fur le corps qui lui eft inférieur.
3°. La force élaftique, qui eft dans un
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reffort bandé & courbé entre deux corps 6c qui comprime par conféquent les deux
corps qui réfiftent à fon a&ion. 40. Enfin
la force attraâive, qui preffe deux corps
l’un contre l’autre, de la même manière
que s’ils étoient comprimés l’un contre
l’autre par une force extérieure.
J ai dit ci-devant en quoi confifte la
force des hommes 6c des animaux.
(Voyez l’Hiftoire de Privât de Molieres. )
Celle de la pefanteur n’eft point fi connue.
On appelle pefanteur une certaine
force par laquelle les corps terreftres
tendent à fe mouvoir en ligne droite vers
l’horifon. Elle agit également fur l’intérieur
des corps, 6c elle eft proportionnelle
à la quantité de matière du corps ,
& non à la grandeur de la furface. D ’où
il fuit qu’elle n’agit pas méchaniquement;
car fi elle dependoit de la compreftion
de quelque liquide, il faudroit que la
compreffion fut en raifon de la furface
des corps, 6c non en raifon de leur matière.
La troifieme puiffance qui comprime
le^corps, eft 1 elafliciïè. C’eft la propriété
qu a tout corps flexible , qui change de
figure par la moindre preftion, mais qui
fe rétablit lui-meme par fa propre force
dans 1 état ou il etoit auparavant, dès
qu il n eft plus preffé par la caufe qui
changeoit fa figure. Il y a peu de corps
qui ne foient elaftiques. Tels font, i° .
Prefque tous les métaux, les demi-métaux
, les pierres précieufes, les pierres
communes, 6c la plupart des corps qu’on
tire du fein de la terre. 20. Toutes les
parties folides des corps des animaux,
comme toutes les membranes, les in-
teftins, les mufcles, les tendons, les
o s , les cornes, les ongles 6c les cheveux.
30. Les parties folides 6c sèches
des plantes.
L ’élafticité de tous ces corps, foit
celle des animaux, des fofliles ou des
végétaux, refte encore la même, 6c fans
aucun changement à l’air comme dans
le vuide, pourvu qu’on ait foin que ces
corps ne deviennent ni humides, ni fecs ,
ni froids, ni chauds. Mais plus les corps