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dée que fut des conje&ures & des
hypothèfes. Il eft vrai qu’on a expliqué
par là plufieurs phénom ènes,
fit qu’on a facilité les. moyens de
connoître la conftruûion de notre
globe. Ce n’eft qu’en faifant de nouvelles
obfervations, qu’on peut réduire
la Cofmologie en véritable
corps de fcience. Encore je ne fais
point fi on y parviendra jamais. Car
comment pénétrer jufqu’au centre
de la terre ? Comment fonder la profondeur
des mers & des abymes ? Ce
fera cependant toujours une belle
chofe de le ten ter, & de chercher
à voir l’intérieur de la terre avec les
yeux de l’efprit.
Les grandes entreprifes élèvent
l’ame. Il eft beau de vouloir connoître
le méchanifme de l’Univers,
& de travailler à dévoiler l’énigme
de la nature. Il femble que par ce
travail l’homme perfectionne fon
être , êc qu’il s’approche de la Divinité.
Si l’amour-propre eft le m obile
de prefque toutes nos actions,
qui eft-ce qui doit le flatter davan-
U R S, &c.
tage que la connoiflânce des fecrets
de Dieu ? Cela peut produire l’orgueil
; mais ce fentiment ne jettera
jamais de profondes racines dans le
cerveau d’un homme qui eft en état
de fentir le prix de cette connoif-
fance. C ’eft l’apanage de ceux qu’on
nomme Grands,qui fe fontune grandeur
artificielle, fe bourfoufflent, fe
cajolent, & rempliflfent de vent une
tête qui feroit autrement vuide. Il
faut à l’efprit de l’homme une pâtu
re, un aliment. Lesgens bornés fe
nourilfent de mets légers & frivoles,
au lieu que les perfonnes bien orga-
nifées ont befoin d’une nourriture
forte & folide. Ceux-là croient que
tous ces riens qui les occupent, que
leur fupériorité faélice, que leurs fo-
tifes même font des chofes réelles.
Celles-ci au contraire craignent que
les chofes véritables ne foient encore
des illufions. Voilà la différence
du fot & de l’homme d’efprit,
de l’ignorant & du favant, de l’in-
fenfé & du fage.
xix
E X P L I C A T I O N
DU F R O N T I S P I C E
ET DES ALLÉGORIE S .
Frontifpice.
LA Science repréfentée par une Femme
ayant des ailes à la tête, un miroir
, un globe & un triangle à Tes pieds,
qui font fes attributs , examine avec
attention une carte célefte & une carte
terreftre. Devant elle font des inftrumens
de Chymie, & elle eft entourée d’animaux
, de plantes, de métaux ; ce qui
forme les trois règnes animal, végétal
& minéral, qui font les objets de la Chy-
mié. Le ciel & la terre, d’oii fortent des
flammes, comme fi ce globe éprouvoit
a&uellement une révolution, forment le
fond du tableau.
La Science eft ainfi occupée à perfectionner
la Chymie, & à rechercher la
caufe de la conftru&ion du monde.
Allégories»
Lefevre. Ce Chymifte a vérifié par
l ’expérience toutes les compofitions chy-
miques, tous les fecrets qu’on avoit découverts
par le fecours de cet art, & les
a mis en ordre. Aufîi a-t-on cara&érifé
fon travail en repréfentant un laboratoire
de Chymie, oii l’on voit fon génie occupé
à faire des expériences.
Kunckel. On doit à ce Chymifte plufieurs
nouvelles opérations fur l’art de
la Verrerie; un nouveauphofphore brûlant;
une manière de mouler des figures
en bois ; une petite curiofité chymi-
que, qui confifte à marbrer un globe de
verre de différentes couleurs, & un procédé
ingénieux pour faire une plante de
métal. Ce font ces découvertes & ces
inventions qui forment fon allégorie,
Au milieu d’une Verrerie paroît un
Génie qui foufïle dans un tuyau pour
faire une bouteille. On voit dans cette
Verrerie des buftes moulés en bois; une
phiole quarrée d’oû fort une flamme
produite par le phofphore qu’elle contient
; un globe de verre marbré, & une
plante de métal qui eft appuyée contre
le piédeftal du bufte.
Homberg. Un Génie aflis & appuyé
fur une table, médite fur les découvertes
qu’il a faites en Chymie, Ces découvertes
font une pierre qu’il a rendu lumineufe,
appeilée Pierre de Boulogne ; un nouveau
phofphore, & une végétation métallique
ou arbre de Diane. Tout cela eft devant
lui placé fur la même table. Au-deflus ,
fur une tablette, eft un miroir ardent,
au foyer duquel on a expofé de l’or qui
fume. Ce Génie eft celui de Homberg, qui
s’eft principalement rendu célèbre par
ces découvertes, & par des expériences
très-curieufes faites avec le miroir ardent.
Woodward. Cibelie ou la Déefle de la
terre, examine les changemens qui font
arrivés à ce globe; Ces changemens font
tracés fur une eftampe qui fort d’un livre
qu’un Génie lui tient ouvert. Le fond
du tableau repréfente un bouleverfement
général de la terre: les vents, la pluie,
les orages, les flammes qui fortent des
volcans, l’entourent de toutes parts ; elle
eft dans un état de crife ou de diflolution.
Et tel eft le type du fyftême ou du travail
de Woodward»