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occupent un efpace plus grand ou plus
p e t i t , fuivant q u ’ils font comprimés a v e c
moins ou a v e c plus de fo r c e : on le s '
n omme élafliques, & l e principal de tous
e f t l ’air qui environne notre terre. C ’eft
un fluide p e fan t, é la f tiq u e , & par con-
féquent capable de compreflion & de
dilatation.
L ’e xp ér ien ce apprend q u e les efpaces
occupé s par l’air font en raiion des forces
qui les compriment. C ’e fl une fuite de
fon élafticité. L ’air n’eft pas le feul fluide
élaftique. Il en eft beaucoup d’autres qui
ont cette p ro p r ié té , qui fe détachent de
la plupart des corps par la fermentation,
l ’effe rve fcence , la putréfaction & la com-
bu ftio n de plufieurs corps ; mais tous
ces fluides font ordinairement compris
fous le nom d’a i r , à l’exception de la
v ap e u r qui s’ exhale de l’ eau bouillante ,
laq u e lle eft douée en core d’ une grande
fo r c e élaftique.
O n détermine le poids de l ’air comme
ce lu i des autres c o rp s , & on compare
fa denfité a v e c la leur. Si on pèfe un
v a ifle au plein d ’a i r , & fi après que l’ air
en a été tiré on le pèfe en c o re , la différen
c e des poids exprimera le poids de
l’air.
L o r fq u e l’ air fe meut par o n d e s , il
produ it le fon : ainfi l’air eft le v éh icule
du Ion. C ’eft c e que démontrent plufieurs
expériences. L a v îte fle du fon eft
la même que ce lle des ondes qui frapp
en t l’o reille. C e tte v îte fle eft u n iforme :
cependant par l’ efpace qu e le fon parco
u r t , elle peut fe trou v e r a c cé lé ré e ou
retardée par la différence des forces ré-
pu lfives des particules de l’air en diffé-
rens lieux. La v îte fle du fon v a r ie enco
r e , fuivant que le v en t qui fouffle porte
d e même cô té que le f o n , ou v e r s un
cô té direftement oppofé. Au fîî entend-
on le fon à une plus grande ou moindre
d iftan c e , fuivant la direction du v ent.
U n e autre différence entre les fons
v ien t du nombre des vibrations que
fon t les fibres du co rps fo n o r e , c’eft-à-
dire du nombre des ondes formées en
l’air dans un certain temps ; car la fen-
fation e x c ité e dans l’ame e ft d ifféren te,
fuivant le différent nombre de pefCumons
dans l’oreille.
C ’eft du nombre des v ib ra tion s q u e
dépend le ton m u fic a l, qui eft plus aigu
à proportion que les particules d’air v o n t
&c reviennent plus f réq u em m en t , & qui
eft plus g ra v e à proportion que le n omb
re des ondes eft plus petit. L e s tons
font plus ou moins aigus en tr’eu x à p ro portion
du nombre des ondes qui font
en l’air dans le même temps. L e ton ne
dépend pas de l ’intenfité du fon , & une
co rd e ag itée rend le même fon , foit
qu’elle pa rcoure un plus grand ou un
moindre efpace.
L e s confonnances naiffent de l’ac cord
qu’ il y a entre les divers mouvemens q ui
fe font en l’ a i r , & qui affeftent dans le
même temps le n e r f acouftique.
S i les corps agités d’un mouvement
de tremblement font leurs vibrations en
temps é g a u x , il n’y a aucune différence
de tons ; cette confonnance , qui eft
la plus parfaite de tou te s , fe nomme
uniffon. Si les vibrations font comme un
è d e u x , la confonnance fe nomme oc•
tave ou diapafon. Si le s vib rations font
comme d eux à t ro is , cette confonnance
fe nomme quinte ou..diapente. E t les v ibrations
qui font comme trois à q u a tre ,
donnent une confonnance qu’on appelle
quarte ou diateffaron.
L a r é f le x io n augmente le fon dans un
t u b e , comme il p aroît par les trompettes
parlantes. L a figure la plus parfaite qu’on
puifle donner à ces trompettes , eft c e lle
q ui eft formé e par la c ircon vo lu tion
d’une pa rabole autour d’une ligne parallèle
à fon a x e , & éloignée de cet a x e
d’ un quart de pouce.
L e feu eft le fécond fluide qu’ on dif-
tingue des autres dont j’ai e x p o fé c i -
devant les lo ix . C ’eft un é lém en t , o u ,
pou r mieux p a r le r , un corps dont la
nature nous eft inconnue. Ses propriétés
font d’être fans pe fan teu r , de pénétrer
tous les corps de que lqu e denfité ou de
que lqu e dureté qu’ ils puiffent ê t r e , de
s ’attacher au x c o rp s , & d ’être fufeep-
tible d’un mou vement trè s-rapid e. Il n’y
a aucun co rps q ui ne contienne du feu .
Le
’S G RA VE SAN D E. ioy
L e feu produit la ch aleur & la lumiè
re. Il y a des co rps chauds q ui ne
font pas lumineux ; mais plufieurs corps
dès que la chaleur au gm en te, le deviennent.
O n o b fe rv e dans le feu trois fortes
de mouvemens. L e feu fe meut jufqu’à
c e q u ’il y ait équ ilib re entre les a v io n s
des corps v o ifin s , c’eft-à-dire jufqu’à c e
qu e les degrés de ch aleu r foient égaux.
Qu and un corps chaud eft appliqué à un
autre corps moins ch au d , le premier de
ces co rps communique de la chaleur au
fé c o n d , & en perd lui-même. Quand un
co rps eft déjà ch a u d , le feu y entre a v e c
plus de facilité. Enfin les corps qui s’é chauffent
plus d ifficilemen t, confc rvent
aufli plus long-temps leu r chaleur. D ’o ii
i l fuit q u ’un corps peut garder lo n g tem p s
fa ch a le u r , s’il e ft en v eloppé de quelque
au tre corps .
Qu an d le m ouvement du feu eft augmenté
à un certain p o in t , fon effet eft de
co n v e r t ir un corps folide en un corps fluid
e , & de changer un fluide en un fluide
élaftique. L ’a â io n du feu agite fi v io lem ment
entr’elles les parties du corps fur
leq u e l il a g i t , qu’elles bouillent ; & pou r
ce la l’a& ion du feu eft d ’autant plus p e t
i t e , que le fluide eft moins comprimé.
L e feu lance à la ronde de petits cor-
p u fc u le s , qu’on dit être la lumière ; c’eft:
une c o n je& u re , car la nature de la lumiè
re e ft inconnue. O n ne connoît que
fon mouvement &: fes effets. O r là-defliis
v o ic i ce q u ’on fait.
i° . L e mou vement de la lumière fe
fait en ligne droite.
i°. Le s ra y on s de lumière font p oufles
v e r s les co rps a v e c une certaine f o r c e ,
& font même attirés par les co rps ; ôc
ce tte attraction e ft t rè s -g ra n d e dans le
poin t de contaCt.
3 ° . L o r fq u ’un ra y on de lumière pafle
d ’un milieu dans un autre milieu différent
(A ) , elle fe détourne de la ligne
dro ite : c’eft c e qu’on nomme réfraction.
L a caufe de c e changement de direction
eft que les ra y on s font attirés davantage
par un milieu plus denfe que par un
milieu plus rare.
4 ° . Qu an d la lumière t ra v e r fe diffé-
rens milieux terminés par des plans p a rallèles
, la direction dans le dernier milieu
eft la même que fi la lumière a v o it
pa fle immédiatement du premier milieu
dans le dernier.
5°. Si des rayons parallèles paflent d’un
milieu quelconque dans un autre milieu
d’une denfité différente, ils feront parallèles
après la réfraCtion.
6 ’ . O n appelle rayons de différente réfrangibilité
, les ra y on s qui n’ éprou vent
pas la même réfraCtion. C e font ces différentes
réfrangibilités q ui forment les
couleurs.
Le s couleurs dépendent de tro is cho-
fes : des ra y on s de lumière tels q u ’ils
nous viennent du f o l e i l , de la réfleCtion
de ces ra y on s pa r les c o r p s , & de la
fuperficie des corps différemment c o lo rés.
C e font comme les tro is principes
d e la théorie des couleurs qui eft d é v e lop
p ée dans l ’H ifto ire de Ne-wton. C a r
c’eft ce tte th éo r ie que fuit ’S g r a v e-
S A n d e ; de même q u e pou r c e lle du
mou vement des corps c é le fte s , il adopte
la doCtrine de c e même Ph ilo fop h e.
V o y e z fur ces d eux articles fon Hiftoire
dans le T om e IV de cette H ifto ire des
P hilofop hes modernes.
W On appelle milita tout ce cjuc la lumière peut traverfer en ligne droite.