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 autres  animaux y  font  portés  par l’attrait  
 du  plaifir :  fans doute que  c’elt  en fécondant  
 les oeufs que  le  poiflon mâle  trouve  
 une  jouiflance  \  mais  il  refte à expliquer  
 comment  cela peut avoir lieu. Au refte le  
 mâle n’en  féconde  qu’une  petite partie ;  
 car fi  tous les  oeufs des femelles venoient  
 à éclore,  l’univers  entier  ne  feroit  pas  
 aflez  vafte  pour les contenir. On  remarque  
 encore  que  les  plus grands  poiflons  
 naiflent  dans  les  mers  du  Nord,  où  le  
 froid  eft  exceflif,  au  lieu  que  les  plus  
 grands  animaux  terreftres, comme  l’éléphant  
 ,  n’habitent  que  les  pays  chauds.  
 Quels  fujets de réflexion,  de  recherches  8c  d’eXamen  pour les  Phyficiens  natura-  
 liftes! 
 Le fuccès qu’eut ce Traité des poiffons,  
 engagea  notre Philofophe â  publier  une  
 Hifloire  de  la  nature  des  oifeaux j   avec  
 leurs defcriptions & naïfs portraits t irés du  
 naturel3  écrite  en fept  Livres.  On  peut  
 dire  que  c’eft  fon ouvrage  de  prédilection, 
   celui  qu’il  a  travaillé  avec plus  de  
 foin. Belon  traite  fonfujet en grand :  il  
 range toutes  les  fortes d'oifeaux  fous fix  
 clafles. 
 Dans  la première  il met  tous  les  oifeaux  
 qui  vivent  de rapine  : de ce  nombre  
 font  les  différentes  efpeces  d’aigles,  
 le  vautour,  le gerfaut,  l’autour > le  faucon  
 , l’épervier,  l’émouchet, l’émérillon,  
 le milan, &c. 8c tous les oifeaux de nuit,  
 comme le coucou, le hibou, le chat-huant,  
 le phénix, 8cc. 
 La  fécondé clafle renferme  les oifeaux  
 aquatiques  ,  comme  le  cygne,  les  oies  
 privées,  le  canard,  la  cercelle,  la  ma»  
 creufe ,  le pélican , &c. Notre Philofophe  
 range dans  la  troifieme  clafle  les oifeaux  
 qui fréquentent les bords des étangs ,  des  
 lacs ,  des marais  8c  des rivières,  comme  
 la grue ,  le héron ,  le  butor,  la cicogne ,  
 l ’ibis, &c.  dans la quatrième , les oifeaux  
 qui  nichent  fur  terre ,  tant dans  les  bois  
 que  dans  les campagnes, comme l’autruche  
 ,  l ’outarde ,  les  différentes fortes  de  
 perdrix, le pluvier, labécaffe, les poules  
 d’Inde,  les  poules privées,  le  paon,  la  
 caille,  lefaifand, &c.  dans la cinquième, 
 les oifeaux  qui  n’ont  point  d’habitatlol^  
 fixe,& qui fréquentent indifféremment les}  
 bois de haute futaie &  les taillis ; tek fonç  
 les corbeaux, les corneilles, les chouettes*  
 le  merle,  le  perroquet,  le  paifTe  foli-  
 taire, &c. 
 Enfin  dans  la  fixieme  clafle,  B elonf  
 comprend les oifeaux qui fe nichent dans  
 les  haies 8c les buifTons, comme les moineaux  
 , le bec-figue,  le  bruant,  le  pin-:  
 fon, le rouge-gorge, le roffignol, le  chardonneret  
 ,  le  ferin ,  le roitelet, le  colibri  
 , 8cc. 
 L’aigle eft le  plus  grand 8c le plus fore  
 des  oifeaux  de  proie  :  il  pefe  environ»  
 douze  livres;  fes ailes  ont  environ fepe  
 pieds  d’envergure;  fon bec eft  extrêmement  
 fort  8c  recourbé à l’extrémité,  8c  
 fes  ferres  ont une  force  extraordinaire 5  
 fon  plumage  eft de  couleur  de  châtain  
 brun  mêlé  de  roux  8c  de blanc  :  il  a la  
 vue  fi perçante, que s’étant élevé en l’aie  
 à  perte  de vue,  il  apperçoit  un  levraut  
 caché  fous un buiflon,  ou un  petit poifr  
 fon  qui nage fous les eaux. 
 Cet Animal  vit fans boire  :  le  fang des  
 animauxqu’il mange , fournit affez d’humidité  
 pour  la  digeftion : il eft  fi  lafcif,  
 qu’il coche  fa  femelle  jufqu’à  vingt  fois  
 par  jour : il eft extrêmement gourmand 8C  
 prefque infatiable. 
 Il  y  a  plufieurs fortes d’aigles ï la plus  
 belle  eft  l’aigle royale.  Belon  nous apprend  
 qu’elle  fait ordinairement fon nid  
 dda’unnse q huaeulqteu em rooncthaeg neef,e arpée, au fommec  8c quelquefois fut  
 des  arbres  ,  lorfqu’ils  font  fort  hauts*  
 Il  ajoute  que lorfqu’on  retire les petits  
 de leur nid ,  8c  qu’on les lie à quelque  
 arbre  vis  à-vis , iis appellent leur mere,  
 qui, charmée de les avoir retrouvés, leur  
 apporte tant â manger, qu’on trouve tous  
 les  jours  autour aflez dé gibier, comme  
 lievres, lapins, oies, &c. pour nourrir fix  
 ou fept perfonnes. 
 Les autres oifeaux compris dans la première  
 clafle  ne  préfentent  rien  d’aflez  
 remarquable pour nous y arrêter.  Je  ferai  
 connoître  feulement le phénix  ,  oifeau  
 qu’on  croit  fabuleux , &  dont cependant 
 B E L 
 hotre Philofophe  donne  la  defeription  
 Suivante. 
 Il  eft  plus  grand qu’un  aigle :  les plumes  
 de fon corps font de couleur de pourpre  
 ,  8c  celles  qui  font autour de  fon col  
 font dorées : fa tête eft couverte de belles  
 plumes, qui forment une efpece  de  crête:  
 fa queue  eft  blanche,,  mêlée  de couleur  
 incarnate,  &  fes  yeux  font  étincelants  
 comme les  étoiles.  Voilà  fans  doute  un  
 très bel oifeau : mais.exifte-t-il? Les Chinois  
 prétendent  qu’il  y  en  a  dans  leur  
 pays  ;  cependant  ils n’en ont  jamais  vu  
 qu’un , 8c encore le voient-ils  fort  rarement. 
 ..  Parmi les oifeaux de la  fécondé clafle,  
 le pélican  eft le plus curieux.  11 eft de  la 
 frofleur d’une oie  : fon bec, qui eft cour-  
 é  ,  a neufou dix pouces de long. Toute  
 fa face eft d’un bleu obfcur, fes ailes  font  
 bleuâtres ,  fa queue eft noire,  8c  tout le  
 refte de fon plumage eft blanc ; fes jambes  
 font noires  & fort longues. Le cri de  cet  
 ©ifeau  imite  le mugillement  du taureau.  
 On dit qu’il fe perce  le  flanc avec  le bec,  
 pour nourrir fes petits de fon  fang ; mais  
 ’eft  là  une  opinion  populaire  que  les  
 Naturaliftes  n’adoptent  pas.  Ce  qu’ils  
 nous  apprennent,  c’eft  que  cet  animai  
 Vole  fi haut,  qu’il ne paroît pas plus gros  
 qu’une  hirondelle.  11  eft  très  fo r t,  8c  
 y it jufqu’à Bo ans. 
 ■  L’ibis  eft  un oifeau d’Egypte , que  les  
 Egyptiens  ont  mis  au  nombre  de  leurs  
 Dieux,  8c  qu’ils  embaumoient  après fa  
 mort,  pareequ’il  fait  la  guerre aux fer-  
 pents dont il fe  nourrit. C ’eft une efpece  
 de  cicogne.  Son  plumage  eft d’un blanc  
 fale, 8c un peu roufleâtre prefque par tout  
 le corps, 8c le bas de  fes jambes eft rouge  8c écailleux.  Cet  animal  ne boit jamais  
 d’eau  trouble.  On prétend que  c’eft a lui  
 que  nous  devons  l’invention  des  lavements  
 ,  pareequ’il  fe  feringue  avec  fou  
 bec lorfqu’ila befoin de ce remede ;  mais  
 c’eft une fimple prétention qui n’eft point  
 conftatée. L’ibis eft l’oifeaule plus remarquable  
 de la troifieme dafle. 
 .  Dans  la  quatrième,  c’eft  l’autruche  
 qui  tient  le  premier  rang.  C ’eft  le  plus  
 grand  de tous  les. oifeaux.  Aulli  un Na - 
 0  N.  23 
 turalifte  de nos  jours  (M.  Klein)  le met  
 dans  la  première  clafle.  Elle  eft  montée  
 fur des  jambes  fort  hautes : elle  a  le  
 col extrêmement long, 8c la tête très petite  
 ;  fa hauteur  eft de  7  à B  pieds  ;  elle  
 eft prefque  égale  à  celle  d’un homme à  
 cheval. Cet oifeau n’a que  deux  doigts à  
 chaque  patte :  fes ailes  font fort petites :  
 elles ne lui fervent point pour voler; mais  
 elles  l’aident  dans  fa  courfe  lorfqu’elle  
 a  le vent favorable. 
 L’autruche eft fi vorace, quelle a befoin  
 d’avaler  quelque  chofe  de  dur  qui  lui  
 ferve à broyer fa nourriture : aufli avale  t-  
 elle du fer 8c du cuivre, qu’elle ne digéré  
 pourtant pas :  elle le rend comme elle l’a  
 pris.  L’autruche  femelle  fait fon nid  en  
 terre, 8c il n’y  a point d’oifeau qui ponde  
 tant d’oeufs quelle. Ces oeufs font fi gros,  
 qu’ils  pourraient  contenir  une  pinte  de  
 liqueur ;  8c  leur coque  eft fi  dure, qu’on  
 peut  s’en  fervir  pour  faire  des  vaifleaux  
 à boire. Cet oifeau vit dans les campagnes  
 d’Afrique.Qnandon le chafle, en fuyant il  
 jette avec les pieds des pierres contre ce ux  
 qui  le  pourfuivent.  Cet animal eft ftupi*  
 d e , 8c cela  vient  de  ce  qu’ayant  la  tête  
 extrêmement  petite, à proportion de fon  
 corps,  il  n’a  prefque point de cervelle. 
 Les  oifeaux de la cinquième clafle fonç  
 fort  communs,  8c  par  cela  même  aflez  
 connus.  A  l’égard de ceux de  ia fixieme ,   
 on  doit  diftinguer  le  colibri, qui  eft  le  
 plus  petit  de  toifc  les  oifeaux.  C ’eft  ut*?  
 petit miracle  de  la  nature  pour  fa  peti-  
 tefle  ,  fa  beauté  8c  fa  bonne  odeur.  It  
 n’eft pas plus gros qu’une grofle mouche,.  8c fon  plumage  eft  fi  beau que  fon  bec,,  
 fon col 8c  fes ailes  repréfentent  les couleurs  
 de  l’arc  en  ciel.  Son  col  eft  d’un  
 rouge très vif. Le ventre 8c  le deflous de#  
 ailes  font  jaunes,  fes  cuilFes  vertes ,  8C  
 fes pieds-noirs.  Le colibri mâle a une pe--  
 tite huppe fur la tête,qui raflemble toute#  
 les  couleurs  qui fe trouvent dans le refte?  
 du  corps.  Cer  oifeau  fent  l’ambre  &  le;  
 mufe.  Il eft naturellement v if 8c plein  de-  
 feu.  Il  ne  vit  que  de  rafée  qu’il  leche,.  
 pour  ainfi  dire, de deflus  les  fleurs-vautour  
 defquelles  il  voltige  comme un papillon. 
  Quand il voie, il- bourdonne com--