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les 8c d’infeftes, qu’il avoir au(11 de Aînés.
C’étoit une colleûion précieufe dont
il fe propofoit de gratifier le public. Comme
il fongeoit à cela, un Curieux lui fît
quelques queftions fur le crocodile, 8c
fur quelques autres animaux.
Le P. P l u m i e r avoit remarqué plu-
fieurs particularités fur la nature du crocodile
» qui étoient échappées aux Zoo-
logiftes.TJn Curieux rinvita à les publier,
& notre Philofophe fe rendit à cette invitation.
Son écrit parut au mois de Janvier
1704 dans les Mémoires de Trévoux ,
avec ce titre : Rép onf du P. P l u m i e r à
diverses queflions d’un. Curieux fur le crocodile
, fur le colibri, & fur la tortue.
Lapremiere particularité confidérable que
ceNaturaliftearemarquéefurlecocrodile,
c’eft que cet amphibie a une efpece de
fternum fitué tout, le long du milieu de
l’abdomen, à l’endroit qu’on appelle la
ligne blanche dans 1 homme. C’eft.un-os
p la t, large prefque comme Le. doigt. A
chaque côté de ce fternum il y afix côtes
offeufes, minces, 8c compofées chacune
de trois pièces. C et animal eft le feul qui
a un femblable abdomen, & on n’en fait
point la raifon*
La fécondé particularité eft que le crocodile
avale des cailloux & des pierres à
fufil, qu’il digéré fort bien. Le P . P l u m
i e r a toujours. trouvé dans l’eftomac
des crocodiles qu’iLa pris., plufieurs cailloux
, dont les uns étoient entiers-, & les
autres moitié calcinés, &. d’autres.enfin
entièrement digérés, c’eft-à-dire réduits
en argille dans les inteftins.
A l’égard du colibri, voici ce que nous
apprend notre Philofophe. ! Ce petit oi-
feau (dont j’ai donné la defcription,
page 73 ) n’a aucune mélodie dans-Je
chant, c’eft une maniéré de grincement
fort aigu. Il, voltige continuellement
d’une fleur à l’autre, mais avec tant de vî-
tefle, qu’on a de la peine à l’appercevoiï.
Le P . P l u m i e r diftingue deux efpeces
de. colibri : la plus petite, efpece.a la langue
Ample | 8c la langue de. l’autre eft
double«
Tandisque.ee Nàturaüfte puifoitdans
I E R.
fes. manuferits la folution des queftioni
qu’on lui faifoit de temps en temps fut
1 Hiftoire Naturelle, M. F a g o n premier
Médecin de la feue R eine, fongeoit à
profiter de fes lumières , pour éclaircir
quelques points de cette Hiftoire. 11 y en
avoit un entre autres qui intérefloit fin-
guliérement les hommes, c’étoit de con*
noîrre parfaitement les propriétés du;
quinquina :. il falloit pour cela aller au
Pérou. Comme il cherchoit une occafioa
de lui faire faire ce voyage, le Marquis
deZuj/îiojfut nomméVice-Roi duPérou»
M./Vzgwi.propofa fur le champ à notre
Philofophe de 1 accompagner. La propo—
fition fut acceptée avec joie. Le P. P l u »
mier fe rendit d abord à Sainte M arie,
près de Cadix en Efpagne, pour y attend
dre le départ de la flotre qui devoit le
conduire au Pérou. En attendant, il em-
ployoit fon loifir à herborifer dans les
campagnes voifines, lorfqu’il fut attaqué
d’une, pleuréfie qulle mit.en peu de jours
au tombeau. 11 mourut dans le couvent de
fon Ordre l’an 1704, âgé de 5 8 ans.
On trouva parmi fes papiers un Traite
des Fougères de l ’Amérique, en fran cois
& en latin , & on fe hâta de le publier.
Cet ouvrage parut en 1705-, format i/*-
/o/io.On y trouve raflembléesfousle nom
de fougères toutes les plantes qui ne
pouffent point de fleurs*
11.y a trois fartes de fougères : .la fon*
gere. mâle qui ne profite que dans les
lieux découverts., montagneux, & pierreux
; la fougere femelle qu’on trouve
dans les forêts ombrageufes , & dans les
lieux-, ftériles. & défertsj.& la fougere
aquatique qui ne croît que dans les lieux
marécageux, & dans, les folles..
Tout le monde fait l’ufage qu’on fak
de la fougere pour avoir du verre. En Angle
ter re.on forme avec les cendres de cette
plante ,.des boules qui fervent au lieu dfe
favon 8c de foude pour nettoyer le linge.
Les autres manuferits de notre Philo-
lppjie ont,été long-temps entre les mains
des PP Minimes de Paris y 8c ils font
aujourd’hui au cabinet des eftampes du.
R o i, à Paris, en attendant qu'un habite
hommeles mette en état de voir le jour*