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MUS CHENBROEK. *
LE D o & e u r Defaguliers, en faifant un
cou rs d ’expérience s en H o llan d e ,
& ’Sgravefande en y cu ltivant la P h y fi-
q u e a v e c le fuccès qu’ on v ien t de v o i r ,
infpirèrent le g o û t de cette belle fcience
dans les Provinces-Unies , & enflammèren
t tou t le monde de fon am o u r Le s
perfonnes du premier rang l’ etudierent
a v e c ardeur ! les M archands en firent une
p a rtie de leurs occupations ; & les A r tisans
q u i en entendoient parler tou s
le s jo u r s , vouluren t la connoitre. Il n y
eu t p e r fo n n e , de que lqu e condition &
q u e lq u e état qu’ elle fu t , qui ne défitat
ê t re P h yfic ien ; mais il n’y a v o it que
c e u x q ui étoient favans dans les Mathématiques
qui puflent entendre pa rfaitement
les O u v ra g e s de Defaguliers &C
de *Sgravefande. L e voe u général etoit
qu’ on facilitât l ’étude de la P h y fiq u e
en y faifant ufage des Mathématiques
a v e c difc rétion ; qu’on la traitât p lus Amplement
; & en un mot qu’on composât
un T r a i té de P h yfiqu e Suivant la m é thode
p ropre à ce tte fcience. T e l fut
aufli le proje t qu e forma le huitième
> Ph y fic ien m o d e rn e ; & comme ce P h y -
f ic ie a é to it aufli homme de g é n ie , il fit
en même temps des d é cou ve rtes im p or tantes
, q ui contribuèrent autant que fon
O u v r a g e à la perfe& ion de la P h yfiqu e.
T o u t e l’ E u rop e prit part à Ses tra v au x ;
& inftruite ou éc la irée par Ses E c r it s ,
e lle Je combla d'éloges. Il fe rendit ainfi
recommandable a tou t l’ univers , & s af-
fura une g lo ire immortelle.
I l naquit à L e y d e le 14 Mars 16 9 2 >
de Jean de Mufchenbroek, & de Marie
Vander S tracte. O n le nomma Pierre M u s -
chenbroek. Il reçut d e fes parens la
meilleure éducation. Il apprit d’abord
chez eux les premiers élémens des Belles-
Lettres, & alla le 14 Mars 1708 à l’Uni--
verfité de Leyde pour étudier en Humanité
, en Philofophie & en Midecine.
MM. Periçonius & Jacobus Gronovius furent
fes Profefleurs d’Humanité; MM.
Sanguerd, Albinus, & l’illuftre Bernard ,*
fes Profefleurs en Philofophie ; & le tres-
célèbre Herman Boerhaave fut fon Pro-
feffeur en Médecine. Il ne lui nianquoit
plus que d’étudier les Mathématiques
pour avoir les principes de toutes lès
Sciences, & c’eft ce qu’il fit fous le Phi-
lofophe *Sgravefande, dont on vient de
lire l’Hiftoire.
Le goût feul de Muschenbroek.
pour toutes ces connoiflances déceloit
déjà une grande ouverture d’efprit ; mais
les progrès qu’il y fit annoncèrent ce qu’il
devoit être un jour, & ce qu’il devint
en effet. Il apprit parfaitement le Grec,
entendit les Langues Françoife, Italienne
& le haut Allemand. Il fit aufli des progrès
rapides dans les Sciences. C’efl: ce
qu’il fit bien voir lorfqu’il fut reçu Docteur
en Médecine le 12 Novembre 1715.
Il prononça à cette occafion un Dif-
cours fort Savant, intitulé , De aris proe-
fentiâ in humoribus animalibus , lequel
fut univerfeüement applaudi. Ce fuccès
enflamma fon ardeur pour l’étude des
Sciences ; de forte qu’il fe voua dès-lors
à cette,étude, & réfolut d’y confacrer
fes jours.
Dans cette penfée, & dans la vue
d’acquérir de nouvelles lumières, il alla
à Londres , pour profiter des leçons de
Phyfique que donnoit Defaguliers:\[y vit
aufli Newton , qui l’accueillit comme il
* Mémoires fu r ta vie » les ^emplois les écrits de Pierre
M usch en br o e k , communiqués en manufcrit par M.
Jean-Guillaume de Mufchenbroek,C o n f e i l l e r &.Echevin
d e la v ille d’ Utrecht. Vira nobilijfime varitque éruditions!
ggnereiixclyto , ' D. Saverien. S. P. D. Joannes Lulofs.
LMgduni Batavorum , die X X I I Januarii 1 76 7 . 'De vis*
Pétri Mufbenbrelii. E t fcs-Ouvrages.
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