dans laquelle il fit des progrès rapides.
Voici une preuve de fes fuccès;
En examinant le corps humain , il
»voit été mécontent des moyens dont fes
Profeffeursfe fervoient pour rendre fenfi-
bles les véficules du poumon. Toujours
inventif Sc ingénieux , il imagina une
nouvelle efpece d’injeétion qui lui parut
devoir faire un bel effet. » Il adapta « dit
l’Auteur de fon Eloge » à la lumière
v d’un canon de mouiquet l’orifice de la
» trachée artere d’un poumon frais, &
v ayant mis le canon fur un brafier, il
» fouffla pendant plufieurs heures dans
»> ce poumon un air chaud & fec , qui
» en deffécha toutes les membranes Sc
« véficules , en les tenant toujours dans
*> l’état de diftention} alors il y coula du
» plomb ou de l’étain fondu, médiocre-
»> ment chaud j car on fait que cesmé-
*» taux peuvent être rendus fluides par
»» un degré de chaleur incapable de brû-
»» 1er même du linge : le tout étant re-
« froidi, il détruifit toutes les membra-
*» nés par une longue macération, & il
» y refta un bel arbre anatomique, qui
« non feulement repréfentoit l’intérieur
de la figure du poumon, mais qui per-
** mettoit encore de mefurer fa capacité
» totale, Sc .celle de fes différentes ca-
» virés »*. *
Une fi heureufe invention, fruit d’une
induftrie extraordinaire , promettoit a
notre Philofophe les plus heureux fuccès
dans la carrière des fciences. Elle devoit
l ’enflammer pour leur culture par l ef-
pérance d’éprouver la fatisfaclion que
procurent les découvertes des fecrets
de la nature. Mais quoique fon goût
Sc fon inclination l’engageaflent à tout
facrifier a leur étude , il fut allez
tempérer l’un Sc l’autre pour fonger à
remplir les vues de fon pere en embraf-
fant l’état eccléfiaftique. Il prit fucceflir.
vement tous fes degrés dans le college
de Cambridge Sc fut nommé peu de temps
après au Doyenné d’Ely, Sc de là il paflà
à la Cure de Hiddi.ngton, dans le Comté
de Middleffex, qu’il quitta bientôt pour
prendre celle de Parlok dans celui de
Sommerfec. Par-tout il s’acquitta de fes
devoirs avec tant de capacité, qu*il fut
choifi pour occuper la place de Reéteur
de Sarringdon dans le Hampshire.
La plupart des Savants veulent qu’on
facrifie tout aux fciences quand on fe
dévoue à leur étude : ils dédaignent tous
les poftes , Sc prétendent que la qualité
de Savant eft fupérieure à routes les dignités.
Ils peuvent avoir leur raifon :
mais Hales croyoit qu’un Philofophe fe
devoit à la fociété, & qu’on eft obligé
d’en fupporter les charges quand on jouit
de fes agréments. Comme on i’efti-
moit utile , on l’employoit, & il fe prê-
toit de bonne grâce à ce qu’on exigeoit
de lui. Heureufement fon génie étoit
affez vafte pour concilier fes fonctions
eccléfiaftiques avec fon goût pour les
fciences. Ainfi il travailloit à leur pro*
grès en même temps qu’il s’acquittoit de
fes devoirs.
La Société Royale de Londres prit part
à fes travaux j Sc pour être plus à portée
d’en profiter , elle l’agrégea dans fon corps:
ce fut en 1718. Notre Philofophe avoir
alors 4 1 ans. Pour répondre à cette faveur
, il fongea à s’attacher déformais â
l’étude, afin de concourir au but de la
Société, d’éclairer les hommes fur les fu-
jets les plus utiles.
D ’abord il lut à la Société Royale, des
Expériences qu’il avoit faites fur la chaleur
du foleil pour faire monter la feve
dans les arbres. L’utilité de cette recherche
frappa cette Compagnie, Sc elle l’exhorta
à les continuer. Hales en lut effectivement
la fuite quelque temps après ,
Sc ces expériences accumulées ayant formé
peu à peu un corps de doétrine , il en
compofa un ouvrage qu’il publia en 1727
fous ce titre: La Statique des Végétaux *
& V Anaylfe de l’Air.
Ce Livre a, comme on v o it, deux parties.
Il eft queftion des végétaux dans
la première , Sc de l’air dans la fécondé.
Le but de cette première partie
eft de mefurer la quantité de nourriture
que les plantes tirent Sc la quantité de
matières qu’elles tranfpirent, de trouver
la force de la feve , Sc d’apprécier la
force avec laquelle elle eft tirée par la
plante,pour connoître au jufte la grandeur
de la puiffance que la nature emploie
lorfqu’elle étend Sc faitpoufferau dehors
fes productions par l’expanfion de la feve.
A cette fin', notre Auteur expofe les
expériences qu’il a faites, 1 °. fur la quantité
de liqueurs que les plantes tirent Sc
tranfpirent ; 20. fur la force avec laquelle
les arbres tirent l’humidité ; 30. fur la
force de la feve dans le farinent pendant
la faifon des pleurs de la vigne 3 40. fur
le mouvement latéral Sc la communication
latérale des vaifleaux de la feve, fur
la liberté avec laquelle elle paffe des petites
branches au tronc, aufli bien que
du tronc aux petites branches \ 50. fur
la circulation ou la non tranfpiration de
la feve \ 4°. enfin fur la grande quantité
d’air que les plantes tirent par infpira-
tion.
Tous les végétaux font. compofés de
foufre, de Tels volatils, d’eau, de terre
Sc d’air. Ces principes agiffent les uns fur
les autres par une forte puillance d’attraction
mutuelle ; mais l’air quoique doué
d’une puiffance d’atrraélion lorfqu’il
eft dans un état fixe , exerce la puiflànce
contraire aufli-tôt qu’il change d’état : il
repouffe alors avec une force fupérieure à
toutes les forces connues. Aufli tout fe
fait dans la nature par la combinaifon de
ces cinq principes.
Les particularités aériennes aétives fer*
vent à conduire à fa perfeétion l’ouvrage
de la végétation : elles favorifent par leur
élafticité l’agrandiffement des parties '
duéfciles 4 elles aident à leur exteufion j
elles donnent de la vigueur à la feve ; elles
la vivifient 3 Sc en fe mêlant avec les autres
principes , qui attirent Sc réagiffent,
elles font naître une chaleur douce, Sc un
mouvement favorable , qui façonne peu
à peu les particules de la feve, & qui les
change enfin en particules telles qu’il le
faut pour la nutrition.
La fomme des effets de la puiffance
attra&ive de ces principes agiffants Sc
réagiffants eft dans la nutrition,fupérieure
à la fomme des effets de leur puiffance
répulfive : ainfi l’union de ces principes
devient toujours plus intime jufqu’à ce
Tome F lJ I .
L E s • , P
qu’ils aient formé des particules d’une
confiftance affez grande pour les rendre
vifqueufes Sc propres à la nutrition.
C ’eft de ces particules qu’eft compofée
la fubftance même des végétaux , Sc que
les parties les plus folides fe forment
après avoir laiffé échapper le véhicule
aqueux plus ou moins promptement, félon
les différents degrés de la cohéfion de
ces principes affemblés. Mais lorfque ces
particules aqueufes pénètrent de nouveau
ces principes, & qu’elles les défu-
niffent, leur puiflànce répulfive devient
alors plus grande que leur puiflànce attractive
, Sc dès-lors l’union des parties
ceffe entièrement ; de forte que les végétaux
fe trouvent bientôt diflous, réduits
& décompofés jufqu’à leurs premiers
principes, Sc par conféquent capables
de recevoir un nouvel être, Sc de refluf-
cirer fous quelque autre forme.
Telle eft la doétrine des végétaux qui
réfulte de ces expériences dont j’ai expofé
l ’objet ci-devant.Ces expériences apprennent
aufli qu’il y a plus d’huile dans les parties
les plus élaborées Sc les plus exaltées
des végétaux, telles que leurs femences ;
que leurs femences contenant l’èmbryon
du végétal futur, doivent en même temps
contenir des principes capables de les faire
réfifter à la purréfaétion , & affez aétifs
pour aider à la germination & à la végétation
$ que l’odeur gracieufe des fleurs ,
Sc le goût agréable des fruits , provient
d’une quantité d’huile très fubtile Sc
fort exaltée, laquelle eft imprégnée de
beaucoup d’air Sc dejfoufre \ que les
feuilles aident infiniment à la végétation
des plantes, Sc quelles fervent de pompes
pour élever les particules nutritives
Sc les conduire jufqu’à la fphere d’attraction
du fruit, qui lui-même eft pourvu ,
comme les jeunes animaux, d’organes
propres à fucer Sc à tirer cette nourriture ;
que ces feuilles renferment des conduits
excrétoires qui féparent 8c chaffent le
fluide aqueux fuperflu , qui , par un
long féjour, fe corromproit Sc incommoderait
la plante , au lieu qu’après cette
féparation les particules nutri tives fe trouvant
rapprochées , fe réunifient olus ai-
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