d e lui. Mais p o u r terminer fa v ie p ar que lq
u e ch ofe d e plus imp ortan t, ajoutons
au x O u v ra g e s dont j’ai déjà p a r lé , plu-
iieurs D iffe rtations qu’il a publiées dans
le sT ran fa& io n s philofophiques. i ° . P our
défendre l ’optique de Newton contre les
attaques de Ri^etti. 2°. Sur la figure de
la terre en fphéroïde a p p la ti, félon le fy f-
îêm e de Newton. 30. Sur les forc es v iv e s ,
c ’eft-à-dire en faveur de la mefure des
f o r c e s , par la maffe m u lt ip lié e , par la
v îte fT e, & non par le quarré de la v îte f fe ,
com m e le v o u lo it L e ib n itainfi qu’on
peu t le v o ir dans l’H ifto ire de ce Phi-
lo foph e , T om e IV de cette Hiftoire.
D e s a g u l ie r s s’é to it marié. Il a laid e
d e ce mariage deux enfans m â le s , qui
on t beaucoup de mérite. L e plus jeune
é to it Ingénieur & Lieutenant d ’Artil-
le r ie en A n g leterre en 1740.
Analyfe de la Phyjîque de DESAGULIERS.
L e s c o rp s , tant folides que flu id e s ,
fon t comp ofés de matière ; & la matière
e ft tou t ce qui a étendue &; réfiftance.
A in li la matière eft de la même elpèce
dans tous les corps. La matière du l iè g e ,
par e x em p le , ne diffère pas effentielle-
ment de ce lle de l’o r ou du diamant.
T o u t e la v a rié té des corps & les divers
changemens qui leur a r r iv e n t , dépendent
entièrement de la f itu a tion , de la
diftance , de la g ran d eu r , de la f ig u r e ,
d e la ftru&ure des fo r c e s , & de la c o -
héfion des parties qui les compofent. Si
le mercure réfifte plus que l’eau , &
l ’ eau plus que l’a i r , ce n’eft pas que l’un
fo it comp ofé d’une matière plus réfif-
tante que l’a u t r e , mais c’eft que le corps
plus pefant contient un plus grand nomb
re de particules dans le même efpace.
C e s particules fon t in d iv ifib le s , & la
matière par conféquent n’eft pas d iv i-
fible à l’ .nfini. D ieu lé sa cré ées pour être
les parties conftituantes ou compofantes
d e s corps naturels. Elles n’ont point de
p o r c s ; elles font fo lid e s , fe rm e s , imp énétrables
, parfaitement paflives & mobile
s ; mais elles font d’ une petiteffe
in c o n c e v a b le , & leur union peu t feule
forme r les parties de ta première compoji- .
tion, q ui ont entr’elles des interftices ÔC
des pores , ce s parties ne pou vant fe tou ch
er mutuellement dans toute leur furface.
O n a plufieurs expérience s qui donnent
une idée de la petiteffe de ces part
ies . C e lle s de la divifib ilité de l ’o r , qu e
nous a vons vu e s c i-d e v an t dans l’Hif-
toire de Rohault, font très - propres
p o u r cela. Mais en v o ic i une qui conduit
en co re l’imagination beaucoup plus
loin.
O n fait diffoudre un grain de cu iv re
dans de l’efprit de fel amm on iac , & on
teint fortement en bleu deux quartes
d’eau. O r fi l’on fuppofe que de ce tte
eau teinte on ait formé un c u b e , dont
le co te foit éga l à la centième partie d’un
p o u c e , on connoîtra par le ca lcu l, qu’un
grain de fable affez petit p ou r qu’un
p ou ce cubique contienne un million de
grains , contiendra*/«/# millions cent on^e
mille quatre cens parties égales à ce lles
q ui réfultent de la divifion actuelle d ’un
leul grain de cu iv re.
A y a n t ex p o fé au grand air une affez
grande quantité à'ajjafoetida, on t ro u v e
qu e dans fix jou rs fon poids n’eft diminué
que d’un grain. Maintenant fi
l ’on fuppofe que durant tou t c e temps
un homme peut fentir ou re c e v o ir par
l’odorat Yajjafoetida à la diftance de cinq
p ie d s , on v e r ra que les particules q u i
viennent de la d ivifion de c e corps odoriférant
, ne font pas plus grandes que la
. 000 000 000 000 d’un pouce.
Enfin pou r dernier t r a i t , on trou v e
dans la laite d ’un feul merlus plus de
petits animaux qu’il n’y a d ’habitans fur
tou te la furface de la terre.
D e ce t affemblage de p a rticu les , les
corps acquièrent une propriété qui n’eft
point effentielle au co rp s , mais qui en eft
inféparable : c’eft Fattrattion. T o u te s les
parties de la m a tiè re , de quelque façon
qu’elle foit modifiée , ont une gravitation
o u attraction les unes v e r s les autres. Les
corps qui tiennent à la t e r r e , gravitent
v e r s le cen tre de ce g lob e , de même que
les planètes gravitent v ers le foleil ; &
réc iproquement ces co rps gravitent le s
11ns v e r s le s au tre s, o u s’attirent ré c ip ro -
quement.
O n a plufieurs expérien ce s q ui prouv
en t cette p roprié té des c o rp s , dont on
peu t ju g er par celle-ci.
C o u p e z a v e c un couteau d eux balles
d e plomb d’en v iron un pou ce de diam
ètre , de manière qu’on en fepare un
fegment d ’en viron un quart de pouce de
hauteur. Preffez-les enfemble fortement
en les entortillant un peu. C e s d eux feg-
meris s’attacheront a v e c une grande forc e
jufqu’à foutenir un poids a u -d e f fu s de
cent liv res .
C ’eft ic i une attraction de c o h en o n ,
laque lle dé croît en raifon biquadratiqqe
de la diftance ; c ’e ft-à -d ire qu à une diftance
double elle agit feize lo is plus foi-
b lem en t , & à une triple diiiance quatre-
v in g t - une f o i s , & c . ainfi de iu ite , en
décroiffant jufqu’à de ven ir inlenfible à
la moindre diftance fenfibie.
Il y a en core dans la nature une aut
re forte d’attra&ion qui n’eft pas auift
forte que ce lle de la c o h é fio n , mais qui
e ft plus for te q u e ce lle d e la pefanteur
o u de la gravitation : c’eft l’aitra ttion
magnétique. Elle décroît à fort peu près
comme le cube & un quart de ia diftance
; c ’eft-à-dire que fi une p ierre d ’aimant
attire un morceau de fer à une
certaine d iftan c e , l’attra&ion fera dix
fo is plus foib le au double de la même
d if ta n c e , & 3 3 | fois au triple de la
même diftance.
En v e r tu de cette proprié té d ’attra&ion
& de gravitation , la matière fe m e u t ,
& ce mouvement fuit ces lo ix.
L e mouvement d’ un tout quelconque
e ft la fomrne de toutes fes p a r t ie s , &
par conféquent fa quantité devient double
dans un corps double qui fe meut a v e c
la même v îte f f e , ôc quadruple dans un
co rps double qui fe meut a v e c une v îte ffe
dou ble. U n petit corps peut donc a v o ir
autant d e mouvement q u ’un grand c o rp s ,
q u e lq u e difproportionnés qu’ ils fo ien t ,
p o u rvu qu e le petit corps ait d’autant
plus d e v îte ffe par rapp o rt au g r a n d ,
q u ’il a moins d e matière.
Il fuit de -là q u ’il y a du v id d e dans la
nature. C a r puifque les m ou vemens com parés
entr’eu x fon t refpe&ivement com me
leu r quantité de m a t iè r e , leu r mou vem
en t en b a s o u leu r g ra v ité fera
com m e leu r quantité de matière. D o n c
fi deux corps font de différente pefanteur
, il doit y a v o ir du vu id e répandu
dans celu i q ui eft plus lég er.
L o r fq u e deux corps ont la même quant
ité de m o u v em en t , & q u ’ils agiffent
l’ un con tre l’autre , ils fon t en équilibre•
U n co rps feul eft dans ce t é t a t , je v e u x
dire en é q u ilib re , lorfque fon centre d e
g rav ité eft dans une lign e q ui paffe &
par le centre du m o u v em en t , Sc par le
centre de la terre.
C e s lo ix du mou vemen t & ce lles de
l’équ ilibre forment la bafe de toute la
théorie des m achines. Dan s tou te s, la puift
fa n c e , félon fon in ten fité , eft tellement
ap pliquée à une partie de la machine ,
qu’elle agit immédiatement fu r ie p o id s ,
dont la réfiftance détruit tou te la fo r c e
de la puiffance lorfqu ’il fe fait un équilib
r e , en donnant au corps q ui eft mu
au corps mou vant une v îte ffe ré c iproquement
proportionnelle à leu r in -
tenfité. Et quand le produit de la p u i f fance
par 1a v îte ffe furpaffe ce lu i du
poids par fa v î t e f f e , il ne refte de mo~
ment (e) à la puiffance que celu i q u ’elle
a par deffus le poids.
O n e x plique par ce m o y en la forc e des
machines qui font comp ofée s de roue s ,
de p o u lie s , de lé v ie r s , de cordes & d e
poids , & qui montent directement o u
ob liq u em en t, de même q u e la fo r c e des
mufcles & des tendons, p ou r m o u vo ir
les os des animaux. C e tte forc e des muf-
c le s , qui eft que lqu efois e x tra o rd in a ire ,
eft une ch ofe trop cu rieufe pou r ne pas
nous y arrêter.
Il pa roît de temps en temps des h om mes
, qui à fo r c e de s’être e x e r c é s , ont
t ro u v é des fituations p ro p re s 'p o u r pro-
( t ) On appelle moment le produit forme' par la multiplication de la pefanteur d’un corps, par fa vîtefle.