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de beaucoup de parties hétérogènes. Pour
l ’en purger, il y a dans le corps des
glandes, qui ne font autre chofe que des
paquets de tuyaux remplis & imbibés
de rhumeur qui s’y fépare du fang. Ces
glandes ont des artères capillaires par lef-
quelles le fang y entre ; des veines capillaires
pour rapporter 6c conduire vers
le coeur le fang fuperflu dépouillé de
l’humeur qu’elles ont féparée ; un vaif-
feau excrétoire qui y aboutit pour emporter
l’humeur léparée; enfin des nerfs
qui les entortillent pour faire couler par
une efpèçe de mouvement périftaltique
l’humeur féparée vers le vaiffeau excrétoire
, qui la porte au lieu deftiné.
Ainfi lorfque les tuyaux de quelques
glandes contiennent ou de la bile, ou de
la lymphe, ou de la falive, ou quelqu’au-
tre liqueur qui fe trouve dans le fang,
& qu’ils en ont été en poffeffion dès la
formation de la machine, il s’y fépare
ou de la bile, ou de la lymphe, ou de
la falive, 6cç,
Les glandes qui fervent à féparer quel«*
que humeur du lang, font répandues partout
le corps. Il y en a dans le cerveau,
qui féparent du fang les efprits vitaux,
qui coulent de là fans interruption par les
vaiffeaux excrétoires pour fe rendre dans
les nerfs. Mais les glandes principales font
le pancréas, le foie 6c les reins.
Le pancréas fépare du fang une liqueur
qui reffemble beaucoup à la falive
, 6ç qui fert, comme elle, à la dif-
folution des alimens par le fel 6c l’acide
qu’elle contient.
Le foie fépare la bile du fang. Il eft
aidé dans cette fon&ion par la rate,
qui eft un tiffu de membranes difpofées
en petites cellules femblables aux ruches
des abeilles, lefquelles communiquent en-
femble. Ce yifcère , après avoir préparé
le fang qui y coule, il le difpofe de
façon que quand ce fang paffe de-là
dans le foie, 6c qu’il fe mêle avec celui
qu’il reçoit d’ailleurs, il eft en état
de féparer deux fortes de bile qui s’y
trouvent; favoir, celle qui va fe rendre
par une infinité de petits rameaux
jnvifibles dans la veflie dp fiel, d’oii elle
coule dans le canal commun ; & celle qui
coule par le grand conduit biliaire dans
le même canal , lequel décharge ces
deux fortes de bile dans l’inteftin apr
pèllé duodénum.
Les reins font deux glandes dont les
canaux font excrétoires, qui vont de la
fuperficie jufqu’au baflin. Ils féparent du
fang par de petites glandes qui fe trouvent
à leur furface, une liqueur qu’on
nomme urine, 6c qui coule de-là par des
vaiffeaux excrétoires jufque dans le ba(*
fin, qui eft comme l’entonnoir des uretères
: après quoi elle coule par ces uretères
dans la veflie, pour y demeurer
jufqu’à ce qu’on relâche le mufcle ap*
pelé fphincter, qui la retient, 6c qu’on
la pouffe hors du corps à travers l’urètre
par le moyen des mufcles du bas ventre » 6c par la contraction de la veflie même-
On compte encore qu’il fort ordinairement
de notre corps, par la fueur 6ç
par l’infenfible tranfpiration , plus de la
moitié des alimens que nous prenons,'
C’eft une évacuation fi néceffaire, que
fi le fang ne fe dépouilloit point de fa
férofité fuperflue, il pèrdroit infenfiblc«
ment fa chaleur, 6c par çonféquent fort
çffervefcence,
Il y a aufli des glandes qui féparent
d’autres liqueurs, dont l’évacuation n’eft
pas abfolument néceffaire. Telles font
les glandes qui font dans les mamelles „
qui féparent le lait du fang ; les glandes
des teftiçules, qui en féparent la fer
mence : mais ces humeurs n’ont pas ab?
folument befoin de fortir hors du corps ,
& elles peuvent rentrer dans le fang d’oii
elles font forties.
Les canaux excrétoires des glandes font
compofés de tuyaux ou de fibres creufes,
au travers desquelles circule fans ceffe
quelque liqueur. Il en eft de même des
artères 6c des veines : 6c en général tou*
tes lesjparties de notre machine, fans
en excepter les os les plus durs, ne font
qu’un tiffu de véficules 6c de tuyaux rem*
plis de différens fucs qui y circulent fans
difcontinuation ; de forte que fi on pou*
voit les vuider 6c en ôter tous ces fucs,
on n’auroit que des peaux ou des fibres
çrçufes
HA RT S creufes plus ou moins endurcies comme
les os 6c les cartilages, 6c des peaux ou
des fibres creufes plus ou moins fouples 6c flexibles comme les ligamens, les tendons
6c les membranes.
Plus ces véficules 6c ces tuyaux fe
trouvent remplis de fucs qui y doivent
circuler, plus on a de l’embonpoint; 6c
au contraire, plus ces fucs y manquent,
plus on eft maigre 6c défait. Ainfi la
nutrition confifte à tenir ces véficules 6c ces tuyaux toujours pleins, & à réparer
inceffamment la perte qu’ils pour-
roient faire de leur propre fubftance.
A l’égard de l’accroiffement, il n’eft
pas poflible d’en expliquer le mécha-
nifme. Car comment rendre railon pourquoi
les membres croiffent dans la même
proportion ? Pourquoi, par exemple ,
la jambe gauche ne croît pas plus que la
jambe droite, ni le bras gauche plus que
le bras droit ? Ce qu’on peut dire de plus
probable, eft que la lymphe qui circule
dans les petits vaiffeaux invifibles, les
étend 6c les gonfle quand ils ont une
certaine moîleffe, 6c en augmente la
fubftance en s’y attachant. Ainfi ces petits
vaiffeaux augmentent 6c s’étendent
en tous fens, 6c font par conséquent
augmenter les gros vaiffeaux qu i s com-
pofent. Ces tuyaux croiffant ainfi fans
ceffe en épaiffeur, s’étréciffent à la fin
tellement, que le fuç néceffaire à l’entretien
de la v ie, ne pouvant plus circuler
, prive le corps de nourriture :
d’oii s’enfuit fa deftru&ion ou la mort.
La manière dont la génération de
•l’homme fe fait, toute enveloppée de ténèbres
qu’elle eft, eft cependant plus facile
à expliquer, parce qu’on peut fuivre
les opérations qui forment l’aCte de la
génération.
En effet, quand la partie de l’homme
par laquelle fe forme cet a£te, a acquis
la tenfion néceffaire à la génération, 6c
qu’elle eft introduite dans la partie de
la femme, l’agitation qu’elle y éprouve
refferre tellement les veflies Séminaires,
qu’elles pouffent la femence qu’elles contiennent
dans le canal de l’iirètre qui forme
en fon commencement une efpèce
o E K ER. p
de baflin ou de réfervoir. Ce réfefvoir,
qui a un pouce de longueur fur cinq lignes
de largeur, fe ferme d’abord aflèz
exactement: mais l’agitation continuant
ce baflin eft tellement refferré, que la
femence en eft pouffée dehors avec violence
, 6c dardée dans l’endroit deftiné à
la recevoir.
Pendant cette copulation, les trompes
de la matrice, qui flotoient auparavant*
avec beaucoup de liberté dans le ventre
de la femme, fe bandent, s’allongent ,
fe gonflent 6c fe recourbent jufqu’à ce
qu’elles ayent atteint les ovaires par leurs
pavillons, afin de les ferrer par leurs
franges, qui font autant de petits muf-;
clés tort délicats. Si elles falfiffent de
cette manière un ou plufieurs oeufs,.elles
lès pouffent dans la matrice par un mouvement
périftaltique.
Quand un de ces oeufs eft tombé dans
la matrice, il fe trouve enveloppé par
la femence du mâle. Cette femence eft
remplie d’une infinité de petits corps vi-
vans qui y nagent comme les poiffons
dans la mer. Ils reffemblent affez à ces
grenouilles naiflantes qu’on appelle têtards
, 6c qu’on voit nager aflèz fouvent
par milliers dans les étangs. Si un de ces
animaux s’introduit dans l’oeuf, il le féconde.
L’oeuf s’attache alors au fond de
la matrice par des mamelons : c’eft delà
que l’animal tire fa nourriture. Le fang
qui forme les règles des femmes, forme
l’aliment du petit animal qui eft
dans l ’oeuf, 6c lui procure la fubftance
néceffaire pour devenir homme. Ce fang
eft préparé par les glandes du placenta.
On croiroit que c’eft le coeur qui reçoit
cette liqueur, 6c qu’il la diftribue
dans le petit animal qui devient homme;
maison a trouvé des foetus fans coeur,
6c pourtant fort bien nourris : 6c fi cela
e ft, il faut que le placenta ait fait ici la
fonôion du coeur.
C ’eft une chofe fort extraordinaire :
mais la nature en produit encore de bien
plus furprenantes fur la matière de la génération.
Il arrive quelquefois que chaque
trompe fe faifit d’un oeuf pendant la
copulation, 6c le porte dans la matrice,
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