H I S T O I R E
D E S
N A T U R A L I S T E S.
A G R I C O L A * .
1 , A Providence, toujours adorable dans
fes décrets, dit un Savant Efpagnol (1),
ne permet aux hommes l’ufage des chofes
qu'au prix de bien des difficultés. A quels
travaux n’eft point condamné le Laboureur
avant que de recueillir la moiiïon î
'Quelles fatigues n’efluie pas le Vigneron
pour retirer le fruit de fes vendanges ?
Mais que font les peines du Laboureur
$c du Vigneron en comparaifon de celles
qu’on doit prendre pour obtenir ce que
les hommes défirent le plus, l’o r , ce
préfent utile & fouvent funefte ? Il faut
parcourir les déferts , gravir les montagnes
les plus efcarpées, fouiller dans les
entrailles de la terre, fendre les rochers
•les plus durs, & brifer, en un mot, le fer
à la main, ces inacceffibles remparts où
la Nature recelant fes tréfors, femble s’être
fortifiée contre notre avarice, pour
nous les faire acheter plus cher.
C ’eft: par une fage difpofition de cette
même Providence, que larichefle de certains
climats égale la fécondité des autres.
L’Efpagne, par exemple, eft moins fertile
que la France} mais elle abonde en
mines de toutes fortes de métaux. Les rir
vieres 8c les torrents y roulent For , 8c on
trouve dans fes mines des maflèsd’or fin,
qui pefent jufqu’à vingt, trente livres.
Les premiers peuples du monde connurent
ces tréfors, 8c en profitèrent. Dès
l’an $92 après le déluge, l’ufage des
métaux étoit établi par tout l’univers.
Les Efpagnols , à l’exemple des Phéniciens
, s’attachèrent au travail des mines
avec tant de fuccès , que , fuivant le témoignage
de Pline, ils favoient de fon
(*) Vît* Medicorum qui fecculo fuperian & quod ex- Médecine , par M. Eloi , même article. Et fes Outurrit
clarueruntcongefia k Melchiore sJdamo. Cenfura yrages.
(tlebrium auctorum. Didliounairc Hiftorique & Critique (i) Alphonfe Barba , dans fa Métallurgie, ou l'arc do
Æe Bayl.e , article ^igricola,- Diiftionnaire Hiftorique de tirer Çr purifier les mtr aux , Tome I , page 407;
Tome V i l l . A,