R Ê A U M U R*.
X jes Philofophes qui s’étoient attachés
à la Zoologie, a voient aflez négligé la
connoififance des infeéfces, quieft cependant
une partie confidérable de cette
fcience. Le nombre 8c la variété des in-
feéfces font prefque infinis, 8c tout ce qui
les concerne eft très intéreflant. La fin-
guhrité de leurs organes, leur marche,
leur métamorphofe , leurs indu ft ries,
leurs rufes, leurs ravages, leurs combats
, foit pour leur défenfe, foit pour
leur nourriture, forment le fpeétacle le
plus piquant que préfente la nature, 8c
par conséquent l ’étude la plus utile 8c la
plus agréable.
C ’eft aufii ce que comprit le fucceflèur
de Haies. Doué de toutes les qualités né-
celfaires pour faire des progrès dans cette
étude, il compofa une hiltoire générale
des infeâes en fix volumes in-quarto j
qui ne laifterien à defirer telle eft le fruit
d’un grand nombre de recherches pénibles
8c d'obfervations délicates. Il femble
qu’un pareil travail auroit du& remplir
tous fes moments-mais on verra dans
i’hiftoire de fa vie que cet ouvrage n’eft
pas la plus confidérable de fes productions.
Un defir dévorant de tout favoir,
8c une grande facilité de tout apprendre ,
lui dévoilèrent les principes , 8c on peut
dire même le fecret de prefque toutes les
Sciences & de tous les Arts. Rien ne fut
au deiïiis de fes lumières, & la force de
fon génie lui fit furmonter les plus gran des
difficultés. 11 faut encore ajouter à
cette vérité, que perfonne n’a travaillé
autant que lui pour l’utilité publique, 8c
avec tant de fuccès» Le Leéteur en jugera
par les détails intéreflants de la vie de ce
grand homme, que je vais mettre fous
fes yeux.
René Antoine Fer ch au et de Réau-
•mur naquit à la Rochelle en. 1683 de
René Ferchault, Seigneur de Réaumur,
Confeiller au PréfidiaLde cette ville, 8c
de Genevieve Bouche/, Il fit fes premières
études à la Rochelle, fa Philofophie à
Poitiers, 8c fon Droit à Bourges , où un
de fes oncles, qui étoit Chanoine à la
Sainte-Chapelle de cette ville > l’avoic
appellé. 11 paroît que l’intention de fon
pere , en le faifant étudier en D ro it,
étoit de lui céder fon Office } mais le
jeune Réaumur qui avoir pris du goût
pour l’étude des fciences, 8c qui favoïc
déjà combien la liberté 8c l’indépendance
font nécefïaires dans cette étude , ne
crut pas devoir entrer dans les vues de
fon pere, qui heureufement ne le contraignit
point. 11 confentit même qu’i l
allât cultiver à Paris les heureufes difpo-
fitions qu’il avoit reçues de la nature.
Il arriva à Paris en 17 0 3 ,8c il s’y fit
bientôt connoître. On étoit alors fort at~
tentif dans cette Capitale à accueillir
toutes les perfonnes de mérite, 8c celui
du jeune Réaumur étoit trop caraéférifé
pour ne pas fixer l’attention des connoif-
îeurs. L ’Académie des Sciences jetta>
bientôt un dévolu fur lui y de forte qu’en-
1708 il fut reçu dans cette Académie.
Dès la même année de fa réception, il
réfolut un problème de Géométrie , dont
M. Carrée Géomètre habile & fon confrère
, n’avoit découvert qu’une folution
imparfaite : ce fut de donner une maniéré
générale de trouver une infinité de lignes-
courbes nouvelles, en faifant parcourir
une ligne quelconque donnée par une des-
extrémités d’une ligne droite, donnée
aufii, 8c toujours placée fur un même-
point fixe. Et i’année fuivante, il lut dans-
les Aftemblées de cette Académie , i°„-
une méthode générale pour déterminer le-
point d’interfeéfcion de deux lignes droites-
infiniment proches, qui rencontrent une^
courbe quelconque vers le même côté
fous des angles égaux , moindres ou plus-
grands qu’un droit, 8c pour connoître la
nature de la courbe décrite par une infi-
Eloge de M, de Réaumur dans l'fJiftoire de l’Académie Royale des Sciences de l'année 1757'. Et fes Ouvrages.