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'Auteur voulut fe défendre fur les fautes
qu’il relevoic dans fon ouvrage j mais il
t i y trouva point fon compte. A g r i c o l a
juftifia fa cenfure, ôc Alciat ne répliqua
point} de façon que notre Philofophe publia
tranquillement plufieurs Traités fur
cette matière. D’abord ce fut fa défenfe
qui eft remplie d’érudition, dont le titre
eft , Ad ea qua And. Alciatus denuo dij-
putavit de menfuris & ponderibus y brevis
Defenfio; ôc fuccefîivement parurent fes
autres ouvrages qui ne reçurent que des
éloges : ils font intitulés : I. Depretio me-
lallorum &monetis. II. De refiituendispon-
deribus atque menfuris. IIJ. De menfuris
quibus intervalla metimur. IV . De ex ternis
menfuris & ponderibus. V. De menfuris
& ponderibus Romanorum, atque Gr&co-
rum.
L’étude des métaux conduisit notre
Philofophe a celle des animaux fouter-
rains. La tranfïtion étoit allez naturelle.
Il compofa un ouvrage fur ce fujet, qu’il
publia fous ce titre : De animantibusfub-
terraneis. Il y décrit les animaux qui vivent
fous terre, rels que les-vers de terre,
les taupes, &c. Notre Philofophe, en parlant
d$ ces derniers- animaux , recommande
beaucoup l’ufage de leurs peaux. Il
prétend que rien n? eft plus beau que les
èkapeaux faits de peaux de taupes-, ôc il
dit avoir vu des habits qui en étoient
fourrés.
Les perfonnes qui connoifTent les plai-
firs quon goûte en étudiant la-nature peu-
ventapprécier ceux dont jouiftoit A g r i c o -
i a dans fa retraite 5 mais il favoi-t facri-
fier fes plaifirs à-fes devoirs, & il paroîr
que les qualités de fon coeur étoient aufli
eftimables quecelles de fonefprit. Il étoit
attaché an Duc Maurice ôc au Duc Au-
gufte, ôc il ne cefïbit de leur donner des
reuves de fon attachement. Il le prouva
ien dans une occafîon quife préfenta.Ces
Seigneurs furent obligés d’aller joindre-
en Bohème l’armée de- Charles-Quint.
Quoique notre Philofophe fût retenir
chez lu i, ôc par les attraits de fon;cabinet
, & par fes affaires domeftiques* if
les fuivit pour leur témoigner fa fidélité.
U abandonna ainfï pour eux le foin de fon
C O L A .
bien, fes enfants, & fa femme qui étoilé
enceinte.
L’Hiftoire ne nous apprend ni le non»,
de cette femme, ni le temps auquel il l’é- ’
poufa : elle n’encre point dans les détails
de fa vie privée. Nous favons feulement" '
que dans la jeune fie, fcandalifé du trafic
fordide des indulgences , il voulut em-
brafler la religion proteftante. Il fit même- ‘
une épigramme contre ces indulgences ,
qu’on afficha en l’année 1519 dans lesr
ruesde Zwicka, où il enfeignoit alors le
grec. Voici cette épigramme 1
Si nos inje&o falvabit ciftula nutnmo,
Heu minium infelix tu mihi, pauper, eris i
Si nos, Chrifte, tua fervatos morte beafti
Jam nihil infelix tu mihi, pauper, eris.
Mais cette ardeur que notre Philofophê
avoir pour le proteftantifme fe refroidie
avec Page. Ce qui le dégoûta- de cette
feéfee , ce furent les écrits des Théologiens
, la vie fcandaleufe de quelques
Seéfcateurs de la réforme, le brifemenr
des images, la révolte des payfans, ÔC
l’inclination naturelle qu’il avoit pour la.
pompe des cérémonies. Auffi fur fes vieux
jours il reconnut fon erreur , & fe convertit.
II. mourut à Chemnitz- âgé de 61-.
ans, le 21 Novembre de l’année 1 5 5 c ,
dans le fein de la Religion Catholique.
On croit que la maladie qui le. mit ata-,
tombeau rut une fievre chaude.., qu’il,
gagna dans une difpute de théologie où.
il fe mit beaucoup en colere. On a encore-,
écrit qu’avant que de mourir, il irrita
les Luthériens par une averfion exceffive-
pour eux $.& que ces Religionnairesj pour
fe venger de ce mépris, le iaifferent cinq
jours fans fépulture. Il fallut qu’on allât,
tirer fon cadavre de Chemnitz. afin de
le tranfporter à Keits, où il fut enterré,
dans la principale églife.
Un homme de Lettres, nommé Geot
ges FabriciuSy fit fon épitaphe, Ôc célébra.-,
fes ouvrages par ces vers j qui termineront
rhiftoire de fa vie t
Yiderat Agricola, Pheebo monflrantc, libelles-
Jupiter 5 & taies edidit ore fonos :
Ex ipfo hic rcrræ thefauros eruct Orco ^
Et fr-atris pandet triftia régna mei»