J O N S T O N* .
L A Zoologie e ft, fans Contredit, la
plus belle partie de l’Hiftoire Naturelle.
Rien n’eft n digne de notre curiofité, 8c
en même temps de notre admiration, que
le mouvement, le méchanifme , 8c les
différentes figures des animaux : ils font
en plus grand nombre que les végétaux,
8c plus répandus dans le monde, il y en a
fur la furface 8c dans l ’intérieur de la
terre. On en voit dans 1 air, dans l’eau,
dans les plantes, dans le corps de l'homme
, 8c dans celui des animaux. On en
trouve dans les liqueurs 8c dans les pierres
même. 11 femble que toute la nature
eft animée. Depuis l être raifonnable,
je veux dire l’homme, jufqu’à la matière
brute 8c abfolument paflïve, on découvre
une infinité d’animaux , dont la faculté
fenfitive décroît infenfiblement. »Le
« mot animal, dit M. de Bujfon> ne paroît
>3 pas feulement appartenir aux quadru-
» pedes , 8c autres êtres qui paroiffent
» avoir de l'intelligence 8c de la volonté,
*> qui font compofés de chair & de fang,
y» qui ont des fexes 8c la faculté de fe fe-
*> produire, qui cherchent 8c prennent
» leur nourriture, mais encore à des êtres
a qui paroi (lent n’avoir aucune intelli-
>» gence, aucune volonté, aucun mou-
93 vement progrefïif, 8c qui n’ont de i'a-
*> nimal que la faculté de fe reproduire,
w Mais il y a des degrés 8c des nuances
» parmi les animaux. Un infeâre, dans
93 ce fens , doit être moins animal qu’un
9» chien : une huître eft encore moins
9> animal qu’un infetfce : une ortie de
» mer , ou un polype d’eau douce , l’eft
9» encore moins qu’une huître j 8c com-
9» la nature va par des nuances infenfi-
93 blés» nous devons trouver des êtres
93 qui font encore moins animaux qu’une
■33 ortie de mer ou un polype (i ) .
On ne doic donc point être étonné fi
la clarté des Naturaliftes renferme plus de
Zoologiftes que de Minéralogiftes 8c de
Botaniftes. On en a déjà compté trois célébrés
dans ce volume } 8c voici l’hiftoire
d’un quatrième, qui, aux travaux de
ces favants Naturaliftes , a joint allez de
découvertes , d’obfervations nouvelles ,
8c de remarques judicieufes , pour former
trois volumes in-folio fur les poif-
fons , fur les infeétes, 8c fur les quadrupèdes
, où brillent des connoiffances très
particulières de ces trois genres d’animaux.
Ce Zoologifte eft Jean J o n s t o n , né le
trois Septembre 1603 à Stumbter , dans
la grande Pologne, de Simon Jônjlon ,
d’une illuftre famille d’Ecofle, 8c d’Anne
Becker. Son pere fe fit un devoir de lui
donner une éducation conforme à fanaif-
fance. 11 l’envoya à Oftrorog pour y commencer
fes études, & de là il pafla à
Benton fur l’Oder pour les finir. Simon
Jonfion fondoit fur ion fils les plus belles
efpérances 3 mais il n’eut pas la fatisfac-
tion de les réalifer. Ce fils n’avoit encore
que 14 ans lorfqu’il mourut , 8c fon
époufe ne lui furvécut que d’une année}
de forte que le jeune J o n s t o n fut à la
difcrétion de fes parents, qui jugèrent à
propos de le faire revenir dans fa patrie.
Il n’y refta cependant qu’une année : il en
fortit pour aller à Thorn reprendre la
fuite de fes études avec une nouvelle ardeur.
Après avoir demeuré trois années dans
cet endroit, il pafta en Angleterre , 8c
de là en EcolTe. Ce qui l’engagea à faire
ce dernier voyage, ce fut la réputation
dont jouiftoit le college de Saint André.
On parloir beaucoup dans le monde fa-
vant de la capacité de fes Profelïeurs} 8c
J o n s t o n , qui avoit apporté en nailTant un
grand defir de s'instruire, lequel pre-
noit chaque jour des accroiflements 8c
de nouvelles forces , voulut entendre
ces Maîtres , 8c profiter de leurs lumières.
Mais pendant qu ilétoit abforbé dans
. (*) Mémoires pour fervir h l’bifioire des Hommes Illuf- & critique de Cbaufepié, art. JoNSTON. Et fes ouvrages».
!*■ {•$, par le.P. Niccron, corn. XLI. Dictionnaire bifionque (i) Uifi.Naturelle, tome II.
Tome F i l L D