B E S A G U LI E R S . *
n r “* O u t e s les connoiffances que » JL nous a von s de lâ nature font ap-
» p u yée s fur des faits : une P h y fiq u e dé-
» nuée d’o b fe rva tions 6c d ’e xp é r ien c e s ,
» n’ eft qu’ une fcience de mots 6c un
» jargon inintelligible. Mais il faut né-
» ceflairement ap peller à n otre fecou rs
» la G é om é t r ie 6c l’A rithmétique , fi
» nous ne voulons pas nous b orn er à
» l’Hiftoire naturelle & à la P h yfiqu e
» con jeôu ra le . En e f fe t , comme les effets
» comp ofés dépendent d’ un grand n om-
» bre de c a u fe s , on pourroit mécon-
» noître la caufe p r in c ip a le , fi l’on n'é-
» toit pas en état de mefurer la quantité
» des effets que chacune p r o d u it , de les
» comp arer en lem b le , & de diftinguer
» les uns des autres pour d é co u v r ir leur
» caufe to ta le , 6c pou r t ro u v e r le ré-
» fultat de la réunion de ces différentes
» caufes.
A in fi parloit le fixième P h yfic ien mode
rne. Il vou lo ir qu’on n’em p lo y â t dans
l’ étude d e la Phyfiqu e q ue les e xpériences 6c les démonftrations ; 6c comme il ne
tro u v o it pas que DeJ'cartes 6c fesPartifans
euffent fait ufage de ces deux moyens
p o u r connoître les effets de la n a tu re ,
il abandonna fon fy fiêm e 6c celui d ’une
n o u ve lle fe& e de P h ilo fo p h e s , » qui
» s ’appuyant fur quelques principes dont
» ils n’examinoient pas la r é a li té , 6c qui
» ne pou voient pas s’ac cord er en fem b le ,
» fe flattoient d’être en état d’e xplique r
» méchaniquement toutes les apparences
» des particules de la matière ». A ffu ré ment
notre P h yfic ien ne connoiffoit pas
le fy fiêm e de Molieres, lorfqu’ il penfoit
a in fi, puifque c e fy fiêm e ne paroiffoit
pas en c o re ; mais il femble q u ’il l’a vo it
p r é v u , ôc il fe déclaroit d’avan ce con tre
les Cartéfiens à venir, comme il le fai-
foit contre ceux qui exiftoient. Newton
étoit fon oracle, 6c c’étoit fuivant fa
méthode, ou pour mieux dire fa doctrine
philofophique, qu’il voulut perfectionner
la Phyfique.
Son nom eft Jean - Théophile D e s à -
GULï e r s . Il naquit à la Rochelle le
1 2 Mars 1683. Son père ( Nicolas Defa-
guliers ) étoit Miniftre du Seigneur d’Ai-
tré. Il étoit par conféquent Proteftant,
Et comme parut en 1685 la révocation
de l’Edit de Nantes , lequel étoit fi
favorable à fa S eô e , il ne crut pas devoir
demeurer plus long-temps dans un
pays oii l’on ne la voyoit pas de bon
oeil. Il fe retira dans l’Iile de Quernefey.
De-là il alla à Londres, oii il reçut les
Ordres facrés félon le Rit de l’Eglife
Anglicane.
Après cet a&e de Religion, il tourna
toutes fes attentions du côté de l’éducation
de fon fils. Il lui apprit les Langues Grecque
& Latine. Le jeune D esaguliers
a voit tant de difpofition pour l’étude, qu’il
devint à l’âge de 16 ans le collègue de fon
Maître. Il fut une aide pour fon père
qui étoit chargé de l’éducation de la jeu-
neffe dans l’Ecole d’Illington, près de
Londres. Sous fa dire&ion, il travailla
comme lui à cette éducation, 6c ce fut
avec tout le fuccés qu’on devoit attendre
de fa pénétration 6c de fa fagacité.
Son pere mourut au commencement
de ce fiècle. D esaguliers quitta alors 1 Ecole d Illington pour aller étudier en
Philofophie dans f Univerfité d’Oxford , 6c y prendre le grade de Bachelier: ce
qu’il fit en 1700.
Pendant qu’il faifoit fon cours de Phyfique
fcholaftique, M. Jean Keill vint
* N o t i c e d e ta v i e d e Desaguliers d a n s l 'Hijloirt
t o i r e , T o m e I I . E t f e s O u v r a g e s .
de U Rochelle, p a r l e R . P . Arctrt, P x ê r r e d e l ’ O ia« *