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font froids, plus ils font élaftiques , les
corps froids ayant leurs parties plus ferrées
6c plus compares.
A l’égard de la force attra&ive des
corps, elle eft une vertu dont on ignore
la caufe. C’eft un principe a&if 6c interne
qui fait approcher les uns des autres
les corps qui font réciproquement
éloignés. Voici les effets que produit ce
principe.
Premièrement, les parties de tous les
corps folides s’attirent mutuellement :
elles tiennent Les unes aux autres; &c
par la vertu attra&ive, elles forment de
groffes maffes.
En fécond lieu , toutes les parties des
liquides s’attirent auffi mutuellement,
comme il paroît par leur ténacité & par
la rondeur de leurs gouttes. De plus,
les liquides attirent tous les corps folides;
6c ceux-ci attirent aufli les liquides
, comme les expériences fuivantes
le prouvent.
Prenez deux glaces de miroir bien
unies 6c polies, fort nettes & bien sèches
: mettez l’une contre l’autre; vous
trouverez qu’elles tiennent enfembleavec
beaucoup de force, en forte qu’on ne
peut les féparer qu’avec peine.
Mettez çà 6c là entre ces deux glaces
lin fil de foie d’abord tel qu’il a été filé
par les vers à foie ; 6c enfuite mettez-
en deux, trois ou plufieurs enfemble que
vous aurez entortillés ; 6c vous verrez
que la vertu attra&ive de ces deux glaces
diminuera à proportion qu’on les éloignera
ainfi l’une de l’autre.
Comme dans une goutte d’eau les
parties qui s’attirent réciproquement ne
reftent pas en repos, avant que d’avoir
formé une petite boule ; de même aufli
deux gouttes d’eau fituées l’une proche
de l’autre, 6c légèrement attirées par
la furface fur laquelle elles fe trouvent,
fe précipitent l’une vers l’autre par leur
attra&ion mutuelle ; 6c dans l’inftant
même du premier contaû, elles fe réu-
niffent 6c forment une boule.
Lorfqu’on mêle enfemble les parties
de divers liquides, elles s’attirent mutuellement
; celles qui fe touchent alors ,
tiennent l’une à l’autre par la force avec
laquelle elles agiffent. C’eft pourquoi les-
liquides pourront fe changer de cette
manière en un corps folide, qui fera-
d’autant plus dur, que la vertuattra&ive
aura été forte, de forte que les liquides
fe coaguleront. Cela arrive lorlqu’on
mêle le plus fubtil efprit urineux avec
l’alcohol; car ce mélange fe durcit d’abord,
6c forme une maffe qui reffemble
à de la glace. L ’efprit de brandevin mêlé
avec du blanc d’oe uf, ou avec la férofité
du fang , le fait coaguler.
Le blanc d’oeuf & le fang fe coagulent
aufli par le moyen de l’efprit de fel marin
, de l’efprit de nitre, 6c de l’huile de
vitriol. On fait cailler le lait avec de la
préfure, avec le fuc de la petite catapuce,
avec l’efprit de miel, l’efprit de nitre, 6cc.L
es effervefcences offrent un fpec-
tacle admirable de toutes fortes d’attractions.
On appelle effervefcences certains
mouvemens internes 6c prompts, qui s’écartent
lorfqu’on mêle enfemble deux
corps qui étoient auparavant en repos,
ou qui n’avoient que peu de mouvement.
Ces mouvemens internes font comme
de fortes ébulitions & fermentations
qui agitent les parties des corps de toutes
fortes de manières.
Pour produire une efferv^fcence, mettez
dans un verre un peu de fel de tartre,
ou de la potaffe, ou de fa leflive ; verfez
dans le verre un peu d’efprit de nitre ,
ou de l’huile de vitriol, ou du jus de
citron ; il fe fera alors une grande effer-
vefcence. Cet effet eft produit par l’at-
traôion mutuelle des parties acides 6c
des parties alkalines.
Il y a une infinité d’autres expériences
qui manifeftent l’attraftion mutuelle des
corps. On a découvert encore que par
le frottement, certains corps acquièrent
une grande vertu attra&ive. Celle - ci
n’agit point par la même caufe que l’autre
; mais fes effets font plus fenfibles , 6c c’eft toujours ici une attra&ion. On
appelle cette vertu la vertu électrique ou
-MU S C HE
Pélectricité : c’eft le nom latin du premier
corps à qui on a reconnu la vertu dont
je parle, qui eft l’ambre, electrum. D ’abord
on a cru qu’elle n’étoit particulière
qu’à certains corps, tels que l’agathe
noire, le foufre, la gomme copal, l’encens,
la réfine , &c. mais on a reconnu
enfuite que cette propriété étoit particulière
à prefque tous les corps.
La vertu éie&rique eft plus forte en
été qu’en hiver, & aufli plus forte lorf-
que le temps eft ferein, lorfqu’il règne
un vent du nord, 6c pendant le jour,
que lorfqu’il fait un tempsfombre, 6c que
l’air eft humide.
Quand les corps font éle&riques, ils
attirent ceux qui n’ont pas en même temps
cette vertu ; 6c ces corps peuvent communiquer
leur vertu à toutes fortes de
corps proche defquels ils fe trouvent, ou
auxquels ils tiennent, ils -attirent les corps
•légers, 6c en font attirés.
II paroît qu’il y a deux fortes d’électricité
, dont l’une eft la vitrée, & l’autre
la réfineufe : mais on ne fait pas en quoi
confifte leur différence. Eft-ce dans la
fineffe, dans le mouvement des écoule-
mens de la matière éleririque, ou parce
qu’il entre une plus grande diverfité de
parties dans le concours de l’une que
dans celui de l’autre ? C’eft ce qu’on
ignore abfoiument.
Voilà quelles font les propriétés générales
des corps folides. Celles des fluides
font en plus grand nombre. On donne le
nom dzfluide à un afiemblage de corpuf-
cules, dont chacun pris 6c examiné fépa-
rémenteft fi périt, qu’il eft infênfible à nos
-fôns, 6c qu’à caufe de cette petiteffe , il
fe fépare des autres, 6c cède à la plus légère
impreflion.
Il eft vraifemblable que les parties des
fluides ont une figure fphérique ; i°.
Parce que les corps qui ont une fem-
-blable figure, roulent 6c gliffent les uns
fiir les autres avec une grande facilité;
2°. Parce que toutes les parties des fluides
grofliers que l’on peut voir à l’aide du
microfcope, ont une figure fphérique.
Tels font le lait, le fang, les huiles 6c
le mercure*
N B R O E K. a p
Lorfqu’on reçoit la fumée de charbon
fur la furface d’un verre plat, elle repréfente
de petits globules. La lumière qui
réfléchit fur une furface,- ne pourrait former
l’angle d’incidence égal à celui de
réfleflion, fi ces parties n’etoient pas des
globules.
Quand on compare enfemble les liquides
, on trouve qu’ils ne font pas tous
■ également fluides :• car l ’efprit de vin
éthéré eft plus fluide que l’alcohol, &
l’alcohol eft plus fluide que le brandevin ;
celui-ci l’eft plus que l’eau, qui a plus
de fluidité que le mercure, les huiles ou
les fyrops. Mais de tous les liquides que
nous connoiflons, il n’en eft aucun qui
foit fi fluide que la lumière & le feu.
La lumière eft le fluide le plus fubtil
qu’il y ait peut-être dans la nature : elle
dort des corps lumineux, & fe meut avec
une vîteffe incroyable. Elle paflë auffi
•facilement à travers les pores des dia-
-mans & des autres pierres précieufes ,
-qu a travers ceux du verre, quoique les
•pores de ces corps/oient fi petits, qu’on
-n’a pu encore les appercevoir à l’aide
•d’aucune forte de microfoopes.
- Les rayons de ce fluide font d’une
fineffe infinie ; car fi on expofe une chandelle
allumée au haut d’une tour, fa
flamme fe fait appercevoir de tous côtés
à la diftance d’une lieue & demie à la
•ronde ; de forte qu’il n’y a aucun point
dans la fphère de trois.lieues fur lequel
■ il ne tombe un rayon de lumière de la
flamme.
La longueur des rayons de lumière
peut auffi être infinie..En effet, ces rayons
ne s’étendent pas feulement du foléil fur
notre globe, dont la diftance eft il grande,
qu’un boulet de canon pourrait avec
peine parcourir ce chemin dans l’efpace
de vingt-cinq ans ; mais il vient encore
des étoiles fixes d’autres rayons de lumière
qui fe rendent jufques fur notre
terre, & cette diftance eft infiniment
plus grande que la précédente. Elle eft
telle, fuivant le calcul qu’on a fait d’après
les obfervations de la parallaxe des étoiles,
qu’un boulet de canon qui ne cef-
feroit d’avancer jour & nuit avec 1a