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ceffaires pour communiquer à ces oeufs
une matière propre à les féconder, pour
les faire defcendre de l’ovaire dans l’uté-
r-us, 6c pour commencer à les animer.
Le corps de l’animal étant ainli formé,
le fang coule dans les veines, 6c c’eft
dans le fang qu’eft le principe de fa vie. En
effet, toutes les matières qui conftituent
le fang, font dans l’eftomac, qui eft leur
première fource , félon Woodward,
Il fe trouve dans cette partie du corps des
fels de la même elpèce que ceux qui forment
la bile, des tels ammoniacs 6c volatils
, des fels fixes 6c alkalis , des fels
amers , doux , 6cc. Le conflit de ces
divers fels forme des fumées, des vapeurs
ou des yents, qui gonflant l’efto-
m ac, font caufe qu’il preife le tronc inférieur
de l’aorte qui eft derrière lui fur
l’épine du dos, 6c qui par cette fituation
fe trouve fournis à l’aâion du ventricule.
Cette preffion gênant la defcente du
fang plus ou moins, fuivant quelle eft
forte, fait qu’il en monte plus ou moins
au cerveau , pour remplir les fon&ions
de cet important organe. Comme ces
fels en agiffant fur l’eftomac y font di-
verfes impreflions, ainfi que fur l’aorte
que le ventricule preffe, 6c fur le fang
qui y eft contenu , ce qui occafionne
différens mouvemens dans le cerveau, il
fuit que ces fels contribuent à la pror
duttion des penfées, & à celles des paf-
fions qui naiffent de ces mouvemens.
Ces fels font un diflolvant qui divife,
atténue , diflbut 6c digère les particules
folidesde l’aliment qui tombe dans l’efto-
mac , 6c le rend ainfi capable de paffer
par les veines ia&ées, 6c de fe décharger
cnfuite dans le fang. Leur combat continuel
, qui eft femblable à celui qui a lieu
dans les opérations chymiques, produit
une effervefcence & une chaleur qui fe
partagent 6c fe foutiennent dans le fang
6c dans les autres parties du corps. En fe
diftribuant ainfi, l’aliment nourrit le corps
& le fait ftoitre.
Les fumées que produit l’a&ion des
fels, agitent les vaiffeaux, 6c en font
fortir les parties glutineufes de l’aliment.
Par-là fis forment des globules, Jefqijels
WA R D:
s’étendent ou fe reflerrent fuivant que la
chaleur 6c les fumées qui y font renfermées
, font plus ou moins grandes. Ce font
ces globules qui donnent le mouvement
aux mufcles, 6c par conféquent à toutes
les parties du corps, qui entretiennent les
artères, les veines 6c les nerfs dans leur
tenfion naturelle. Et tel eft le mécanifme
qui produit les fenfations, & quiconftitue
¥animation du corps ou la vie.
Ainfi il eft évident que la vie eft entièrement
dans le fang, 6c que c’eft cette
liqueur qui donne la force, le mouvement
& la vie à tous les membres &c à tous les
organes, qui ne peuvent être que froids ,
impotens & fans a&ion, quand le fang
les abandonne.
On peut juger par ces fragmens du
grand Ouvrage de Wo odward , de
l’étendue de cet Ouvrage, & de l’importance
du fujet. Il eût été à délirer qu’il
s’en fût uniquement occupé ; mais de nouvelles
idées que fes recherches faifoient
naître, le détournoient fouvent de fou
objet ; 6c lorfque c es idées avoient acquis
une certaine eonfiftance, il en for*
moit un Livre,
C ’eft ainfi qu’il compofa un Etat pré-
fent de la Médecine & des maladies, & des
recherches fur leur accroiffement depuis quel*
que temps y & fur-tout de la petite vérole ,
qvec quelques réflexions fur le nouvel ufage
de purger dans cefte maladie, lequel parut
en 1718. II eft précédé d’une Idée de la.
nature de C homme , des défordres à quoi elle
e f fujette , & de la méthode de les rectifier•
Cette brochure efliiya quelques criti*
ques , parmi lefquelîes on diftingue celle
du Doéleur Jacques Quinci , qui parut
fous le titre dé Examen.
Ce fut ici le dernier Ouvragé que
notre Philofophe fit imprimer. Au commencement
de l’année 1728, fa fanté
s’affoiblit tout à coup, 6c fon corps dépérit
avec tant de promptitude, qu’il mourut
le 25 Avril 1728, âgé de foixante-
trois ans. Il fut enterré à Weftminfter ,
où on lui a dreffé un monument.
On trouva parmi fes papiers deux Ou-f
vrages manufcrits, dont l’un étoit intitulé
; Defcription méthodique de toutes les
e/fècef
wo o D tfpèces de foffiles ; Sc le titre de l’autre
eft : Ejfai d'une hifloire des fofjiles d1A ngleterre
, ou Catalogue des foffiles d'Angleterre
, qui fe trouvent dans la collection
du Docteur J. Wo O D W A R D , contenant
la defcription hifiorique de chacun, avec des
obfervations & des expériences pour en découvrir
l'origme , la nature & leurs divers
ufages. Le premier fut imprimé en 1728,
6c le fécond l’année fuivante. La Defcription
eft un Ouvrage très-recommandable
: elle contient un dénombrement de
toutes les fortes de fofliles. L ’Auteur en
compte cent cinquante-une ; favoir, fix
métaux , douze minéraux, quatre-vingt-
huit fortes de pierres * cinq fortes de fels,
neuf fortes de foufre, quatre efpèces de
fable, 6c vingt-fept fortes de terre.
A l’égard de \'Effai9\\ eft formé d’après
une colleérion de fofliles , tant d’Angleterre
que des Pays étrangers, qui a
été faite avec une peine 6c des dépenfes
extraordinaires. G’eft le fruit d’un travail
de quarante ans, foutenu par une paflion
très-vive pour l’avancement de l’Hiftoire
Naturelle en général, 6c dont le principal
objet étoit de conftater l’univerfalité du
déluge. Aufli cette colle&ion renferme-
t-elle une quantité prodigieufe de fofliles
de toutes les parties du monde.
Il eft fans doute étonnant que pendant
une vie d’auflî peu de durée, 6c allez
remplie par les diverfes occupations que
lui donnoient fes différens emplois, il ait
trouvé le temps d ’entretenir toutes fes
correfpondances, former une très-belle
bibliothèque, raffembler une fi grande
quantité de fofliles, achever un fi grand
nombre d’Ouvrages, ou qu’il a donnés ail
Public, ou qu’il a laiffés en manufcrit
après fa mort. Mais il a fourni à tout par
urie application continuelle 6c infatigable,
tellement qu’étant détenu au lit pendant
plufieurs m ois, il ne ceffoit de travailler,
& il eft mort la plume à la main.
L’Auteur de la Préface de l’Hifloire
Naturelle illuftrée, M. Holloway, parle de
trois Ouvrages manufcrits de notre Philofophe
, lefquels n’ont point vu le jour.
Le premier eft intitulé : Notes fur le pre-
1/iier Chapitre de la Gerièfe, C ’ell une apo-
W A R D . 8 1
logie de fa Théorie de la T erre contre les
attaques de Wijion $ qui lui oppofe l’hif-
toire de la création , félon Moife.
Le fécond Ouvrage devoit être intitulé :
Defcription de l'état du genre humain dans
les premiersfiècles , avec un Difcours hifiorique
dans lequel les ufages , les coutumes ,
les fentimens & les traditions , comme aufjz
les arts , les meubles , les infirumens & les
armes des plus anciennes Nations font exactement
comparés, dans la vue de découvrir
P origine des Nations , celle des Américains ,
des Nègres & des Indiens.
Le but de l’Auteur eft de prouver par
les fentimens 6c les pratiques des Américains
, des Nègres 6c des Indiens , par
leur principale coutume tant religieufe
que civile, qu’ils fortent tous originairement
d’une feule 6c même fouche, 6c que
la différence qui eft maintenant entr’eux
par rapport à la taille, la figure, les traits ,
les cheveux 6c la complexion , ne vient
que de la diverfité de la chaleur du climat,
du terroir, de fes produirions, & de la
manière de vivre.
Le titre du troifième Ouvrage e ft, D e
la fageffe des anciens Egyptiens, ou Difcours
touchant leurs A n s , leurs Sciences & leur
Religion , avec des réflexions faites a cette
occafion par les Juifs & les autres Nations.
Le Chevalier Marsham 6c le Do&eur
Spencer avoient publié qu’une partie des
pratiques de Moife étoit empruntée des
Egyptiens; mais "Woodward fait voir
dans cet E crit, qu’ils ne rendent point
juftice à Moife , qui eft véritablement
l’auteur de ces pratiques. C’en eft prefque
tout le deffein ou l’objet.
, Notre Philofophe a encore laiffé un
monument de fon zèle pour le progrès
des fciences : c’eft une chaire dans l’Üni-
verlité de Cambridge , qu’il fonda par
fon teftament daté du premier O üobre
1727, pour y donner des leçons fur fa
théorie de la T erre , fur la végétation 6c
l’état préfent de la Médecine, c’eft-à-dire
pour y enfeigner fa do&rine fur ces trois
parties des connoiffances humaines. Afin
de fubvenir aux frais néceffaires à l’entretien
de cette chaire, fon intention étoit
qu’on achetât des terres dont le revenir
L