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Ornithologie > hoc eft de avibus Hijlorie
Libri XII : agunt de avibus rapacibus. Le
fécond fut imprimé en 1600 avec ce titre
: Ornithologie tomus alter : agit de avibus
terrejiribus menfe infervientibus & cations
j in - fol. Le troifieme > intitulé,
Ornithologie tomus tertius & pofremus :
agit de avibus aquaticisj & circa aquas de~
gentibus j fut publié en 1605.
Cette divifion par dafles n’auroit pas
été fufKfante pour mettre de l’ordre- dans
rénumération des oifeaux : aufli notre
Philofophe , à l’exemple de Gefner 3 les
diftribua par familles , afin de les diftin;-
guer les uns des autres, foit par les plumes
, le bec , les ongles, foit par le col,
les ailes, les cuifies, les jambes 8c les
pieds : 8c cette divifion a été adoptée par
tous les Naturaliftes , qui reconnoiflTent
aujourd’hui fix familles.
La première famille comprend les oifeaux
qui ont le bec courbé & les ongles
crochus : tels font les oifeaux de proie
qui font carnivores , comme les aigles, le
faucon, le chat-huant, le duc, le milan
, le vautour, le hibou, l’épervier, le
coucou , les perroquets, &c.
On diftingue encore ces oifeaux en
diurnes ou oifeaux de jour, 8c en nocturnes
ou oifeaux de nuit. Les premiers
ont la tête 8c le col court, le bec 8c les
ongles crochus, la langue large 8c épaifle,
& la vue perçante. On connoît les oifeaux
no&urnes par la groffeur de leur
tête , qui eft faite à-peu-près comme celle
des chats.
La fécondé famille renferme les oifeaux
à bec de pic, tels que les corbeaux ,
les corneilles , les pics, les pies, le geai,
la huppe, l’étourneau , les merles, 8cc.
La troifieme famille contient les oifeaux
qui habitent les bords des eaux
douces 8c les rivages de la mer, 8c dont
le caraétere eft d’avoir les pieds fendus,
les jambes 8c les cuifies fort longues, fans
plumes au-deflous des genoux , comme
la grue, les hérons, le flamand, le butor
, la cicogne , le courlis, le vanneau>
le chevalier, le pluvier , &c.
F A N D E. Les oifeaux qui marchent fur terre 5Éj
nagent dans l’eau, compofent la quatrième
famille. Tels font tous les oifeaux
dont les doigts des pieds font unis
par une membrane , comme le pélican,
la palette, le cygne , les oies, les canards*
le morillon , la macreufe, la farcelle , 1$
cormoran, 8cc.
On comprend dans la cinquième famille
les oifeaux qui n’ont point d’habitation
fixe, qui vont indifféremment
dans les taillis, les guérets ., les buiffons,
les haies, 8cc. comme les pigeons , les
tourterelles , les pinfons, l’alouette , le
chardonneret , le verdier , le ferin ,
L’ortolan , la linotte, la bergeronnette, le
bruant, la fauvette, le roitelet, les hirondelles.,
le tarin, &c.
Enfin, la fixieme 8c derniere famille
renferme les oifeaux des genres des pou?
lès, comme le paon, le coq d’Inde,lë
coq privé, celui de bruyere, le faifand, la.
perdrix, la gelinotte , &c. (1); $
Cette divifion , quoiqu’étendue , n£
renferme pas encore tous les genres d oi-,
féaux} car il en eft de tant d’efpeces ,
qu’il eft difficile de les réunir dans des
claffes particulières : mais, en fe bornànt
à celles que je viens d’expofer, on peut
juger de la grandeur de l’entreprife d A l-
drovande , lorfqu’il a décrit tous les
oifeaux} qu’il a fait l’hiftoire de leur
induftrie, de leurs inclinations, 8c de
leur maniéré de vivre : fi on ajoute à cela
une infinité d’obfervations qu’il a femées
dans fon Hiftoire générale des oifeaux ,
on comprendra combien cet ouvrage eft
eftimable, 8c digne d’éloges. 11 n’y a
prefque point d’article fur lequel 1 Auteur
ne fafie quelque remarque particulière
j 8c quoique tous les Naturaliftes
lui rendent juftice à cet égard , quelques
Littérateurs ont écrit qu’il avoit compile
trois volumes in-folio fur les oifeaux*
C ’eft le fameux Bayle qui a donné lie«
à cette expreflion.
Après avoir dit que l’antiquité ne nous
fournit point d’exemples d’un defleins
aufli étendu 8c aufli laborieux que celui
(1) Voyez le Dictionnaire d'Hifioire Naturelle, article Oifeau4
A L T) R O «LAlmiov ande iËaylé ajoute : Et fa compilation
compferid plufittirs gros volumes
in-folio. Cette expreflion paroît dégrader
l’ouvrage de- notre Philofophe', 8c
par cela même elle eft impropre. Le mot
compiler fignifie recueillir , ramafler j
colliger divers morceaux de différents
Auteurs , 8c en faire une collection.
C ’eft un travail méchanique qui ne demande
que du goût dans le choix des
morceaux , 8c auquel on attache peu
de mérite. Mais le travail d’ALDRO-
V ande n’eft pas cela. Dans fon Hiftoire
générale des Oifeaux , il a fans doute
profité des Auteurs qui avoient écrit fur
le même fujet j car il eft impoflible de
faire une énumération exaéte de plufieurs
chofes, fans rapporter ce que les autres
en ont dit : l’énumération feroit incom-
plette fans cela. Mais combien d’articles
dans fon grand ouvrage font le fruit de
fes obfervations ! Quel Naturalifte s’étoit
donné la peine avant lui de faire defliner
les oifeaux d’après nature 8c de nous les
décrire de vifu? Pline * 8c tous les autres
Naturaliftes qui ont paru après lui jufqu’à
A l d r o v a n d e , n’ont travaillé fouvent
que d’après le rapport des voyageurs, ou
des gens de campagne, qui parlent de ce -
qu’ils n’ont pas v u , ou qui ne favent
pas rendre ce qu’ils ont vu. Rien ne doit
donc être plus fufpeét de faufleté ou d’in-
exaétitnde que la defcription d’une chofe
d’après celle qu’en donnent ces fortes
dé perfonnes. Telle n’eft point'îa conduite
d’ALDRovANDE dans (on ouvrage.
Cet Auteur a vu les chofes par lui-
même 8c avec les yeux des plus habiles
Deflinateurs de l’Europe. C ’eft d’après,
fon propre témoignage , d’après celui de
ces Dellinateurs, qu’il écrit ; 8c s’il eft
obligé quelquefois de s’en rapporter à des
Auteurs qui ont décrit des oifeaux étrangers
qu’il n’a pas pu voir par la diftance
des lieux, ou que le hafard a fait con-
tioître , e’eft avec la plus grande méfiance
tqu i f en parlé. O r , peUt-on dire qu’une
pareille compofition eft une compilation ?
Et comment concilier cette qualification
VA N D E. ïf
avec l’éloge magnifique que Bùyle fais
de l ’ouvrage de notre Philofophe i
Quoi qu’il en foit,Aldrovande, aprèà
avoir publié fon hiftoire des Oifeaux, mit
au jour un ouvrage fur les Infe&es. C ’eft
Un lujet très piquant} mais l’exécution ne
répond pas toujours au deflein de l’Auteur.
On a écrit depuis fur cette matière ;
8c c’eft avec un foin 8c une exactitude qui
ont fait prefque oublier le travail de notre
Philofophe ( i) . C ette étude des in i
feétes le conduifit à une autre bien atr
trayante : ce fut celle des animaux qui
n’ont point de fan g , tels que les crufta-
c é e s , les teftacées , 8c les zoôphytes. *
Les cruftacées font des poifions qui
ont des écailles aflez tendres, comme lé
cancre , l’écrevifle , lé homard , & c . La
tête & le ventre de ces animaux font immobiles
, 8c tiennent avec tout le corps :
leurs yeux font fitués au-defius de la bouche
, 8c n’ont point de paupières, 8c leur*
tête eft armée de petites cornes qui leur
fervent à fè défendre contre leurs ennemis.
Ils habitent les étangs marins, Leni*
bouchüre des r iv iè re s , les lieux limon-
neux , 8c les fentes des rochers : ils v i vent
de bourbe, d’ordure, & de chair* -
On donne le nom de teftacées- à des
efpeces de poiflons qui fe renferment
8c vivent dans des coquilles dures & fo-
lides , dont les couleurs font aufli variées
que les figures. C ’eft ce que nous appelions
coquillage. Le corps de ces animaux
eft mou , 8c fans articulation fenfible. Il
y en a de tant d’efpeces, que les Naturaliftes
font embarraffes de les cia fier. En
général ils les diftinguent en univalves »
en bivalves 8c en multivalves. Les coquillages
univalves font d’une feule piece : Tes
bivalves font de deux piècess 8c on appelle
multivalves les coquillages qui font
formés de Laflemblage de plufieurs pièces
inégales.
Chacune de ces clalTés fe fubdivife en
familles ou genres. La première claflè a
quinze familles,dans lefquelles font compris
lesvermiflTeauxyles coquilles à tuyaux^,
les nautiles, les.limaçons, les buccins, lesÏO
Voyez'l’hiftoire de M. de Réaumnr dans cê volume-.