HA R T S O EK *
I L faut s’attendre à des ch oîes toujours
plus curieufes 6c plus imp ortantes, à
mefure qu’on avancera dans la le û u r e de
ce tte H ifto ire des-Phyficiens modernes.
L ’expérien ce 6c les o b lervations é c la ir
e n t ; le raifonnement fe re&ifie par l à ,
& fe p e r fe& io n n e , & les d é cou ve rtes
de viennent a infi plus faciles 6c plus abondantes.
C e lle s que Rohault 6c Boyle
a vo ien t faites en preparoien t iine infinité
d’autres. Il ne s’agiffoit que d e fui vre
leurs t ra c e s , 6c de profite r de leurs trav
a u x , 6c même de leurs erreurs. C ’efl:
auffi ce que fit le tro ifièm e P h y f ic ie n ,
q ui a paru depuis la renaiffance des L e tt
re s .
N é a v e c les difpofitions les plus heu-
reufes pour l’é tu d e , il entra dans la ca r r
iè re des fciences a v e c l’ardeur la plus
bouillante. T o u t l’ in te re fla , 6c la P h y -
fiqu e des C i e u x , 6c la P hyfiqu e te r re ftre ,
f i l’o n peut pa rler ainfi. Il vou lu t con-
n o ître la nature en t iè re , & d a n s c e h ardi
p ro je t il confulta tou t le m o n d e , 6c ne
goûta p refque perfonne. Son e fp r it, q u o iq
u e trè s -p én étran t, étoit naturellement
ch agrin & cauftique. Il étoit fort alerte
à red refle r les fautes q u ’il c ro y o i t a v o ir
rema rquées dans les O u v ra g e s des aut
r e s , 6c c’étoit a v e c une amertume qui
déparoit fou vent fes bonnes intentions ;
mais les qualités de fon coeur, étoient e x ce
llentes , 6c fes vue s eto ien t droites.
Bon té de coe u r 6c inquiétude d’ e fp r i t ,
v o ilà c e qui formoit Ion caraèlère : c e fl
c e dont oii pourra ju ger par 1 h iftoire de
fa v ie .
Il fe nommoit Nicolas Hartsoeker,
6c étoit né à G ou d c en Hollande le 16
Mars 1 6 5 6 , d’ une famille ancienne. Son
p è re , q ui é to it Miniftre R em on tran t,
s ’ap pelloit Ckrijlian Hartfoeker, 6c fa
mè re Anne Vand&r-my. Ils le firent étudier
dans des vu e s de lui p ro cu rer que lque
établiffement u t ile ; mais la nature
l’a v o it formé p ou r un plus grand o b jet.
L e jeune H a r t s o e k e r fut d’ab ord
frappé du fpe&ac le du firmament. Il ne
p o u v o it v o ir le c ie l 6c les éto iles fans
ém o t io n , 6c il pren oit un plaifir infini
à les confid érer. Il alloit ch e rch e r dans
les Almanachs tou t ce q u i étoit é c r it là-
d e fîîis , mais il n’ é to it point fatisfait ; il
n e comp renoit pas comment on a v o it
fait les tables qui s’y trou v en t. O n lui
dit q u e ce la s’apprenoit par les Mathématiques
, 6c fur le champ Hartsoeker
vo u lu t apprendre les Mathématiques. Son
p è re apprit ce tte r é fo lu t io n , & s ’y o p -
pofa. Il fa voit que les Mathématiques ferv
en t bien à o rn er l’efprit 6c à form e r
le ju g em en t , mais il ne les c ro y o i t nullement
p rop res à p ro cu rer une fortun e.
Il n’a v o it point o u i dire q u ’on amafsât
de grands biens en les c u lt iv a n t , 6c il
v o u lo it que fon fils prît un état qui pû t
le mettre à fon aife. Q u o iq u e n otre jeune
Philofop he n ’eû t encore que douze o u
tre ize ans , fa paiïion pour l’étude des
Mathématiques é to it déjà fi fo r t e , qu’ il
ne fit poin t du tou t attention au x raifons
de fon père : ■ feulement .il prit le parti de
lui o b éir en apparence , en faifant fem-
blant de fe conformer à fes vu e s , 6c d ’étudier
en cachette.
P o u r ex écu ter ce tte réfolu tion , il
amafî'a d’abord en fecre t le plus d’argent
q u ’ il p u t , 6c réfolu t de facrifier à l’ étude
des Mathématiques fes heures de réc réation
. Il fe m it ainfi en é tat d’aller t ro u v e r
* Elooe ^HARTSOSICER., par M. de F ontc»elle. Mémoires
pour Jervir à l’ Ht flaire des Hommes Iliuftrp , pat
i e P. 'Hiceron, Tome VIII. Diftioititairc Hijioriqut &
Critique de Chaufepit, a r t . Har t so e k e r . E t fes O u vrages.