verte importante qu’on a faite depuis
Boerhaave. C ’eft une liqueur
blanche , diaphane , très - pénétrante
, plus volatile & plus inflammable
que l’efprit-de-vin, & qui
tient exactement le milieu entre
l ’efprit ardent & l’huile. Elle eft
formée d’efprit - de-vin dépouillé
par l’acide vitriolique de fon eau
principe, & rapproché ainfi de la
nature d’une huile. Comme elle eft
la plus volatile & la plus évapora-
ble de toutes les liqueurs, & que
les liqueurs produifent en s’évaporant
un degré de froid proportionné
à leur évaporation , on produit un
très-grand froid’ par le moyen de
l’Ether ; de façon qu’en enveloppant
la phiole du thermomètre de M.
de Reaumur d’un linge mouillé de
cette liqueur, on fait defcendre la
liqueur du thermomètre jufqu’à 40
degrés au-deffous de la glace : ce
qui eft un froid énorme ; celui de
l’hiver de 1709 ne l’ayant fait defcendre
que de 1 y degrés.
On croit que les anciens Chy-
xniftes ont parié de cette fubftance ;
mais elle n’a été connue qu’en
17 3.0. C ’eft un Chymifte Alleman d
nommé Frobenius , qui l’a compo-
fée le premier, qui en a découvert
les premières propriétés par
plufieurs belles expériences, & qui
lui a donné le nom d’Ether. Pref-
que tous les Chymiftes ont fuivi
le travail de cet Allemand , & M.
Baume l’a fait avec tant de fuccès y-
que lès procédés pour la compofi-
tion de cette liqueur , fes expériences
& feS’ découvertes forment un
jufte volume très-effimé des Savans.
Ce font là les découvertes les
plus confidérables qui méritent d’être
comptées au nombre de celles
qui ont enrichi la Chymie. Il en
eft encore d’autres qui , quoique
d’une clafle différente, n’en font pas
moins dignes d’eftime.. Telles font
celles de M. de Reaumur fur la p orcelaine
( c ) , de MM. Geoffroi &
Rouelle fur les fels, le bifmuth, ôte»
de MM. Diesbach & Macquer fur la-
bleu de PrufFë, ôte. Mais ce n’eft
point ici le lieu de les détailler»
Elles font expofées fort clairement
dans le Dictionnaire de Chymie j.
ôt e’eft afiez que de les indiquer ,
pour ne rien omettre d’effentiel à
l’Hiftoire de la Chymie. Je crois*
devoir feulement prévenir le Lecteur,
qu’on n’en trouvera aucune
qui puiffe favorifer le fentiment des
Alchymiftes fur la tranfmutation
des métaux» Tout le monde fait
que ces gens-là font de prétendus-
Chymiftes qui croyent cette tranfmutation
poflible, & qui veulent
même qu’on en ait fait déjà la découverte.
Plufieurs d’entr’eux fou-
tiennent aufli qu’ils connoiffent
cette découverte. C ’eft ce qu’on
appelle en Chymie avoir le fecref
de la. Pierre philofophale,.
' (c)On trouvera.ces découvertes & celle & la porcelaine dans l’HUloiie 4« M. dt Reaumur ’, dans le VIIIe. volume dezcttetiïJlQÏTedçsPhïlofofçs mietnef--
Dans un fiècle aufli éclairé que
le nôtre, les fentimens fit les prétentions
des Alchymiftes ne devraient
plus occuper. Mais leurs
écarts , leurs contes Ôt leurs recherches
font une chofe trop cu-
xieufe pour ne point en parier dans
ce Difcours. D’ailleurs tous les
Alchymiftes ne font pas morts ,
& il eft encore des adeptes qu’il
convient d’éclairer ou de convertir.
Ceux qui veulent que le fecret
du grand OEuvre ou de la Pierre
philofophale a été connu , citent
pour preuve de leur fentiment différent
traits de l’Ecriture Sainte,
de la Fable ôt de l’Hiftoire. L ’or
& l’argent n’ont été fi communs,
difent-ils , fous le règne de Salomon
, que parce que ce Roi avoit
le fecret du grand OEuvre. Les Fables
font, fi on les en croit, des
voiles fous lefquels les Poètes ont
voulu cacher les grands fecrets de
l’Alchymie. Jupiter transfiguré en
pluie d’or ,. défigne la diftillation
de l’or. Le rameau d’or, qui, félon
la Fable, renaiflbit toujours quand
on l’avoit coupé, fignifie la multiplication
de l’or. La Fable d’Orphée
exprime la douceur de l’or
potable. Enfin Latone devenue enceinte
dans rifle de Délos, après
le commerce quelle avoit eu avec
Jupiter, eft l’emblème de la tranfmutation
du cuivre mis dans un
creufet, en or ôc en argent.
J’appelle preuves d’Hiftoire celles
qu’on tire des richeffes immen^
fes ôt inopinées des différens particuliers
, tels c\\icNicolas Flammel.
C’étoit un pauvre ouvrier qui devint
tout d’un coup puiffamment riche.
Il fit bâtir les charniers des SS. Inno-
cens , & fit d’autres dépenfes aufli
confidérables. Or on le demande,
comment un fimple ouvrier avoit-il
pu acquérir une fortune fi exorbitante
? C’eft , dit-on, qu’il avoit
le fecret de faire de l’or. Sans doute
qu’il avoit ce fecret, mais ce n’étoit
point l’art de la Chymie qui le lui
avoit révélé, mais, bien celui de la
friponneries
Flammel étoit né dans le quatorzième
fiècle, temps oh les Juifs
furent chaffés de France , & leurs
biens confifqués. Il avoit été employé
par eux pour tenir leurs re-
giftres. Il connoifloit par là toutes
leurs affaires. Lorfqu’ils furent partis
, Flammel alla trouver leurs débiteurs
, & compofa avec eux , à la
charge de ne pas les dénoncer. C ’eft
ainfi qu’il amaffa ces fommes im-
menfes qu’on a attribuées au fecret
de la Pierre philofophale.
Pour cacher fon larcin, Ôt pour
faire croire que c’étoit à ce fecret
qu’il devoir fes richeffes , cet homme
le donna pour Chymifte. Il voulut
être enterré au Charnier des
Saints Innocens ; êt après avoir
défigné dans cet endroit le lieu de
fa fépulture , il ordonna qu’on mît
fon portrait au-deffus de fa tombe,,
ôt au-deffous de fon portrait cette:
ïnfeription : Je vois d’ici rnçulf mer--
veillesr