f ijij D I S C
,8c les fruits fervent à la génération
( r ).
Voici les oblervations qu’on a
faites fur la fenfibilité des plantes.
Il eft une plante qui croît dans
les pays chauds & humides, qu’on
cultive aulïi dans les jardins, dont
la fenfibilité eft étonnante : c’eft
la fenfitive. Quand on touche fes
feuilles, elles fe flétriffeot auffi-
tôt ; Si quelques moments après
qu’on les a quittées, elles reprennent
leurpremierevigueur.Lorfque
le foleil fe couche, la plante fe flétrit
tellement qu’elle femble fe
deiTécher comme fi elle étoit
morte; mais au lever du foleil elle
reprend fon état, 8c plus le jour
eft beau, plus elle reverdit : fi
dans ce temps-là un gros nuage
arrive fubitement , elle tombe
dans une efpeced’affaiflement,que
les Botaniftes appellent fon fom-
meil.
On trouve dans les Indes orientales
une plante qui imite les mouvements
des animaux , qu’on appelle,
à caufe de cela, miniofe,
nom commun à toutes les fenfiti-
ves. Ses feuilles, qui forment un '
parafol, fè tournent du côté du
foleillevant ou couchant, 8cfe pen-
O U R S
chent vers cet aftre à midi. Ccttd
plante eft encore plus fenfible au
toucher que la fenfitive : il y a cependant
entre elle SC cette dernière
plante cette différence
qu’elle ferme fes feuilles en def-,
fous, au lieu que toutes les plantes
fenfibles les ferment en deffus,
en élevant les deux moitiés de chaque
feuille pour les appliquer l’une
contre l’autre. Si quand fes feuilles
font dans la pofition ordinaire,
on les éleve un peu avec les doigts,
afin de les voir en dedans, elles fe
ferment fur le champ, malgré
qu’on en a it, Sc cachent ce qu’on
vouloir voir : elles en font autant
au coucher du foleil, 8c il femble
que la plante fe difpofe à dormir
(2),
Ce font là les obfervations les
plus remarquables 8d les plus modernes
fur la fenfibilité des plantes,
8c d’où plufieurs Phyfîciens concilient
qu’elles font de véritables
animaux ; eonclufîon trop hafar-
dée encore fuivant quelques Natu-
raliftes, pour les confidérer comme,
telles.
Mais voici un phénomène bien
extraordinaire, 8c qui favorife, ce
femble, le fentiment de ceux qui
(1) Voyez les Mémoires pour VHiftoire des Sciences & des Beaux-Arts, Novembre, 170y .
(z) Voyez VHiftoire de l’Académie des Sciences, année 1730 j & le Dittiornaire d'Uftoir*.
Naturelle, déjà cité, art, Senfitive%
foutiennent
" P RÉ L IMI NA I RE . ht
foutiennent que les plantes font
de véritables animaux; c’eft lepo-
type, qui eft un animal-plante,
■ & que M. Trembley regarda, lorf-
qu’ilen fit la découverte, comme
One fenfitive qui a un fentiment
plus exquis que les fènfidves dont
les racines tiennent dans la terre.
Lorfqu’on coupe le polype en deux,
la partie où eft la tête marche 8c
mange le jour même qu’elle a été
féparée, pourvu que ce foit dans
les jours chauds. Quant à la partie
pofténeure, il lui poulie des bras
au bout de vingt-quatre heures,
8c dans deux jours elle devient un
polype parfait (i).
Le bernacle,quieft une conque
anatifere, eft encore une forte d’a-
m’mal-plante : il fe multiplie , fi
l ’on en croit M. Needham , par
line efpece de végétation. On fait
auffi que la tethye , de l’état d’animal
parfait,devient dans fa vieil-
lefïe animal plante ; que la multiplication
des pucerons, qui fe fait
fans accouplement, eft femblable
a celle des plantes par les graines,
& que celle des polypes, qui a lieu
lorfqu’on les coupe, rellèmble à
la multiplication des arbres par
boutures. Enfin tout le monde
fait que les pattes de l’écreviffe
le reproduifent par une végétation
quand ont les a CalTées»
Toutes ces preuves accumulées
forment fans doute une forte
préfomption en faveur du fyf-
tême de l’identité des plantes Sc
des animaux. Les plantes font
animées comme eux, 8c il n’y a
que leur organifation qui les différencie.
Leibnit[ veut qu’il y ait
une chaîne d’êtres depuis l’être le
plus fpirituel ou le plus aélif juf-
ques à l’être le plus brut 8c le plus
paflîf, 8c ce fentiment eft fort
probable.
La faculté principale des animaux
, fi l’on en croit Ariflote,
c’eft la mémoire. Ceux qui font
capables d’inftruétion, ne le font
que par la mémoire. Tous les animaux
ont bien la faculté de fen-
tir; mais les fenfations ne reftent
pas dans tous également imprimées
dans le cerveau ; 8c c’eft cette
différence qui les rend plus ou
moins fufceptibles d’apprendre.
D e f cartes 8c fon célébré difei-
ple Rokault ne font pas de cet
avis. Ils foutiennent férieufement
que les bêtes ne font que de pures
machines , qu’elles font tout ce
que nous leur voyons faire, avec
auffi peu de fentiment qu’une horloge
qui marque l’heure par la
feule difpofition de fes roues 8c de
1 0 Voyez dans ce volume l’Hiftoire de Réaumur.
Tome V 111. b