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L E F E V R E.*
L ES découvertes de Paracelfe 8c fes
promefîes firent beaucoup d’amateurs
en Chymie, 8c fon ardeur pour
l ’étude de cette fcience enflamma de fon
amour ceux que la nature avoiî favorifés
d’un génie capable d’accélérer fes progrès.
Tels furent entr’autres Agricola , Van
JLelmont, 8c Glauber.
Le premier, né à Glauch en Mifnie
le Z4 Mars 14^4, employa tout fon bien
à la découverte des fecrets de la nature.
Il étoit Médecin, 8c quoique cette pro-
felfion lui rapportât beaucoup, il la quitta
pour fe vouer entièrement a la Chymie.
Il defcendit dans les mines les plus con-
fidérables de l’Allemagne, s’entretint familièrement
avec les mineurs, 8c acquit
ainfi une connoiffance parfaite des procédés
de tous les métaux. Il examina auffi
dans ces lieux les eaux minérales, les
exhalaifons qui s’y forment, les animaux
qui y vivent ; 8c après avoir vérifié fes
connoiflances par l’expérience, il écrivit
très-favamment fur ces matières.
Van Hdmont employa cinquante ans
à examiner par la Chymie les fofiiles,
les végétaux & . les animaux ; de forte
qu’il étoit en état de fournir lui feul un
cours de Chymie afîez complet. Il découvrit
l’huile de foufre (æ) , l’efprit de
corne de cerf, l’efprit dii fang humain ,
du fel volatil huileux, &c. Il fe vantoit
de pofleder un remède univerfel comme
Paracelfe, qu’il fuivoit de loin. Il étoit
né à Bruxelles en 1577* d’une famille
illuftre.,
On doit à 67d7/£er d’Amfterdam la découverte
de tous les efprits acides, par le
moyen de l’huile de vitriol, & de ce fel
fameux qui a confervé fon nom. C ’eft un
fel neutre compofé de l’acide vitriolique
combiné avec l’alkali marin, lequel efi:
d’un grand ufage en Médecine.
Toutes ces découvertes jointes à celles
que faïfoient des Ouvriers ou Artiftes
qui cultivoient chaque partie de la Chymie
féparément pour l'utilité de leur art,
avoient enrichi extrêmement cette fcience.
On favoit découvrir, effayer 8c exploiter
les mines ; on connoifioit les moyens
d’allier, de difioudre 8c d’affiner les
métaux; on faifoit des verres, des crif-
taux 8c de la fayence ; on préparoit fort
bien les couleurs, & on pofledoit l’art
de les appliquer fur tous les corps. Les
Difiillateurs *retiroient avec fuccès les
parties fpiritueufes, volatiles 8c aromatiques
des plantes, 8c nfignoroient pas
l’effet des fermentations de différentes
liqueurs,, telles que le vin, la bière, le
vinaigre, ôcc. Mais tous ces arts ou n’é-
toient point décrits, ou ne l’étoient que
féparément ; de forte qubn ne connoifioit
la Chymie que par parties, & on ne
l’àvoit pas encore réduite en corps de
fcience.
Le fécond Chymifie moderne s’impofa
cette tâche.. Il s’appelloit Nicolas Lefe-
VR E , 8c naquit en France, on ne fait
ni dans quelle Ville, ni en quel temps*
Seulement on nous a appris qu’il fut
élevé dans l’Académie Proteftante de
Sédan ; ce qui donne lieu de croire qu’iî
étoit de la Religion prétendue réformée*
Il étudia avec tant de fuccès la Chymie
& la Pharmacie, qu’il fut choifi par M*
Vallot, premier Médecin de Louis le
Grand., pour Démonftrateitr de Chymie
au Jardin Royal des Plantes de Paris. Les
travaux 8c les fuccès de notre Philofo-
* Abrégé de fa v ie , dans la préface du Cours de
Chymie. Diflionnaire des Médecins , par M.. EUoi , art.
iefevre. Et fes Ouvrages.
C») tes Ch); mille s appellent ainfi l'acide dufoufiçconcentré
' creft-à-dlr8 déBarralTé par une- ffmplér
dîftillation d’ une quantité d’eau furabondante qua
l’affa iblit „ & d’une- certaine matière safianunableî qui- le tend noix. & fulfmeux*
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