Ï O RO H AU L T.
fi l’on verfe de l’eau dans un fiphon,
dont les branches foient de grofleur inégalé
, il y aura équilibre, lorsque le
mouvement de toutes les parties d’une
branche fera précifément égal au mouvement
de toutes les parties de l’autre
branche : de façon que lçs unes en baif-
{ant n’auront ni plus ni moins de force
pour faire monter les au tre sq u e celles-
ci en baillant en auront pour faire monter
cellesrlà.
CJn corps qui eft en repos ne peut
jamais de foi commencer à fe mouvoir ;
ôc un corps qui a commencé à fë mouvoir
, ne petit jamais de foi ceffer de fe
mouvoir : ce qui fignifie qu’un corps
gerfifte dans l’état ou il eft, jufqu’à ce
qu’une caufe étrangère l’en tire.
Un çorps qui fe meut, perd autant
de fon mouvement qu’il en communique
; 6ç ce corps qui fe meut perd
moins de fon mouvement à la rencontre
d’un corps qui en a déjà,, qu’à la rencontre
d’ua corps qui eft en repos. Le
mouvement des corps eft d’autant plus
grand , que les corps font plus gros.
L’air s’oppofe^-au mouvement des
corps qui font fur la terre. C’eft un élément
qui agit en tout fens , 6c qui pèfe
fur - tout de haut en bas. Il fait monter
par fon poids l’eau dans une pompe ,
quand on en tire le pifton, 6c elle y
monte jufqu’à ce que le poids de fa colonne
foit égal au poids de la colonne
d’air.
Quand on plonge un corps dur dans
une liqueur, il s’y enfonce jufqu’à ce
qu’il déplace lin volume d’eau égal à
fon poids. Si le poids d’un corps eft
plus grand que celui de la maffe du liquide
qu’il déplace, il tombe au fond
avec une vîteffe produite par l’excès
de la force qu’il a fur la maffe d’eau.
On donne le nom de liqueur ou de liquide
à un corps qui fe divife très-aile—
ment en tout fens, 6c celui de corps dur
à une portion de matière qui ne fe di-
vjfe que très-difficilement. Un corps eft
d’autant plus dur, qu’il réfifte plus à fa
divifion , 6c d’autant plus liquide, qu’il
rélifte moins, & f e divife avec plus de
facilité. Entre ces deuxefpèces de corps,
il en eft une autre forte , qui rélifte
médiocrement à une preflion, 6c qu’ont,
appelle corps mol.
Ces diverfes qualités , qui diftinguent
les çorps, dépendent des élémens dont
tous les corps font formés. Il y a trois de
ces élémens ; le premier, qui conlifte
dans cette pouflièretrès-fubtile, laquelle
s’enlève à l’entour des autres parties un
peu moins fubtiles, 6c qui s’arrondif-
fent. Ces parties un peu moins fubtiles ,
6c ainli arrondies, font le fécond élément ; 6c on nomme troifième élément certaines
parties de la matière feules ou plufieurs
enfemble, qui demeurent fous des figures
irrégulières 6c embarraffantesr &
peu propres au mouvement.
Cela pofé, comme les parties d’un
corps liquide ne fauroient fe, mouvoir
les unes à l’égard des autres qu’elles ne
laiffent autour d’elles plufieurs intervalles
j elles doivent être néçeflajre-
ment entourées de quelques matières
extrêmement fubtiles, 6c c’eft du pre- .
mier & du fécond élément. Ainfi les l i quides
ne font perpétuellement agités
que parce que leurs parties nagent dans
la matière du premier & du fécond élément.
Quant aux corps durs, le premier &
le fécond élément ne divifent point leurs
parties, mais paffent par leurs pores, 6c
ne font point contrains de s’y arrêter. Ces
deux élémens peuvent cependant y être
enfermés ; mais ils réduifent le corps en
pouffiière lorfqu’on leur donne le moindre
paffage : on reconnoît cela par la
larme B atavique.
C’eft une larme de verre qui a été
faite,en Hollande pour la première fois,
d’où elle a tiré fon nom : elle eft toute
maflive. Lorfqu’on frappe affez fort avec
un marteau fur fa plus groffe partie .
elle ne fe caffe point; mais fi on rompt
le petit bout de fa queue, toute la larme
fe brife en éclat, 6c fe difperfe à la
ronde en une pouflière fort menue.
Tous ces corps fonttpujoursou chauds
ou froids. Ce font deux qualités accidentelles
, dont l’une, le chaud} conûfté
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dans le mouvement circulaire d’un corps
autour du centre de ce même corps;
& l’autre, qui eft le fro id , dans le repels
de ces parties.
Quand le corps eft tel que ces parties
s’évaporent ou d’elles-mêmes, ou quand
on les divife , il eft ou odoriférant ou fa-
voureux. Il eft odoriférant ou a de Y odeur,
lôrfque fes parties font affezy fubtiles
pour voler en forme de vapeurs du
d’exhalaiforts, 6c qu’elles vont chatouiller
les deux parties avancées du cerveau,
qui correfpondent au fond des narines;
6c il eft favoureux lorfque ces
parties s’appliquent au palais & à la
langue.
Un corps eft fonore lorfque fes parties
étant agitées par un coup,. elles font
mouvoir l’air qui l’environne par ondulation
, en s’étendant en rond de tous
les côtés comme du centre d’une fphèré
à fa furface. Il eft lumineux quand fes
parties font en une telle agitation qu’elles
pouffent à la ronde la matière fubtile
dont on à déjà parlé. C’eft cette matière
fubtile qui forme la lumïere. Si dans fon
diemin elle rencontre quelque corps
qui la modifie, elle excite en nous le
fentiment de couleur ; car les couleurs ne
font produites que par des modifications
de la lumière.
Les corps peuvent modifier la lumière
de deux manières. La première , par là
tranfparence de leurs parties les plus petites,
qui donne un paffage à la lumière,
laquelle ne rejaillit enfuite qu’après avoir
été rompue, c’e ft-à -dire , après avoir
fouffert quelque réfraétion. La fécondé
manière , par la délicateflë 6c l’interruption
de leurs parties, qui font capables
d’être mues par la lumière ; de
forte qu’en rejailliffant de defl'us elles,
elles fe meuvent en tournoyant.
Il ne faudroit point être furpris'de ce
que les corps ont des parties affez fub-
tiles pour être mites par la lumière ; car
tous les corps font compofés du tro'i-
fième élément, que nous avons défin'i
ci-devant. Ces parties ont des figures
fort irrégulières, 6c font par conféquent
capables d’un arrangement fort bizarre.
U LT. ir
De-là proviennent toutes les inégalités
de la tèf-re. Ici té font dés montagnes ,
là dés abîmés, ailleurs tin corps continu ,
6cc.C
ependant, malgré ces inégalités, la
' Terre doit être ronde, chi ptefque ronde,
parce que fi quelque partie s’ëtoit trouvée
au commencement beaucoup plus
élevée que les autres parties, eu égard
à toute fa maffe, la matière qui l’environne
rencontrant à cet endroit plus de
réfiftance qu’ailleurs , fauroit choquée
plus rudement, 6c ruinée infenfiblement,
jufqu’à ce que toutes les parties fuffent
à peu près de nivëaù.
Ori appelle air la nature qui entoure
la tefré. Il eft compofé des trois élémens
6c des divers corps qui s’exhalent
continuellement de la terre ; 6c comme
le nombre des corps qui font fur la
terre & leurs différentes efpèces font innombrables,
on ne peut connoîire exactement
la nature de l’air. A en juger par
les effets, on a lieu de conjeôurer qu’il
eft un amas d’une infinité de parties du
troifième élément, qui font branchues, 6c dont les figures font fort irrégulières.
Ainfi l’air doit être fluide, peu pe-
fant, parce qu’il ne contient que très-
peu de fa propre matière fous un grand
volume : il doit être anfli tranfparent ,
parce qu’étant dans une continuelle agitation
, il ne fauroit émouffer le mouvement
que le corps lumineux imprime
aux parties du fécond élément, dans lequel
il nage, 6c par le moyen duquel
il tranfmet la lumière, & en excite le
fentiment: enfin, il doit fe condenfer,
non - feulement lorfque la chaleur où
l’agitation de fes parties étant beaucoup
diminuées, elles ne fe choquent point
avec tant d’impétuofité qu’à l’ordinaire ,
mais encore lorfqu’elles font renfermées
entre les parties de quelques corps qui
lés preffent ; comme au contraire il
doit fe dilater lôrfqu’ott détruit les caufes
qui le reflerroient, foit en l’échauffant,
foit. en écartant la preflion qui le rëdui-
roient en un volume moindre que celui
qu’il occupe dans fon état naturel.
La terre a des pores, 6c ces pores
B i j