78 TP O O D ment pour examiner les mines 6c les
fofliles , afin de fournir de nouvelles
preuves de la bonté de cette théorie ; 6c
il adreffa à fon Auteur la relation de fon
voyage fous le titre de Relatio Epiflotica
de itinere fuo fuecio, anno i j o y , Londres
1720. Et le fameux voyageur Thomas
Bchaw lui écrivit en 1726 : » En quel-
» que endroit que j’aie é té, j’ai trouvé
» par-tout des preuves convaincantes de
» votre Eflai fur l’hiftoire naturelle de
» la T erre, 6c la relation de mes voya-
*> ges n’eft qu’un commentaire impar-
» fait & un témoignage léger de ce que
» vous avez mieux obfervé ailleurs.
Wo o d w a r d fut encore vengé par un
de fes amis : mais comme l’écrit de cet
ami ne parut qu’à la tête d’nn autre Ouvrage
de notre Philofophe, il convient
de parler auparavant de cet Ouvrage, &
de reprendre par conféquent le fil de fon
hiftoire.
L’année même oh il publia fon ElTai
fur l’hiftoire naturelle de la T erre , je
veux dire en 1695 , il reçut le Bonnet
de Do&eur en Médecine, 6c fut ad'mis
en cette qualité à l’Univerfité de Cambridge.
Il devint aufïï Membre du Collège
de Penbroke.
Tout cela lui caufa quelques diffractions
, 6c l’obligea à faire des vifites 6c
.à en recevoir. C’étoit un temps perdu ;
mais il favoit fi bien concilier fes devoirs
avec fes études, que les travaux
de fon cabinet n’étoient point interrompus.
II ne perdoit pas de vue le grand
ouvrage qu’il ayoit promis dans fon Ef-
fai ; mais il ne vouloit rien. avancer au
;hafard, 6ç il avoit befoin d’obfervations.
Afin de fe les procurer, il publia de courtes
inflruçtions pour faire, des obfervations dans
■ toutes les parties du Monde , comme aujfi
pour faire une collection de chofes naturelles ,
les.connoître, &Jesfaire tranfporter-ow EJfai
fur Fétabliffement d'une correspondance uni-
verfelle pour avancer les Loix civiles &
naturelles.
Il s’agiffoit de ranger dans un ordre
merhodique tous les corps terreflres,
afin de faciliter les obfervations 6c les
collerions néceffaires à la connoiffance
W A RD. générale de la théorie de la Terre?
En compofant ce L ivre, il eut occa-
fion d’examiner les végétaux, & cet examen
l’engagea à faire quelques expériences,
dont quelques-unes ont paru dans
les Tranfa&ions Philofophiques, N \ 2 5 3,
6c dont les plus importantes fans doute
font refiées entre les mains d’un de fes
Exécuteurs teflamentaires ( M. King).
Quoiqu’abforbé dans l’Hiftoire naturelle
, il ne put apprendre avec indifférence
les découvertes qu’on avoit faites
à Londres de quelques urnes, monnoies
& autres antiquités romaines. Il voulut
voir les chofes par lui-même, 6c fon
imagination s’échauffant à la vue de ces
objets, i'1 fit des Remarques fur F état an•
çien & préfent de la Ville de Londres, qui
parurent en 1713.
Quoique la matière de cet Ouvrage
fut fort étrangère à fes études, le génie
de notre Philofophe s’y montroit toujours,
6c par là le Livre fut accueilli fi favorablement
, que la première 6c la fécondé
édition furent enlevées en peu de
temps. Dans la troilième qu’on publia en
1723 , les Libraires apprirent au Public
que V o o d v a r d avoit compofé une
Dijfertation fur l’image de Diane , qu’on
avoit trouvée fous terre près de l’Eglife
-Cathédrale de Saint Paul ; un Recueil
d’Antiquités Romaines découvertes en
plufieurs endroits d’Angleterre , 6c particulièrement
aux environs de Londres;
6c des Notes fur l’o r , l’argent, l’ambre ,
le jaïet, les perles, la pourpre, &c. qu’on
trouvoit dans les temps des Romains
dans la Grande-Bretagne.Ces Ecrits n’ont
pas vu le jo u r,& les Libraires qui les
ont annoncés, n’ont fait que nous donner
des regrets, fans nous eonfoler.
Il eft vrai que tout ceci n’intéreffoït que
médiocrement notre Auteur, & que fon
but dans fes études étoit de donner du
corps 6c de la folidité à fon fyftême de la
formation de notre globe. Il çherchoit fur-
tout à répandre de nouvelles lumières
fur la diffolution de la première terre,
fur l’origine des montagnes 6c des ifles ,
6c à ajouter de nouvelles preuves à celles
qu’il avoit données dans fon Xffai de
W O O D î’ëxiffence du grand abyme , c’eft-à-dire
du grand réfervoir , qui contient une
quantité fi prodigieufe d’eau , que la
terre n’eft que comme une croûte , une
voûte étendue fur cette eau.
Ce fût là le fujet d’un Ouvrage qu’il
publia en 1714 , fous ce titre ; Naturalis
Hifloria telluris illujlrata & aucla , i/2-80.
6c qui fut traduit en Anglois peu de
temps après fa publication , par M. Benjamin
Holloway, lequel y joignit des
preuves phyfîques de Fexijlence de D ie u ,
de fon concours continuel pour le maintien
de Funivers , de tous les corps organifés ,
des végétaux , des animaux,. & de F homme
en particulier , avec plufieurs autres pièces
fu r différens fujets , qui n'avoiènt jamais
paru, par Jean R V o O D W A R D .
M. Holloway rendit encore fon travail
plus recommandable par une belle
préface qu’il mit à la tête de ce Livre. Il
y fait l’apologie du fyftême de notre Philofophe
, 6c y cite plufieurs- morceaux
de ce grand Ouvrage tant promis & fi
déliré. Un des plus importans eft celui-ci.
"Woodward fe plaint de ce qu’il règne
dans le monde un efprit de fcepticifme
qui tend à détruire les principes les plus
univerfellement reçus. On cro it, dit-il,
que les loix de la nature étant fixes ,
permanentes 6c invariables , la forme de
toutes les chofes matériellëseft éternelle ;
que la terre 6c tous les corps qu’elle contient
, ont toujours été 6c feront toujours
dans l’état oh ils* font maintenant, 6c que
par conféquent il eft inutile qu’il y ait
un Dieu. Mais ce raifonnement 6c la
conféquence qu’on en tire , feront évidemment
faux , s’il eft prouvé qu’il a
été un temps auquel la terre 6c les corps
qu’elle contient, étoient dans un état différent
de celui oh nous les voyons, puif-
qu’il n’eft pas pofîible qu’ils ayent changé
fans le concours 6c l’entremile d’un Etre
puiifant 6c intelligent. La deftru&ion de
l ’ancienne te rre , & le rétabliffemenfc
d’une nouvelle terre formée des débris
de la première, font bien voir qu’il y a
un Dieu , 6c que cet Etre fuprême concourt
pour la conlervation de l’ordre 6c
du mécanifme du monde en général ,
ÎV A R D. 7Cj 6c de chaque corps en particulier. Pour
développer ce dernier point, notre Philofophe
expofe un beau tableau ou une'
belle théorie de la formation des corps
organifés. C’eft une production digne de
figurer dans fon hiftoire , 6c qui doit in -
téreffer le Public.
Tout corps orgartifé , foit plante ou
animal , eft redevable , félon Wo o d -
■ward , l’un à une femenee, l’autre à un
oe u f, 6c dans tous les deux il y a quelque
chofe qui eft deftiné à recevoir la matière
propre à la nourriture de l’individu
, & à la diftribuer dans chaque partie
, pour les former 6c les faire croître,-
Dans les oe ufs, cette chofe eft com-
pofée de vaiffeaux languins. Le coeur bat
peu d’heures après que l’animai a commencé
à couver, & au bout de quelque
temps il pouffe lefang dans les artères,
6c en reçoit des veines.
Dans la fuite chaque partie fe forme'
par degrés 6c en différens temps. Les
yeux & le cerveau font les première»
chofes qu’on diftingue. Vient après la
moelle de l’épine. Les ailes 6c les jambe»
commencent alors à s’étendre, Enfuite'
paroiffent les entrailles , le poum on, le
foie , l’eftomac 6c le ventre, qui fe ma-
nifeftent peu-à-peu : mais tout cela eft
nud. On voit même pendant plufieurs-
jours le coeur pendant furj la poitrine.-
Enfin les mufcles, les membranes 6c les
tégumens viennent envelopper ces par-*
ties intérieures ; mais ces enveloppes font
d’abord fi minces, qu’on voit affez long^
temps tout ce qu’elles renferment. Elles
s’épaifliffent par degrés, 6c forment enfin*
les côtes, le fternum & les mufcles. Les-
autres parties font formées bientôt après-
par degrés 6c dans un certain ordre, juf-
qu’à ce que toute la machine foit conf-
truite. Elles font d’abord comme une pure
maffe, fans mouvement 6c fans fentiment ;
mais elles acquièrent tout cela à mefure
que le corps fe forme 6c s’étend,
La même chofe arrive dans*toutes le»
efpèces de créatures vivantes, dont les
femelles font pourvues d’organes capables
de porter 6c de faire éclore des oeufs 5
6c les mâles ont les organes qui font né*