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ajouta une théorie de la réfradion.
Il voulut aufli déterminer le foyer
'des verres fphériques, la grandeur
des objets vus à travers ces verres,
& il n’en eut que la volonté. En
vain Vitellio , fucceffeur d’Alhazen,
s efforça d améliorer cette production
, elle n’en fut guères plus efti-
mée.
Roger Bacon, célèbrePhilofophe
Anglois, fit aufli des efforts inutiles
pour enchérir fur Alhazen &
fur Vitellio; mais Jean-Baptijle Porta,
Phyficièn Italien, fut allez heureux
que d’ébaucher l'explication de la
vifion, par la découverte qu’il fit
de la chambre obfcure ' je veux
dire, qu’il reconnut que dans une
chambre fermée , & qui ne reçoiç
la lumière que par un trou, on voit
les objets fe peindre fur la muraille
qui lui eft oppofée. Il appliqua
cette déepuverte à la vifion qu’il
expliqua allez bien, en difant que
l ’oeil eft une chambre obfcure, ôt
que le criftallin eft la muraille où fe
peignenf les objets. Ce n’eft pourtant
pas' fur le criftallin que cette
peinture fe forme ; mais c’étoit toujours
beaucoup d’avoir découvert
la caufe de la vifion.
Ç’eft eii 1570 que Porta fit
cette découverte. Dans ce temps-
là les Mathématiciens étoient occupés
à perfeéfionner une nouvelle
Arithmétique, qu’un Mathgmati-
O U RS
cien d’Alexandrie , nommé Dio~
phante, avoit divulguée dans le
quatrième fiècle : c’eft l’Algèbre.
Je dis divulguée , parce qu’il eft
certain qu’il n’en eft pas l’inventeur
, quoiqu’on ignore la fource
où il a puifé fes connoiffances là-
deffus. Tout le monde fait aujourd’hui
ce que c’eft que l'Algèbre (<*).
Or Diophante enfeignoit dans fon ouvrage
la folution des problèmes du
fécond degré ( b ) , mais c’étoit fous
une forme ôt avec un embarras qui
annonçoient bien une première découverte.
En 1 y00 les Italiens fui-
virent le travail de Diophante, & ré-
folurentles problèmes du troifième
degré,fans faciliter les règles de l’A lgèbre,
ni en diminuer la confufion.
Tel étoit l’état des Mathématiques
lors de la renaiffance de là
Philofophie. Ceux qui réfolurent
dans ce temps de contribuer à fes
progrès, partirent de ce point. Le
premier qui ouvrit la carrière eft
Copernic.Il s’attacha àl’Aftronomie,
& chercha & découvrit lé véritable
fyftêrne du Monde. Son fucceffeur
fe trouva plus difpofé à perfectionner
l’Algèbre. Viete ( c ’eft le
nom de ce Mathématicien ) donna
une nouvelle forme à cette Arithmétique
univerfelle, ôt prépara les
voies pour fa perfection, où elle eft
prefque parvenue par les découvertes
d’Harriot, de Deficartes, de
(ff) Vopei l'Hiftoire de Viete , r ag. » , (J). Ccci eft encore «blimrf dans la mène
JiiJtoire, pag. z\. 1
P R E L I M I N A I R E . «
1Leibnitz & deNewton. * Tycho-Brahé nouvelle Géométrie, dans laquelle
gâta enfuite un peu le fyftêrne de il confidéra les corps comme com-
Copernic; mais il enrichit l’Aftro-
nomie d’une infinité de belles
découvertes. Galilée rétablit ce
fyftêrne à fes frais ôt dépens, car
il éprouva à cette occafion toutes
fortes de mauvais traitemens. Il
fit encore voir aux Aftronomes de
nouveaux Aftres ; créa en quelque
forte la Méchanique, & étendit la
théorie de l’Hydraulique.
A ces découvertes , Kepler, qui
lui fuccéda en qualité d’homme de
génie ôt d’inventeur, découvrit les
loix du mouvement des Planètes,
& fournit l’Optique à des règles-. Il
publia aufli une méthode, par le
moyen de laquelle il réfolut avec
beaucoup de facilité les problèmes
que les Anciens ne pouvoient réfoudre
que très-difficilement. Elle con-
fiftoit à confidérer le cercle comme
formé d’une infinité de petits triangles
ayant leur fommet au centre du
cercle ; le cone comme compofé
d’une infinité de petites pyramides
appuyées fur les triangles infiniment
petits de fa bafe ; les cylindres
comme compofés d’un nombre int-
fini de primes, &c.
Kepler appliquoit ainfi l’infini à
la Géométrie. Ce n’étoit ici qu’un
effai ; mais on le trouva fi beau,
qu’un Géomètre qui s’appeloit Ch-
valieri, forma fur cette idée une
pofés d’une infinité de furfaces,ôtles
furfaces d’une infinité de lignes, &
vint à bout par ce moyen de réfoudre
des problèmes de Géométrie très-
difficiles avec une facilité admirable.
Ces fuccès rappelèrent les Phi-
lofophes à l ’étude de la Géométrie.
Ils ne virent point fans émotion fes
progrès, & fe firent un devoir d’y
contribuer. Audi le fixième Mathématicien
moderne ( Fermât) monta
fort haut cette fcience, en la rendant
capable, fi je puis m’exprimer ainfi,
de' déterminer les grandes & les
moindres quantités ( les Maxima ôt
lesMinima); de mener les tangentes
des courbes ; de trouver les points
d’inflexion ôt de rebrouflement, ôcc.
Defiartes concourut aufli à la découverte
de ces belleschofes, comme
on l’a vu dans le troifième volume.
Un Profefleurde Mathématiques,
nommé Perfionne, ôt qui changea
fon nom en celui de Roberval,
voulut encore avoir part à cette
découverte. De-là naquit une louable
émulation qui fut très-avanta-
geufe à la Géométrie. Les perfon-
nes éclairées ne doutèrent pas que
les autres parties des Mathématiques
ne gagnaflent à cela, ôt dans
cette perfuafion on s’empreffaàleur
en faire l’application.
Parmi ces parties des Mathéma-
* Voye\ dans I e troifième volume de cette Defcartes, & dans le quatrième volume celle 4o
Hijloire des Philofophes modernes , riiiftoire de Newton & de Leibnit
b