HOM B E R G.*
A U c u n Chymifte n’étoit plus capable
de féconder Lemery, que celui
dont on va lire l’hiftoire. A une belle
imagination il réuniflbit une grande
adreffe pour les opérations, & une opiniâtreté
invincible dans le travail. Ses
procédés étoient fimples, précis & méthodiques
, & fes raifonnemens clairs &
géométriques. Il étoit autant éloigné de
l’oftentation naturelle des Chymiftes ,
qu’ennemi de leur obfcurité affeftée. Il
avoit des vues nouvelles fur toutes les
parties de la Chymie. Audi fes productions
brillent d’une lumière qui lui étoit
particulière, & contiennent prefque toutes
des découvertes piquantes.
Voilà en peu de mots le mérite de
Guillaume. Ho m b e r g , né à Batavia ,
dans l’Iflede Java, le 3 Janvier 165 1, de
Jean Homberg, Gentilhomme Saxon , &
Commandant de l’Arfenal de Batavia.
C’eft le nom de notre Chymifte. Son
père le fit Caporal d’une Compagnie
à l’âge de quatre ans , .afin de l’avancer
dans le fervice. Il auroit bien voulu
le mettre aux études ; mais on prétend
que les chaleurs exceffives de ce pays
ne permettent pas beaucoup d’application
aux enfans , ni même aux hommes
faits. Il négligea donc l’éducation de
fon enfance, jufqu’à ce qu’il eut trouvé
un féjotir plus favorable aux travaux
de l’efprit. Ce temps ne tarda point
à arriver. Dégoûté du fervice de la Compagnie
Hollandoife , M. Homberg quitta
les Indes, alla s’établir à Amfterdam.
Dans ce climat tempéré , ne craignant
plus les fuites d?une contention continue,
il laifla à fan fils la liberté de fuivre le
penchant naturel qu’il avoit pour l’étude,
& ne fongea qu’à lui en faciliter les
moyens.
Le jeune homme gagna bien vite le
temps perdu. La vivacité de fon efprit,
& fes heureufes difpofitions , lui procurèrent
bientôt la connoiflance des Langues
Latine, Grecque & Hébraïque. Il
alla étudier en Droit à Yene & à Leipfic %
& fut reçu Avocat à Magdebourg en
1674. Son intention étoit de fréquenter
le Barreau ; mais un goût dominant qu’il
avoit pour l’étude des fciences naturelle
s , telles que la Botanique, l’Aftrono-
mie , la Phyfique & la Chymie , le détournoient
infenfiblement , & comme
malgré lu i, de l’étude du Droit.
En fe promenant, il s’amufoit à chercher
des plantes fur les montagnes , &
la nuit il obfervoit le cours des aftres.
Il devenoit ainfi, fans s’en appercevoir ,
Botanifte & Aftronome, & ces premières
inftruftions ne faifoient qu’accroître
le défir qu’il avoit de favoir la Botanique
& l’Aftronomie. Mais ce qui
acheva de le convertir, ce fut la connoiflance
qu’il fit d'Otto de Guericke,
qui étoit alors Bourgmeftre de Magdebourg.
Il vit avec admiration les découvertes
de cet homme célèbre ( a ) , &
dès-lors il réfolut d’abandonner le Barreau
, & de fe livrer fans réferve à
l’étude des fciences naturelles, fi Otto de
Guericke vouloir lui apprendre la Phy-,
fique expérimentale.
Ce Savant étoit un peu myftérieux :
il ne révéloit pas fes connoiflances au
premier venu. Cette propofition n’au-
roit pas été même bien reçue, s’il n’eût
conçu pour Ho m b e r g la plus forte
eftime. En faveur de fon génie & de fa
* Eloge d'Hcmberg par M. de F otite» elle. T) iUionnnire ( a ) Voyez fur fes découvertes le diicours pré-
hiflorique & critique de Chuuflefie', art. Homberg. Et liminaire du iixième volume.
Cp s Ouvrages,
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