
D U L E V A
ICS liqueurs qui commencent à frémir avant que de
bouillir; d'ailleurs cette furface eft foviplc, drapée ,
& couverte d'une liqueur baveufe & gluante : tout
cela la rend propre à s'infimier dans les moindres
inéEalitez des rochers aufqnels ce poiiTon s'attache
fi fcrtemcnt, que ne pouvant lui faire lâcher prife
on fe iert d'un couteau pointu pour l'en détacher
; ce mufcle eft coriace, épais d'environ trois
ligues » & long ordinairement d'un pouce , tout
foeiblable au mufcl e pedoral des limaçons de terre
: la Îurfiice intérieure C du mufcle peroral de
l'oeil de bouc eft liiTe, luiCinte, creufce cii gontii(
fre, au fond de laquelle eft placé un tendon qui
le fepave en deux ventres, & auquel vient aboutir
de chaque côté un plan de fibres tranfvcrfes, chargé
verticalement des fibres qui forment le mufcl e :
ce même mufcle eft entouré d'une bordure ou
fraizei), laquelle fe meut fort vite indépendamment
du mufcle, lorfqu'on la pique, compofée,
quelque mince qu'elle foie, de fibres tranfverfes,
raiige'es du centre à la circonférence;, ce qui pourroicfaire
foupçonner qu'elle fervît de trachée, iî.
par fon tendon elle n'étoit auffi adhérente qu'elle
i'.eft à la coquille ; car pour l'en détacher, il faut
la cerner entièrement avec u n couteau.
La tête du poiifon fort d'une efpéce de coiffe
frangée & frizée, produite par l'allongement de la
fraize dont on vient de parler ; cette tête qui reffemble
en quelque maniéré à celle d'un petit cochon
, a quatre ou cinq lignes de longueur , fur
moitié moins de largeur, arrondie par demis , terminée
par une bouche rouflâtre,large de deux lignes &
bordée d'une groiTe lèvre : des cotez du front fortcnt
deux cornes, qui s'allongent & fe racourciffent
comme celles des limaçons; mais elles fe courbent
à peu près comme celles des boeufs.
Les autres parties de cet animal font renfermées
dans un fac £ , où l'éfophage vient aboutir :. ce fac
long d'environ un pouce & demi, la^e de neuf ou
dix lignes, arrondi fur le dos , rétrelïTvers la tête,
cft tout à fait couché fur la goutiére du mufcle
peiloral, & renferme une fubftance mol laife, bonne
à luanger, parfcmée de vaifleaux noirâtres, dans
laquelle l'éfophage s'allonge en un conduit courbé
enplufieurs finnofîce'z.
Le mufcle peftoral tient lieu de jambes & de
pieds à ces animaux, de même qu'à tous les limaçons
& à tous les poiffons dont la coquille eft d'une
feule pièce. Lorfque les yeux de bouc veulent
avancer, ils appuyent fortement fur le bord antérieur
de ce mufcle , c'eft le point fixe vers lequel
tout le reile du mufcle qui eft dans le relâchement
eft amené, au lieu que lors qu'ils veulent reculer,
ils fe cramponnent, fortement fur le bord pofterieur
du même mufcle ; & alors le devant qui eil
dans rinaâion , cft obligé de s'approcher vers
? Io$, ICS. NIO. bloi.
b Srtph.
c los Homeri fepulchro Tencianda. Pi/», M. 4. cep, 12,
à Cccgr. tib. 10,
N T. Leitre VI. 95
cette partie, où le point d'appui fe trouve dans ce
temps-là.
O n examina dans le même lieu une autre efpéc
e d'oeil de bouc , dont le mufcl e peétoral cft beaucoup
plus épais & qui fcrt aux mêmes ufages que
celui de l'oeil de bouc ordinaire : la tête en cft
aufli à deux cornes, mais plus courtes : la coquille
cft unbaf l i n plus long, plus ovale & percé tout
au fommet ; le poilïon femble feringuer de l'eau
par cet endroit-là.
a L e vent favorable nous mena comme de luimême
à N I O dans le temps que nous y penfíonsle
moins : cette lüe connue par les anciens fous le
n o m ide los , & nommée ainfi par les b Ioniens,
qui l'habitèrent les premiers, a 40. milles de tour;.-
mais elle n'a été celebre que par le tombeau d'Homere
: ce fameux Poète paftànt de Sarnos à Athènes
vint aborder à c l o s , ' il y moi\ruc fur,1e port,
& ou lui dreiîà un tombeau où l'on grava longtemps
après l'épitaphe rapportée par Hérodote, à
qui on attribue la vie d'Homere, à. Strabon e Pline
& f Paufanias parlent de ce tombeau : ce dernier'ajoûte
qu'on y montroit aulïi celui de Olimene
mere de cet excellent homme, & aiîure qu'onlifoit
un vieux oracle à Delphes gravé fur une colonne
qui foûtenoit la ftatuë d'Homere. Il paroiff
o i t par cette infcription que ià mere étoit de l'Ille
d'Ios ; on lit le même oracle dans Etienne le Geographe,
qui a été fuivi par Euftathe fvir Homer e &
fur Denys d'Alexandrie;, g mais Aulugellc prétend
q u ' A r i f t o t e a écrft qu'Homere avoir pris haifiànce
dans rifle dont nous parlons. Quoi qu'il en foit
nous cherchârnes inutilement les reft:es de ce
tombeau autour du port : on n'y voit qu'une excellente
fource d'eau douce , qui bouillonne au
travers d'une auge de marlx-e à un. pas feulement de
l'eau falce.
Pline a bien déterminé la diftance de Nio à
N a x i e à Z4. milles: car, comme l'on a remarqué
plus haut, on compte 12,. milles de Naxie à Rad
i a , & autant de Radi a à N i o : le même auteur
a fort bien connu la diftance de Ni o à Santorin ;
elle eft de 30. milles , quoi qu'il ne la marque
que de 25-, mais cette différence n'eft pas coniidcrablc,.
M a r c Sañudo premier h Duc de Naxie joignit
N i o à fon Duché, & cette Ifle n'en fut démembrée
que par Jean Crifpo douzième Duc , qui la
donna au Pjrincc Mar c fon frere : ce Prince fit bâtir
un château dans un lieu élevé à deux milles au
delTus du port, tant pour la fùreté de fa perfonne,
que pour defténdre fon petit domaine contre les-
Mahometans, & voyant que les terres de l'Ifle naturellement
fertiles, demcuroient incultes faute de
laboureurs, il fit venir quelques familles Albanoif
c s pour les cultiver. Par . les foins de ce Prince
c i t -
e Ihlà.
f Lih. 10.
g ma. ^itk. HL i.eap. i j .
h iiiji. dti Duil de i'^nhi^d,