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d é f a g r é a b l c qu'en ce qu'on répctolc toûjours l e
m ê m e air : comme li les mulîciens n'euñent fçû
q u ' u n e feule chanfon. Quoique leurs iiiQrumens
f o i e i i t difterens des nôtres, nos oreilles s'en acc
o m m o d o i e n t aiTez. Un jour le Pacha m'ayant
faic l'honneur de me demander comment je trouvols
V O Y A G E
fa mufique , j e lui répondis qu'elle étoit exfelle>
2te , mais un piu trap unifur'mi. Il me répliq
u a , que c^étoit dans ï"umforrnité qiit tonfifloit U
heaii'é des chofes. il elt vrai que l'uniformité cR
u n e des principales vertus de ce Seigneur, car il
p a r o î t d'une humeur inalterable. La premiere
c h a m a d e cotrimençoit ordinairement une heure
avant la marche , c'étoic pour éveiller tout le
m o n d e . On entendoit la ieconde environ'demi
heure après , elle fervoii de lîgiial pour dénier.
L a troilîéme commençoi t au départ du Pacha qui
é t o i t toujours à la queue de la C a r a v a n e , à l a
d i d a n c e de 4. o u 5. cens pas Lamulîque ceiToit
& recommençoit pluiîeurs fois pendant la route,
f u i v a n t le caprice des muliciensqui redoubloient
î e u r i i m p h o n i e en arrivant au C o n a c , où l'on
p l a n t o i t devant la T ent e du Pacha les deux autres
queues de cheval qui avoient fervi à la marche.
Le Chaoux Bachi ayant reçu l'ordre , pren
o i t la troifiéme queue, &s'en alloit marquer le
g î t e du lendemain.
N o u s fûmes bien-tôt faits à ce manege. Nous
moi profiteront peut-être au...
m o n t a g n e , une grande plaine , des gorges oiu
r i v i e r e , fervent fouvent à détermine r des eudJ
o u fe font palTées de grandes adions.
• Le 5. Juin nous marchâmes depuis 4, hewt
d u matin jufqucs à midi à travers de m é
m o n t a g n e s couvertes de Chênes, de Hêtres d
ôapins ordinaires, & d ' aut r e s qui ont le fruit for
petit , dont nous avions veû de pareils dans In
m o n t a g n e s du Monailere de Saint Jean de U
b i l o n d e . Nous obfervâmes dans nôtre route, ¡w
t r e le Charme commun , une autre efpece be3l^
c o u p plus petite dans toutes fes parties. Sesfei
l e s n ont qu'un pouce de long , & fes fruits foj
t r e s - c o u r t s . Ce Charme a l e v é de graine dans!
^ r d i n du R o i , & n ' a pas changé. Lt^s cfpecfsd
Chamarhododendros à fleur purpurine & à fl(;ilrjai
n e , le taifoient voir aiTez frequemraeiit le 1UD|
des ruiifeaux. Nous campâmes ce jour-là ¿ao
u n e plaine couverte de ueigc, dotit la terre nVo
e n c o r e rien produit. Quoique ces moinag esfoiei
m o i n s hautes -lue les Alpes & q u e les Pyn:iié;s
e l l e s font auffi tardives , car la neige n'y fun
q u ' à la fin d u mois d 'Aoûr . Parmipluiieurs Par
tes rares , nous obfervâmes une belle elpeceii
Renoncule à g ros bouquets de fleurs blanchcs,
n o u s levions à ¡a premiere chamade , & nous
m o n t i o n s achevai à la f é conde ; les Officiers du
P a c h a chaifoient tout le monde c omme des mout
o n s en criant Aideder , Aideder , c'eft à dire
marchez., marchez. Ils ne permettent à qui qne
c e foit defe méier parmi les gens de la Maifon ,
& l'on s'expoferoit à q u e l q u e s coups de bâton li
l ' o n y étoit furpris. Les Turcs font gens d'ordre
e n tout ce qu'ils font , & fur tout dans leurs marches
Les Catergis o u Voituriers f e levoient une
heure avant le fignal , & t out étoit chargé avant
que la chamade de la marche fonnât. J'admirois
I b u y c n c leur ex dltude; tout cela f e paifoit fans
b r u i t , & bien fouvent nous n'étions avertis que
l ' o n chargeoit , que par la lueur des fanaux.
. O n paiÎiî ce jour-là i. Juin par des montagnes
fort élevées , & l 'on avança toûjours vers
l e Sud-Eft. Nous ne prîmes pas la route la'plus
c o u r t e pour aller à E r z e ron j le Pacha voulut
f u i v r e la p l u s commode & la moins rude; l a
p l û p a r t des marchands en étoient chagrins , &
n o u s en étions ravis , dans l'efperance de voir
b e a u c o u p de pays, perfuadeî d'ailleurs que nous
n e trouverions jamais de Caravane plus feure.
O n _ obf e r v a ce jour-là les mêmes plantes que l'on
a v o i t veuës autour de Trebifonde; .mais ce qui
n o u s fit plus de plailîr, c'efi que nous connûmes
par la marche de la Caravane que nous aurions
¿ a n s la fuite allez de temps pour découvrir des
p l a n t e s , tant fur les grands chemins, que ji.,
c o hnes vo.dnes En eiîet, nous met a n S
a la tete de la Caravane , nous prenions
u n f a c & nous nous détachions à queloJc""
t a n t ô t à d r o i t , tantôt à g . u c h e , p o r r a ï ;
qui fe prefemoit. Les marchands rioient de .
v o i r defcendro de cheval & remonter nL ^
i a i r e que cueillir des plantes qu'ils ^
f o r t , parce qu'ils ne les counoi l foiau pas M "
m e n i o n s quelquelbis nos chevaux par h Z
o u nous les failions mener par nos voitL, ;
a f in de faire notre récolte plus à nôt re ail«
premier gîte nous décrivions nos plautes r i
m a n g e a n t , & M . Aubriet en deiïinoit le i l
q u ' i l pouvoit. f'^
J'apprehende , Monf c i gneur , queledétalu
n ô t r e marche par journées ne foit laiisuiffi,
mais II ne fera pas inutile pour la Geoerach
pour la connoi l ïànc e du pays. Je fuis perf^dé m
m e que ce grand de'tail vous cnnuyera moiiij
l e s autres, vous qui fçavei faire Hn iî '
des moindres circonftances dont on a
d e vous rendre compie. De plus habiFes ¿ S
iffi de ce Journaljuo
Ses feuilles font larges de trois ou quatre pot
a
c e s , femblables par leurs découpures à celles (i
VAcomt Tueloup^, vert - g a i , li/lès, veinées prc
p r e m e n t , parfcmées de; poils fur les bords & '
d e i f o u s , foutenuës par un pedicule long de
5 . p o u c e s , vert-pâle, velu, épais de deui lig»
a i f e z rond, fifluleux , large de 4. ligues à fa fif
e , où il elî plié en manière de goutiere. Laiiâ
il
oynicnciUiU