
î p p f f
o Y A G
ment des fourccs, p.lrccqü'ilscnoin befoin pour
leurs ablutions. Les pauvres gens prennent l'uiii
de la conduite des eaux , & ceux qui font dans
r . n e fortune médiocre rctablilTent les chanflees.
31s s'aifocient avec leurs voiiins pour bâtir des
ponts fur les grandes routes , •& contribuent au
bien public fuivant leurs factike?.. Les ouvriers
ç a y e n t de leur perfonne, & fervent gratuitement
• d e maçons & de manoeuvres pour ces fortes d'ouvrages.
On voit dans les villages aux portes des
j n a i f o n s , des cniclies d'eau pour l'afage des paff
a n s . Quelques bons Mufulmans fe logent fous
des efpéces de barrières qu'ils font conltruire fur
•les grands chemins , k là ils ne Ibnt occupe?,
f e n d a n t les grandes chaleurs qu'à faire repofer
•-& ratraichir ceux qui font fitigoei. L'efprit de
c h a r i t é cil iî généralement rép-tndu parmi les
T u r c s , que les mendians mítines ,quoiqit'on en
•voye très-peu chez eux, le croyent obligez de
donner leur fuperiîu à d'autres pauvres ; ils out
r e n t la châtie , ouplûtôt la vanité ,car ils donnent
leurs reftes à des pîrfonnes aifces, qui ne
f o n t aucune dilSculté de recevoir leur pain & de
l e manger, pour leur témoigner combieni l s font
c a s de leur vertu.
L a charité des Mahometans s'étend même fur
4es animaux, fur les plantes, fur les morts. lis
c r o y e n t qu'elle efl agréable i Dieu , parceque les
hommes qui veulent fe fervir de leur raifon , ne
manquent jamai s de rien ; au lieu que les animaux
, n'ayant aucune raifon , leur inílinñ les
e s p o f e fouvent à chercher leuB vie aux dépens de
•leur vie même. Dans les bonnes villes DO vend
d e la viande au coin des rues, ponr ladiliribner
s u x chiens-: quelques Turcs par charité les panf
e n t de leurs bleffitres , & fttr tout de la galle dont
c e s animaux font très-inaltraitez fur la-fin de leurs
j o u r s . On voit des perfonnes de bon fens, qui
par devotion portent de la paille pour les mettre
c o u c h e r à lent uife, ou pour-fouiager les chiennes
qui viennent de met tre b a s i l yen a qui leur
bâtiiTent de petites huttes pour les mettre à couv
e r t avec leurs petits. On aura de la peine à croir
e qu'il y ait des fondations établies pardesleftam
e ns en bonne forme , pour nourrir un certain
nombre de chiens & de chats pendant certains
j o u r s de la fernainc; cependant c'eft un faitcen-
•-ilant, & l'on paye dans ConRantinoplc des gens
-pour executer l'intention des teftateurs , en ditíribuant
dans les carrefours la nourriture à ces
a n i m a u x ; les bouchers &les boulangers ontfou-
» e n t de petitsfondsdellinezàeetufage.LcsTurcs
a v e c toute leur charité haïflent les chiens & ne les
fouîfrent pas dans leurs maifons ; en temps de pelle
j l s e n tuent autant qu'ils en trouvent , perfuadez
•que ce font des animaux immondes qui infectent
-l'ait;.
A u contraire ils aiment beaucoup íes chats fà
caufe de lent propreté naturelle , foit »„¿i " '
ces animaux fyinphatifent -.tvec e„x par H '
v i t e , au lieu que les chiens font folâtres 6„
dis , remuans. D'ailleurs les Turcs crovciu 1
j e ne fçai quelletradition , que Mahomet ai„'2
Il fort fon chat , qu'étant nn jour confulii f,
quelque point de Religion , il aima m' :ux eoipc,'
le parement de fa manche fur lequel
r e p o f o i t , que de l'éveiller en fe levant , ponr il|,,
parler à la perfonne qui l'attendoit. Cepcnd,,
les chats du Levant ne lont pas plus beam.,
Ies nôtres, & ces beaux chats gris couleur dv
d o i f t y font fort rares ; on les y porte de l'Ille^
M a l t e ou la race en cil commune. Patmilesd.
féaux , on regarde chez les Turcs les Touttetel.
les & les Cigognes commes des cré.itiu-es factcs
on n'oferoit les tuer; les Greesde l'Arebipelii
contraire font très-friands des Tourterelles iils
en font leur mets le pins d é l i cat , c'eit en t i i
le gibier le plus délicieux du Levant , & il nt ci,
de au Francol í n qu'en grolfeur, mais il tant |„
manger rôties, car celles que l'on fale dans à,
barils comme les anchoyes, y perdent toutltir
gout. Les T u r c s croyent faire une ceuvredccb
rité en achettant un oifcau en cagedans ledeiii
de lui donner la liberté , pendant qu'ils nethit
aucun fcrupule de tenir leurs femmes en ptifoii,
& nos efclaves à la chaîne. Ceux qui pteniitni
ces oifeaux à la glu ou à qnelqu'autre font di
chaffe , ne croyent pas pccher , parce qac le»
intention ell de fournir, à ceux qui ont lemoyeil
de les rachetter ponr leur redonner la liberté,Js
o c c a l î o n s de faire de bonnes oeuvres : ainfichicuii
efpere d'y trouver fou compte devantDien,un
il eft vrai que la direaion d'intention eûiiatnielle
à tons les hommes.
A l'égard des plantes, les pins dévots elia kl
T u r c s les arrofent parcliafitc &cultiveiitlilmt
qui les a,produites , afin qu'elles foient nontriti
plus graifement. On dit que Sultan Ofjranmyant
de loin un arbre qni avoit la figure d'unDtivich
, fonda une rente d'un afpre oar jour pout
payer un homme qui en prît foin. " Quoi qii'ill
ait de la fimplicité, pour ne p.as dire de la folie-,
à fuivre l'exemple de cet Empereur, néanmoins
ces bons Mufulmans croyent en cela faire une
c h o f e agréable à Dieu , qui eft le oéatetir S le
confervateur de toutes chofes. Ils fontaffeilimpies
pour s'imaginer qu'ils font plaifir aux iiiotli
en verfint de l'eau fur leurs tombeaux ;eelapcut,
d i f e n t - i l s , leur donner dn rafraichiiremtnt ; on
voit m ême plulienrs femmes qui font mangctS
boire dans les cimetières le Vendredi, croyant
appàifer par ce moyen la faim & la foit de leurs
Avant que de us entretenir, Monfeignent,
" 101-
D U L E V A N T . Lmre X I K
„tiques des T u r c s , au ft.jet des tiiotts, il eft
> ' ' f j ï ï„i ique r les deux Commandemens qui
1 ' ï a v S r celui du voyage de la Méque,
f S à i ' d e l a Propreté. Non feulement le pelede
la Méque ell difficile par la longueur dn
, mais encore par rapport aux dangers
Barbarie , où les vols font treicheini
E î l ' ° ° l e " ° r u x " i a 7 e l 7 & l e s ' c h a ï e u t s " e x c e f l i v
• 11,-rai que les Mahometans peuvent s'en dif-
, fer & fubftituer à leur place un homme qm
le rifque du voyage.^ Ils regardent le Temd
c / i « » ! qui eft cclm de la Me que , corn-
Touvrage d'Abraham. Ei'i favoir a îoftt h
' " ' j , dit I'Alcoran , (¡ne Dieu a cmmandi ie
' " Rclmon d'Abraham, lequel ti'émt nt idomredulc
: Qne c'^ejl Abraham qni a bâti
'îîfmpli d ' I l J^I'i«' 1 M"'! ' f i f " " ' " ' 1"'
iflrnii pour prier h Scigiz ettr. Vhoiiiieur
!,e i cc Uei eft fort agrc'abk i Dieu. Il
¡„tmtm ceux qni feui'CM y aller , ) «Ment.
Les Mnfulmans ne s'embarralfent pas de I Atiacmniliiic
, & ils condamneroient au feu quiconmeofctoit
nier qn'il n'y avoit point de ville de
Il Mcque dans le temps d'Abraham,
Les qnatte rendez-vous des pelerins font , Da-
,!, le Caire, Babylone, & Zebir. Ils fe prepa-
111 i et pénible voyage par nn ]el^ne qm fuit ce-
HiuRsuiazan, & s'aireniblent par troupes dans
its lienx convenus. Les Sujets du Grand Seilent
qui font en Europe , fe rendent ordinaireent
à Alexandrie fur des bi t imens de Provence,
tait les -Patrons s'obligent à voiturer les pele.
liiis. Aux approches du moindre vaiffeau, ces
lonsMofnlmans qui n'aprehendent rien tant que
: lomber entre les mains des armateurs de Mal-
, vont baifer la banniere de France , ils s'enlopent
dedans & la regardent comme leur azile;
d'Alexandrie ils paffent au Caire pour joniiie
11 caravane des Afriquains. Les Turcs d'AIie
Memblcnt ordinairement à Damas ; les Perfans
S les Indiens à Babylone; les Arabes & ceux des
lies des environs à Zebir. Les Pachas qni s'aluitlent
de ce devoir s'embarquent à Suez port
4 la mer Rouge , à trois journées & demi du
Ciiie. Toutes ces caravanes prennent ft bien
ieiti roefures , qu'elles arrivent la veille du petit
Biitam fur la colline SAr.ifagi à une journée de
iMcqoe. C'eft fur cette tameufe colline qu'ils
itoyciit que l'Ange apparut à Mahomet pour la
Itemiere fois , & c'ell là un de leurs principaux
ilianaires. Après y avoir égorgé des moutons
pour donner -aux pauvres , ils vont faire leurs
Piiites à la Méque, & de là à M'ed-ii-te où ell le
oiiibcm du Pi-opiaete , fur lequel on étend tous
isiiisun Poile très-riche & très-magnifique que
1 Gtand Seigneur y envoye par devotion : l'anien
Poile ell mis par morceaux , car les pelerins
T O M . U .
tâchent d'
q u ' e l l e foi
très-précit
'en attraper qi
it', & la conf
:ufe.
and Seigneur
saravan
L e Gr;
dant des (
,elqi e pièce ,
it comm un
4 f
relique
leur envoye auiTi par l'Intcncinq
censfequins, un Alco-
, pluiieurs riches tapis, & beaucoup
de pièces de drap noir pour les tentures des
M o f q u é c s de la Méque. On choilit le Chameau
le mieux fait du pays pour être porteur de l'Alcoran
; à fon retour ce Chameau tout chargé de
guirlandes de fleurs , & coinblè de benediftions.,
eft nourri gralièment , & difpenfé de travailler
le refte de fes jours. On le tuë avec folet-nnité
quand il eft bien vieux, & l'on mange fa chair
comme une chair fainte ; car s'il mouroit de
ieilleire ou de maladie , cette cha
r feroit perdu,
& fujette à pourriture. Les pèlerin
qui ont fait le
voyage delaMéque font en grande
v é n é r a t i o n le
r e f t e d e leur vie ; abftius de toutes fe
rtes de crimes,
ils peuvent en commettre de non
'eanx impunénioiirir
m e n t , puifqu'on ne fauroit les faire
fuivant
la L o i ; ils font réputc'z incorruptibles,
réprocha-
, dès ce monde. On alfilre'qu'il y
afiez fors pour fe crévtr les yeux
c e qu'ils appellent les Saints lieux
prétendans que les yeux ne doivent
a être profanez parlavl ë des cho~
bles & fanSifie
a des Indiens
après avoir vû
de la Méque
point après a
les mondaines.
L e s enfans qui font conçùs pendant ce pelerîn
a g e , font regardez comme de petits faints , foit
que les pelerins les ayent eus de leurs femmes lég
i t i m e s , ou des avanturiéres ; ces dernières s'offrent
humblement fur les grands chemins pour
travailler -à une oeuvre auffi pieufc. Ces enfitns
font tenus plus proprement que les autres , quoiqu'il
foit mal-ai-fé d'ajouter quelque chofe à la
propreté avec laquelle on prend foin des enfans
généralement par tout le Levant.
Mahomet feroit louable s'il n'avoir confeillè la
propreté que comme une chofe honnête & utile
pour la fanté ; mais il eft ridicule d'en avoir fait
un point de Rel igion. Cependant les Mufulmans
y font fi fort attaciiez qu'ils paiTent la plus grande
partie de leur vie à fe laver II n'y a point de
village chez eux qui n'ait un bain public. Ceux
des villes en font le principal ornement, h font
: deftinez pour toute forte de gens , de quelque
qualité & de quelque religion qu'ils foient ; mais
! les hommes ne s'y baignent jamais avec les femmes
, & on y obferve tant de modeftie , qu'une
perfonne feroit admonêtée fi elle avoit laiflévoic
i quelque chofe par mègarde, & bâtonnée fi elle
î l'-avoit fait à deffeiu. Il y a des bains qui fervent
! le matin pour l'uCige des hommes, & l'après mi-
' di pour celui des femmes : quelques autres font
fréquentez un jour de la femaine par des perfoi
¿St l'autre jout par celles de 1';
t r i