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plus travaille que Tart, la giu-de en eft confiée à
quatorze Ibldats mal vécus / 'dir'nombre «ieïquêîsétoieut
fept dcierteurs François : nous y compta-'
mes environ quarante Canons de brome deux ou
trois Ornons de fer : c'cft le lejour des pUis honnêtes
gens de I'lfle, quoiqu'il n'y ait pas plus de 5-00
aifons,
le vent du nord & le froid, auilÎ
^aris, rendent fort incommodes : le paovediteur
Llis du Pi
eil mal bâti., on n'y fçauroit
confervcr
bourgeois
brouillard:
lient : les
k u r Eglifc
devotes; le P. Prati .Supérieur de la mail!
. r e ç u t fort honnêtement, & nous eûmes le plaifir
d'y dîner avec.les Peres Forefti, Camuti & Federic
aucun meuble , non plus que chez Jes
à caufe de la grande humidité que les
& les crevafles des terraiîes y entretien-
Jefuites y font aiïcz bien logez ; mais
fauroit contenir la moitié de leurs
: Son Excellence à qui nous allâmes tiwe Irreverence
nous invita aufil à dîner, & nous offrit des
gardes pour nous accompagner dans ril]e:Mf.Antonio
iietti l'un des plus fameux Avocats du Tine,
nous prêta fainailbn du a fiiuxbourg hori la fortereflë
Où il-n'y a qu'environ lyo. maifons; mais on
a la litsVte:à'en forcir & d'y entrer quand on veut,
aii iieu que les portes de la fortereilè fe ferment de
bòiine'heufe, & ne s'ouvreiu que tard. '
.Outre la forterelIe de San N i col b , lés principaux
villages de cette Ifle font
I l C amp o , - -
ChiUa,
11 Terebado,
Oxomena , qui contient cinq
Lott-a, • •
bourgades ; icaroir, Pyrsob,
Lazaro,
Vacalado, Coionarj,
P e r a i b a ,
Cumi,
Careado,
Cataclifma,
Aitofolia,
ÏVlaftro-mercato
Micrado,
"Carea,
Fiiipado,
Comiado,
Arnado,
Pergado,
Cazcrado,
Culicado,
Smordea,
Cozonara,
T r i p o t a m o ,
Cigalado,
Bcrnardado & Platia.
CMcrnia,
Cardiani,
Difado,
Moiidado,
Volacos,
Fallatado,
MeiS,
Muofolu,
Stîgni,
r o t a n u a ,
Cacro,
Triandaro,
Doui Caftelli,
Diocarea,
Cicalada,
Sclavo corio,
Croio,
Monafterio.
Mr. le Provediteur ne retire qu'enviror deux
mille ecus de fon Gouvernement, auiTi le regardet
on \ Venize comme un lieu de mortification: ce
Gouverneur a la dixième partie des denrées ; de dix
charges d'orge, par exemple, on lui en paye une:
pour la foye ce n'eit pas de même, ceux qui en
« lî Sorgo,
font embarquer pour autre part que pour Veui^e
'he 'payeiit que tr'ois ecus, & trois quaits pourch'
••que centaine de livres; le Provediteur n'aricnàvoîl
lur ces droits. ''
L'Evêque de Tine a 300. ecus de revenu fixe
& près de 200. écus des émolumens de Ibn
fon Clergé d'ailleurs eft illuftre, & eompofé 1
plus de 120. Prêtres : les Grecs y ont bien de
cens Papas, foumis à u n Protopapas; maisilsn'c
point dans l'iile d'Evêque de leur rite, & même
dépendent de l'Evcque Latin en plufieurs cliii!
fcs : un Grec ne fçauroit être Prêtre que cetlvêque
ne l'ait fait examiner : après que l'afpiruut ajuré
qu'il reconnoit le Pape & l'Eglife Apoftolique&
Rpg>aine, l'Evêque Latin lui fait donner fondi
miiroiré pourvâ qu'il aie 25-. ans ; enfuitc il ci
facré par un Evoque Grec venu de quelque Ifi,
voiiîne, auquel il ne donne que 10. o u n , écu;
pour fon voyage : le jour du facre le nouveau Prê^
tre donne crois livres de foye au Provediteur, wtant
à l'Evêque Latin, & un écu & demi au Protopapas
qui lui a donné fon atteûation de vie &
moeurs.
Dans les proceffions & dans toutes les fdnitioM
Ecclefiaftiques, le Clergé Latin a toujours kp«;
quand les Prêtres Grecs entrent en corps dans iw
Eglifes Latines, ils fe découvrent fuivant la cornume
des Latins, & ne fe découvrent pas dans leuis
propres Eglifes. Lorfque la Meiïe fe dit en prefence
des deux Clergez, après que leSoudiacreLatin
a chanté l'Epîrre, le fécond Dignitaire duClcr->
fé Grec, la chante en Grec; & lorfqueileDi;icri
iatin a chanté l'Evangile , le premier Dignicaits
Grec, ou le Chef des Prêtres chante auffi l'ÈvaDgile
en Grec : Dans toutes les Eglifes Gréquesde
l'Ifle, il y a un autel deftiné pour les Prêtres Latins
: on prêche dans les Eglifes Gréques avecpldne
liberté fur les matieres conteilces entre les Latins
& les Grecs.
Il n'y :
Chapelain
cio Vaftelli Chir
bien à T ine , &n
b P P . Recolets; i
les Eglifes Latines que de iîmpte
ibles au gré de l'Evêque. Kuuiirgien
Maltois , ayant g^nédu
'ayant point d'enfans a adoptéte
l l e u r a f a i t b â t i r u u e E g l i f e & u n
couvent à la campagne : ces Peres font fort aime!,
mais ils ont peu de maifons dans le Levant.
Les femmes des bourgeois & contadins, comme
ils parlent, font vêtues à la I Vénitienne V LlliLl^iillL, ;, les
l.J
très ont un habit approch;
nt de celui des Canire
diotes.
Pour ce qui regarde l'hiilc
de cette Ille, ïots
fçavez, Monfeigneur, que
;'eft la feule couqiiilt
qui foit reftée aux Vénitiens ,
firent fous les Empereurs Latins deCi
André Gizi, d'où defcend le Sr. J
; toutes celles qu'ils
" inflantino|ilt.
..ichi Giii que
is avez établi Confuí de cette Îile & de celle Jt
Mycone , fe rendit maître de Tiiie environ 1'»
1207. & la Republique en a toûjours joui ina^gr^
b Zoccolami,
D U l, Ë V A N T. Iftire ^ J l . 1 3 9
toutes les tentatives des Turcs. Peu s*en fall-ût
<fit ce fameux a BarberouiTe Capitan Pacha, qui
it en 15-37. prefque tout l'Archipel à Soliman
! s'emparât auffi de Tine. André Morofini
aillre que cette Ifle fe rendit fans relift.ince_, mais
que peu de temps après, honteufe d'une pareille lâclieté,
elle députa vers le Provediteur de Candie,
<ioiu elle reçût aflez de fecours pour le remettre
fe la puillance de fes premiers maîtres. On ne
conte pas la clKife tout à fait de même à Tine : on
iliE que Barberoulfe preiTant extraordinairement la
fortcrelTe, obligea la garnifon de battre la chamade;
mais que la Nobleife voyant qu'il n'yavoitque
l«habitans des villages d'Arnado , Triandaro k
Doui Caftelli difpofez à capituler , vint fondre li
bmfquement fur les Tur c s , qu'elle les força de lele
lîége; on ajoute même que les foldats de la
garnifon, dans leur furie, firent fauter du haut des
Kmparcs l'Officier que le Capitan Pacha avoit enfoyé
pour regler les articles de la capitulation.
Depuis ce tcmps-là pour reprocher aux habitans
ws trois villages le peu do coeur qu'ils montret
en cette occalîon, le premier jour de Mai le
ivediteur accompagné des contadins & des feu-
"«aires de la République, fuivi de la milice avec
•i^rbetouir« II. du nom , ¿if, Cheieddin , eu Cheiiaddcn.
î'étendart de faint Ma r c va tous les ans à cheval à
l'Eglife de Sainte Venerande fur la montagne de
Cecro, & l 'on y fait une grande décharge de mouf -
queterie , après avoir crié trois fois , P'ive Saint
Marc, enfuitc l 'on danfe, & la fête finit par un repas
: les feudataires qui manquent de fe trouver à
cette ceremonie payent un écu pour la premiere
fois, & ils perdent leur fief s'ils y manquent jufques
à trois fois.
b Leunclave aiTure qu'en 15-70. l'Empereur Selim
fit demander au Senat de Venize la reftitution
de l'ifle de Chypre , & que fur ion refus , Pialis
Capitan Paehâ fit une defccnte à T ine , où il mit
tout à feu & à iiing. c Morolini dit que dans la
même année les Turcs afîiegerent vigoureufement
la fortereiTe de Tine ; qu'Eve Muftapha mit à terre
huit mille hommes des troupes de la flote qu'il
conduifoit à Chypre, & que cette defcente fe fit à la
follicitation prellante des Andriens ; mais qu'elle
échoua, parce que le Provediteur Paruta avoit iibien
pourvu à toutes chofes, que les Tur c s , malgré toute
leur diligence, furent contraints de lever le liege &
de fe retirer, après avoir brûlé les plus beaux villages
de rifle : deux ans après ils la ravagèrent pour la
troifiémefois fous le commandement de Cangi Alis.
S 2 Qu o i -
b Supplera. ^nnnl. Tare.
C Hift. Vcmt. lib. 9. ir 11.