
V O Y A G E
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ks lampes ^ k rejie de fa vaiffelk. Ces picces n'ctoieiit
certainement pas de tabriquc d'Arnienic.
Pendant que ce venerable Prélat , que l'on auroit
pris en ccpays-ci pour un bon Maîcre d'Ecol
e de camp-igne, doimoit fes ordres., nous demandâmes
à voir fa Chappelle, & nous mîmes trois
ccus dans le balîîn pour payer la eolation-; on
fait ces fortes de charitez , plûtôc pat bienféaiic
e que par devotion. On nous otiric encore à
boire à nôtre retour , ce que nous retufàmes
d ' a b o r d , ne voyant point venir de pain j mais il
f a l l u t boire pour remercier le Patriarche qui bût
aulïï à nôtre fanté ; tout cela fe pafla fore agre'ablement.
Après les complimens ordinaires , il
n o u s donna un homme de fa maifon , avec .une
L e t t r e de recommandation pour les Religieux qui
f o n t fur la route du Mont Ararat ; ainfi nous allâmes
couchcr cc jour - l à à deux heures d'Erivan ,
dans un Couvent d'Arméniens au village de
Nocçfievit. Nous y bûmes d'escellenc vin clairet
cirant fur l'orangé à auili bon que celui de Cand
i e : mais de peur que le pain ne maiiquât, nous
f î m e s dire par nos Interprcrcs , que nous ferions
les chafes honnêtement. Cette promcife eut tout
l e i u c c c s q u e nous pouvions attendre ; nous fûmes
bien traite?-, auffi leur tinmcs-nous .par-oie le
lendemain avant que de partir.
L a Campagne de Nocquevit efî adnîirabl-e ,
toutes fortes de biens y abondent , & l'on y mép
r i f e des Melons que l'on eîtimeroit fort à Paris.
O n ne bâtit dans tous ces quartiers-là qu'avec
<3es.quarrcauK de bouiî cuitc au folcii , faute de
:bo is.
. Nous partîmes à quatre heures du matin le 9.
A o û t , avec des vifaj^es détìg-urez par les piqueur
e s des couiîns qui nous taifoicnt une cruelle guer-
-re pendant la nuit depuis .quelques jours. Nous
c o n t i n u â m e s nôtre route par une grande & belle
' plaine qui conduit au Mont Ararat. -On fe retira
iiir les huit heures du matin à Corvirap ou Coiierv'trab
qui en langue Arménienne iignifie, à cequ'on
d i t , PEslife du Puii. Corvirap cit un autre Mon
a i i e i e <r A rmé n i e n s dont l'Egiife elt bâtie fur un
P u i t s , où ils ailurenr que Saint Gregoire fut jctté
Zi nourri miraculeu-fement, comme Daniel dans
.]a FoiTe aux Lions. Le Monailere paroît comme
u n petit Fort fur le haut d'une colline qui domine
•fur tout e la Plaine , & c'eli de cecce hauteur que
j i o u s commençâmes à voir la riviere ¿"/Iras fì
coimuë autrefois fous le -nom à'yir.'ixes ; elle paf-
.re à quatre liciiës du Mont Ararat. Nous fûmes
-obligez de noQS repofer & de nous rafraîchir dans
c e Monaliere-, car nous pallions de crneik' s nu'ts
,à caufe des couiins, & le jour les chaleurs étoient
i n f u p p o r t a b l e s. Ce genre de vie duroit cependant
depuis Teflis ; mais nous fûmes tout conÎolez de
ixDs fatigues à i a veue d e l 'Ar a x c&d u Mont Ararat,
D e Corvirap on découvre difliiiactncnt les Ja,,
f o m i n e î s de cette tameule Montagne. Le pet'
qui elb le plus pointu , n'étoit point coovS
de neige mais le grand en étoit furieufeme,,
charge. VOICI les Plantes que nous déeriiîm
dans ce Monallere , pendant que nos voitnrim.
ft repofoicnt.
Curdnm OrieMaKi Cofli hmcnfu folio, Cmll
I f l f t i t . Rei hcrb.pag, 51.
L a racine de cette plante e(i longiie d'environ
u n pied, dure, ligneufe ,blanche , groife aucoiet
comme le petit doigt , garnie de plulieurs libra,
& couverte d'une écorce rouflâtre ; elle poulli
une tige haute de deux on trois pieds , braiieliui;
dès fa nailTance, dure, terme,Ui lanchi tre, ipaJI't
d e deux pouces, accompagnéede feuilleslonguts
d environ trois pouces fur un pouce & demide
l a r g e , dente'es legétemeut fur les bords, feubli.
bles a celles de cette efpece de Tanaifie qu'on jn.
pelle le Coa , ce qui me paroït un mot corrompí
Ac Cofius hortnftí. Les feuilles i'i Charéa a/x
l ' o n décrit, diminuent jufques au haut de laplant
e & perdent leur denture , mais elles SiiiiTait
par une efpece de piquant molaife, Deleursailfelles
naiflent des branches tout le long des li^eî
& chacune de ces branches fe termine par m
fleur jaune. Les feuilles qui font le long des branches
font menues , & quelquefois déliées comiM
des filets. Le calice des âeuts en haut de 8. 019.
l i g n e s , fur prefque autant d'e'paiíTeur. Cell me
poire compofée de plulieurs écailles blanchâtres,
pointues , fermes, piquantes, & quelquefois purpurines
à leur cHreinitc. Les piquants qui foin
l u r le bord font plus molaifes & difpofez eu minière
de cil. Chaque fleur efl à fleurons jaunes q«i
n e débordent que de cinq ou fis lignes, decoûpez
on autant de "pointes menues , du milieu dtf
quelles s'éleve une gaine furmontée par un filet
tres-delié. Les fleurons portent fur des enibrioiis
de graines , longs d'environ deux lignes fur nnt
ligne d e large , chargez d'une aigrette blanchi,
C e u i qui n'avortent pas, deviennent des fenitiices
longues de trois lignes. Les fleurs n'ont
point d'odeur fenfible, mais les feuilles font trcsameres.
N o u s eûmes le plailîr ce j o u r - l à de faire n»
nouveau genre de plante , & nous lui iinpoflmes
le nom d'un des plus favans hommes dcce
( i e c l e , également eftimé par fa modeftie, & pï
la pureté de fes moeurs. Cell celui de Mr. Ai
t a n é c l'Academie Royale des Sciences, IVIedecm
de S. A. S. Madame la Princeile de Conli lî
Douairière.
C e t t e plante poiiOè des tiges d'un pied& demidc
haut, droites, fermes, liliés, iigneufes,vert-gai,épaiffes
de deux lignes, btanchués dès lebas, arrondies en
buiiroii icgarniesdefeui l les longues d'unepouceoil
quîme