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avec raifon fur la confeiTation de leur ville, firent
paiîer leurs femmes & Iciii-s entans dans l'Iile de
a ¿jalamine, & follicitcrcnc iî forcement les autres
peuples de Grèce, qu'ils obtinrent qu'on ;\ilèmblcroit
une tiote commune autour de cette lile. Les
habitaiis de Melos y envoyèrent deux galères: ceux
de Scriphos & de Siphnos en fournirent autant.
L e s Romains rcgarddient Seriphnos con-une un
lieu propre à faire mourir de chagrin les fcelerats
& les malheureux, b Au^ulle y relégua rOratciir
Calîius Severus, que dix-lept ans d'exil en Crète
ii'avoient pû corriger de fes médiCinces. c Veftilia
femme de Labeon , convaincue d'adultere y fut
reléguée auflî . & d Stratonicus trouvoit le fèjour
d e cette Ille lî infuportable, qu'il demanda un jour
à fon hôte, quel écoit le crime que l'on puniiToit
d'exil cheî eux : c'ert la mauvaiie foi, dit l'hôte.
H é que ne fais-tu donc quelque fourberie inlîgne,
répliqua Stratonicus , pour te tirer de ce milerable
lieu.
L e plus grand plaiiîr que nous eûmes dans cette
Ifle fut d'en entendre crier les grenouilles dans les
marais autour du port, c Pline & Elieii ont ailur
é qu'elles étoient muettes dans Seriphos ; f &
qu'elles recouvroient leur voix li on les traniportoit
ailleurs : il faut que la race de ces grenouilles
muettes fe foit perdue. Hermolaus Barbai-us a
rétabli l'endroit de Pline où ce fait eft rapporté,:
car dans les anciens exemplaires , on lilbit des
cigales pour des grenouilles. Théophrafte, dit
E l i e n , ne prétend pas que ce foit Jupiter, qui eût
rendu muettes les grenouilles de Seriphos , à la
prière de Perfée qu'elles empêchoîent de dormir
auprès de leur mtirais : ce Philofophe en rapport
e la caufe à la froideur de l'eau de ce lieu. Nous
paiîames près d'une journée entière à roder dans
c e marais pour chercher des plantes ; mais l'eau
nous en parut comme tiède. C'eii: pourtant de
cette faulfe obfervation des grenouilles de Seriphos
, qu'eft venu ie proverbe dont parlent Etienn
e le Gcographe & Suidas : c'eft une grenouille
d e Seriphos, pour dire, c'eiî un fot qui ne fçauroit
parler.
Après les mines d'aîman , la plus belle cliofe
qu'il y ait dans l'ifie de Serpho,par rapport à l'Hift
o i r e naturelle , eft une efpèce d'cei l let , dont le
t r o n c vient en arbriiTeau dans les fentes de ces
horribles rochers qui fout au-delTus du bourg : en
a COÎOUTÎ.
b In faxo Seriphio confenaif. r,i<-»>. Iil>, 4. yéml, e, }î,
c Euftb. Chren. gr. & Ut. IjS,
d r¡March, ic LxiU,
A G E
voici la defcription & la figure. La plante n'a f^
changé , quoique levée de graine & cultivée ciaii!
le Jardin Roya l , où elle fait les honneurs de j-
Grèce paiini' une infinité de plantes rares venue';
d u même pays.
g L a racine de cet oeillet eft greffe comme fc
pouce, couverte d'une ècorce b rune,dure, ligncij,
f e , divifèe en pluiiours autres racines peu chofel
u e s , & poulie au travers des fentes des rochers un
t r o n c tortu , haut de deux pieds, gros d'environ
deux pouces, ligneux, callànt, dur, blanc-faken
dedans, rcv¿-tu d'une écorce noirâtre, gerfée, raboteufe,
& comme relevée de quelques anneaux
ce tronc produit plufieurs tiges toutes branchues,
brunes aufl î , fi ce n'eft vers le haut où les jeunes
j e t s Ibnt vert de me r , garnies de feuilles de mémo
couleur , longues d'un pouce, fur trois ou qua®
lignes de iargfeur, obtules à leur pointe, oppofccs
deux à deux, charnues, caiÏÏintes,touffues,améi«
comme du fiel : ces jets s'allongent de la hauteur
de demi pied , chargea de fueilles femblables aui
precedentcs, mais plus étroites, & foûtiennentordinairement
une feule fleur , quelquefois c'eftuii
bouquet aifez gros ; chaque fleur eft à cinq feiiilles
, îonmes d'un pouce & demi , qui ne débordent
que de demi pouce hors du calice, airondiei
& découpées en crête de coq , giisdelin rayé de
veines plus obfcures & marquées vers leurs bafc,
d'autres rayes purpurin foncé : la queue de es
mêmes feuilles eft étroite , blanche & renferniK
dans le calice : ce calice eft n n tuyau long d'ra
pouce fur une ligne de diamètre , un peu reiiilc
vers le.bas, où il eft accompagné d'un autre calice
à plufieurs écailles pointues & couchées les une
fur les auti-es : du fond du grand calice s'élèvent
des ètamines minces & blanclKS , chargées chacun
e d'un fommet grisdelin , le pîftile n'a que ciiiij
lignes de long , cilindrique , vert-pâle, termini
par deux cornes blanches qui furmontent les ètamines
: lorfque la fleur eft pafi^ée, ce piftiJe devient
une efpéce de coque rouilàtre dans fa maturité,
renflée vers le mi l ieu, laquelle s'ouvre par la poitite
en cinq parties & laille voir des femences noi-.
r e s , plates, minces, blanches en dedans, les unes
ovales, les autres circulaires, attachées à de petiu
filets, qui du corps du placenta leur portent le
f u c nourricier. J'ai l'honneur d'être avec un profond
refpeéi, &c.
e Hifl. »Al. Ub. t. cap. sii
f Lib. cap. 37.
g Caryuphyilus Gncus, arboreuî, LeucoH folio peiam2/i
Corel. Inft. £.ei heib.
l e t -
!
I P J !
C^YopîifSuj G-rixczts artotvzi! Xeucaii/olîojyenzmaiv