
1 4 V O Y A G E
II
J
d m s h cour de laquelle un T u r c a fondé unc"liôt
e l e n e , pour loger & pour nourrir gratuitement
les voyageurs qui arrivent après qu'on a fermé les
portes de la v i l l e ,ou qui ont deffein de partir avant
q u on les ouvre. Cette maifon ell bien entretenueo
n y cultive une belle efpece de b Pied dè Veau'
que la plûpart des Auteurs ont prife pour la Co/oc
«/'.a des anciens : les gens du pays en mangent la
r a c i n e en potage. 6 "
L a Malvoifie de Retimo étoit effimée dans le
temps que les Vénitiens pofledoient cette Ifle • cBé -
ton afiûre qu'on faifoit bouillir cette liqueur dans
de grandes chaudières, le long de la marine : on
e n h i i t li peupre'lentement, qu'il ne nous fut pas
p o l l i b l e d eu goûter, quoique nous fuflions loeet
c h e i le Y iceconful de France le D o S e u r Patelaro
c h c i qui nous fîmes bonne] cliere. C'eft un bcaii
v i e i l l a r d , .de beaucoup d'efprit, & charmant par
c e t t e eloquence gre'que, qui triomphe dans la conv
c r f a t i o n . Il ftoit fort jeune lorfijue les Turcs fe
rendirent les maîtres de la Cance : fa mere fut
emmene'e à Conftantinople , & préfente'e conune
u n e belle efclavo au Sultan Ibrahim , qui en fit
p r é i e n t au grand Vilir : ce ViCr en eût un enfant,
a Caiavan-Sarai,
b Aruimiiasimmn, ^gypiiacum ^ «inod viijgo Colocaiia C.
qui fut tué au dernier fiége de Vienne oi\ il étoé
O r B c i e r général.
L e Viceconful eft du rite grec. Il fut élevé à la
maniere du pays ; mais comme il montroi t plus de
g e m e qtie les enfans de fou âge n'en ont ordinairem
e n t , les parens l'envoyèrent étudier en Droi t , &
prendre fes degrçz à Padoue. , Etant de retour en
y a n d i c , ^ partit pour Conftantinople dans le deifein
de voir la mere, qui étoit devenue fortj-iche, & il
l e fit connoitre a elle par une verrue placée à côté
d e 1 orei l l e vers la fofl'cte : cette verrue qu'il ne
manqua.pas de nous montrer,eft chargée d'uue raciale
noirat te, dont la figure approche en quelque
maniere de celle d'un croiflint. La mere fe ïefo
u v i n t de cette marque , & voulut lui perfuader par
a , qniletoitdeftiné àét reMuful inan: on le ioll
i c i ta piuffamment ; on lui fit même accepter des
terres aifez confidcrables en Valachie : mai's tout
c e l a no fut pas capable de le gagner ; il remit fes
m o V° " r ^ P^t'-'ft"
I ¡ï, P"'^« • ¡1 mène une
VIL aiTcï douce, fous la protei t ion de la France.
L e s haye^s qui régnent le long de la marine, en
l o r t a n t de Ret imo , ne font plantées que de cette
: B Pi„. '1 -
I c Oifirv. lib. I, cap. ïg.
D U L E
efpécc a d 'Ar r o che - , , que les anciens ont connue
fous le n o m ^Halimus. Solin a crû qu'elle étoit
pai-ticuliére à l'Ifle de Crète : j'en ai vû pourtant
tocoup eu Efpagne, dans l'Andalouiie & dans le
Royaume de Grenade.
L e 2,6. Mai, nous dînâmes fous un beau Platane
auprès d'une fource, à dix mille de Retimo,
fur le chemin de Candie : cette eau qui fort du
creux d'un rocher pourroit faire tourner plufieurs
moulins. Nous obfervâmes d'affez belles plantes
aux environs, & fur tout une efpece de b Phlomis^
airez iînguliére, que nous n'avons pas vue dans les
autres l5es de l'Archipel. On coucha ce jour-l à à
Daphnédes, gros village dont l'avenue eft une efpéce
d'échelle raillée dans les rochers , où les chevaux
ne fçauroient monter fans rifque : nos guides
nous piquèrent d'honneur, & commencèrent
à les faire efcalader avec une hardielTe étonnante : .
V A N T. 15
n o u s franchîmes le pas comme les autres. On
n o u s mena chez le Papas, qui étoit le premier du
v i l l a g e : nous nous y délalîâmes agréablement. Les
c o l l i n e s des environs font d'une verdure charmant
e : les Oliviers & les Vignes y font de beaux
points de v û e , parmi de petits bois de Meuriers &
de Figuiers.
L e 27. Mai , nous ne fimes que 17. milles, &
n o u s féjournâmes à Damai l a , autre vi l lage, dont
l a campagne nous parut propre pour la recherche
des plantes ; mais nos peines ne répondirent pas à
nos fouhaics. Le lendemain 28. après avoir pailc
par des pays bien rudes & bien fees, nous allâmes
c o u c h e r à Candie à dix-huit milles de Damaila.
J'ai l 'honneur, Monfeigneur, devons envoyer le
p r o f i l de cette fameuf e place, telle qu'on la découv
r e en arrivant par le chemin de Retimo.
C A N D I E eftla carcaffe d'ime grande vîîie,
bien peuplée du temps des Vénitiens , marchande,
riche & très-forte : aujourd'hui ce ne feroit qu'un
d é f c r t , il ce n'étoit le quartier du c marche , où
les meilleurs habitans fe font recirez ; tout le rcfte
a Atriplex latifolia, fivc Haliraus fruticofus Mo, Hift. Osoh.
f«t. 2, eo7.
A'>./mo{ DiaÇc. lib. T . cap. 120.
Heiba diciciir, E;i admorfa diurram famem piohibet.
Pioinde fie ha:c Cieiica cñ. ¿'«lin. FtlrhijK u,
n'e'fi: que rrlafures, depui s le dernier fiege, l'un des
plus confidcrables qu'on ait fait de nos jours, à Air.
C h a r d i n aifûre que dans le mémoire préfenté au
D i v a n par le grand Thréforier de l'Empire , touchant
les dcpenfcs extraordinaires faites en Candie
penb
Fhlomis Crerica, fruticofa, folio fiibiocundo,"floie luteo
Corol. Inft. Rei Heib. lo.
c Ba'.ar.
d yoja^ii fit Chardin^