
<S VO Y
fait bien voir que les plantes marines ne fe noiirriffcnt
pas comme celles qui naiiîcnt fur la terre; quelle
nourriture pourroit tirer le Corail d'un morceau de
terre cuite , d'une pièce de crane humain , d'une
bouteille cairée, d'un caillou très-dur &très-foIidc,
d'une coquille ? car il s'en trouve fur toutes ces fortes
de corps. J'ai propofé ma penfee li-delllis ,
dans le fécond volume des » Mémoi res de l'Académie
Royale des Sciences.
Pour ce qui cil des drogues on trouve fur le port
de Marfeille , ce que l'on apporte de plus précieux
de Smyrne, d'Alep &d\Alexandrie; fçavoirlameilieure
Scamonée, laCalfe, la Rhubarbe, le Storax
en larmes, le Storax liquide, laMyrrhe, l'Encens,
le Bdellium, les Tamarins, le Galbanum, l'Opopanax,
le Sagapenum, b le Baume blanc, le Poivre,
la Canelle, le fel Ammoniac, & une infinité
d'autres chofes. Cependant Marfeille & Venife ont
beaucoup perdu depuis que les HoIIandois fe font
établis li puilfamment dans les Indes Orientales.
Les drogues qui viennent des Indes Occidentales arrivent
à Marfeille en droiture ou par la voye de
Cadis : ce font l'Ipccacuana , le Kinkina , le Gingembre,
la Caûe des liles, l'Indigo, leRoucou,
le Baume du P«rou, le Baume fee, celui de Copaïve,
&c.
On y raffine parfaitement le fuere de nos liles
d'Amérique : les Savonneries de la ville font trèsbelles
auifi, & no4 feulement elles confomment
les huiles .d'^ Provence, mais encore celles que l'on
tire de Candie & de Grèce.
Après a^'oir vû ce qu'il y a de plus confidérable
à Marfeille, comme le vent n'étoit pas encore favorable
pour nôtre départ, nous allâmes noiis
promener à la campagne. La Chartreufe eil une
maifon fupcrbe & bien entendue : celles des bourgeois
que l'on appelle des baftides , ne font remarquables
que par leur grand nombre, & font li près
les unes des autres parmi les vignes , les oliviers,
& les figuiers, qu^elles rendent le païfage fort agréable.
terroir de Marfeille eft un jardin bien cultivé.
Comme il eft naturellement aiTez maigre, on
ne laiflé pas perdre la moindre crote dans la ville,
l'on s'elt avifc de mettre à profit jufques aux
A G E
excrémens des forçats, qui viiideiit dans des boëtes
placé« au bout de chaque galère, ce (limier fi iiécelEiire
au païs. Le Major des Galères en retireuii
gaui conliderjble, & cette terre froide & plâtreufc
échauffée par le fuiiiier , produit d'excellens railins '
deboimes olives, & les meilleures figues du monde'
Pour nous, dont lapafliondominante étoitd'herborifer,
nous ne pouvions nous liiiler de nous promener
autour de la ville & fur tout dans cette
plaine fablonneufe , laquelle s'étend le long de la
mer , depuis la butte du petit Monredon, jufquesà
celle qu'on appelle le grand Monredon. Nous al--
làmes anffi viliter les llles du Château d' I f ; decPomegues,
de <i Ratonneau , de Maire, Piboulen,
K i o u C o n c l u , Colletareno, Jarret.
Enfiti après avoir bien attetidu le eNTord-oueiï
qui devoir nous mcîîcr en Candie, nous quittâmes
le port de Marfeille le Avril ; Mais le vent
étant trop frais, nous redîmes entre les Mes, &
f o u ne mit à la voile que le lendemain fur les onze
lieures du matin. Nôtre bai ' "
Saint Efprit ètoit commandée
bon homme de mer , qui noi
la Canèe le 3. Mai fuis avoir
droit. On "
Nous fîmes 1600. milles en neuf jours , & i
laiilàmes l'iae de Malthe à moitié chemin.
L a longueur des milles n'elt pas dèterrnjnée avec
prècilîon en Levant , principalement fiu- la mer
où chacun les allonge, & les raccourcit fuivantfoiî
caprice. Je n'ai jamais trouvé deux Pilotes quiftiffent
de même fentiment là-dcifus ; les uns comptent
jufqu'à iSoo. milles de Marfeille en Candie ,
les antres n'en mettent que ij-oo: nous avons fuiv!
1 opinion la plus commune, qui eft de 1600. Il en
eft à peu près de même par terre; il y adesendroits
ou les milles font fî courts, qu'il en faut plus de
quatre pour faire une lieue de France; le plus fouvent
il n'en faut que trois : delà vient lagrandediffèrence,
ou le julle rapport qui fe trouve entre les
mefures des Anciens, & celles d'aujourd'hui. On
ne connoît en Orient ni géométrie ni arpentage
& les terres y font à lì bon marché qu'on ne prend
pas la peine de les inefurer avec exaflitude.
D U
L E V A N T. Lettre 1.
e qui s'appelloit le
r le Patron Caries,
mit dans le port de
lâche en aucun en-
Dit guères de paifage li her
L E T T R E I .
A Monfeigneur le Comte de Tontchartrain, Secretaire d'Etat & des Commandemens
de Sa Majefte', ayant le T)éj}artement de la Marine, gr.
M
"DESCRIPTION -DE VISLE T)E CANDIE.
O n s e i g n e u r ,
J e ne fais qu'exécuter vos ordres, en vous rennt
un compte exaèi dé ce que nous avons vû en
I ^nr,. 1700. p. 27.
c Ou Sdiiic Jean,
Candie, cette Ide fi fameufe & fi connue autrefois,
fous le nom de Crète, Depuis mon rétour , les
lettres que j'avois eû l'honneur de vous écrire,
e Miniai.
un peu
lorfque ; "fu^r ^le¿s s lVieuS: n t ' : ^ ™ ^ m' a v e l peiï
v ^ ï e'"« ^ quelques traits d'érrrdition pro-
, „ s dy ¿j j t s que fon y traitera. Je
l o f e r o n t mo lrs languiCT^^^^^ Que dire
? ° ; ^ ? T s abitt pa des T u r c s , V a t ^ d on fe renfer-
PKfqtte toute , e
a vie d S Mufulmans. Les plus habiles d'en-
K ïvre à e u i S íes Annales de leur Emp re :
nòt« iMereffe peu. Il n'y a qtte la rechernnës
Che des antiquité?., l'étude de l'Hilloire naturelle le
î om^ e e , V u piiffent y attirer les ^e
réKtions du Levant feroient donc fort leches, tl
f o n fê bornoit à la defeription de fètat prelent
des Provinces foûmifes à la domination des Othopaffion
que nous avions tnes amis & moi pour
murt Nous eûmes toujours ventaruere, « nous
mhUmes à U C A N E' E en neuf jours.
de galèr«, b la prit en diï J0urs._ Le M a
„lüftph,,' c„v.¡^„i^äJ. a.O u
Sultan Monrat aima (i tendrement, qu'il voulut
mourir entre fes bras. , ,
Aujourd'hui la Canèe eli la feconde place de
f i l l e . Outre qtfelle eil plus petitequeCandie e
Viceroi de cette ville commande au Pa^cha de la
Canèe & à celui de Retimo. Toute flile di foumife
à ces trois Généraux, & chacun y > département.
On ne compte qu'environ qnime eu s
Turcs dans la Canèe, deux mille Gr e c s , cinquante
Juifs, dix ou dome Marchands François, "»."-Oj!?-
Amurat IV.
icjheibtj.