
Il I
V O Y A G E
r-.i, a été nommé® Pcrée par Nicetas , par Grcg
o r a s , par L^achymere , & limpleraciit Pera par
les autres Auteurs ; mais ou diftingue aujourd'hui
Pera de Galata, &lPeran'ell préciféincnt que le
taux-bourg ürué au de-là de la porte de cette vill
e . b L,es Grecs appclleat aulTi les bateaux de
t r a j e t , Peramidm , & par corruption les Francs
les nomment Fermes. La lîtoatiou de Pera cil
t o u t àfait ciiarmantc, on découvredel à toute la
c ô t e d'Alie & le Serrail du Grand Seigneur.
L e s AmbalEideurs de France , d'Augleterre , de
V c n i f e , & de Hol lande, ont leurs Palais dans
P e r a : celui du Roi d'Hongrie, car l'Empereur
n e l'envoye proprement que tous ce titre ; ceux
d e Pologne & de Ragule logent dans Conllantit
i o p l e . Nous avons parle ci-devant du Palais de
F r a n c e , c'eOE une bellemaifon, dont Uchapell
e eft défervie par les Capucins F rançoi s , qui font
l e s Cur e t de la nation : ils font auffi les maîtres
des eafam de Imgue : c'cll ainli qu'on appel le quelques
jeunes gens que le Roi fait élever à Couftantii
i o p l e , pour y être inllruits par ces Peres dans
l e s langues Turque , Arabe & Gréque; afinque
dans la fuite ils puiffent fervir d'interprcies aux
C o n f u í s François dans les échelles du Levant.
L e s Marchands étrangers ont leurs raailons &
l e u r s magaûns dans Per a auíTi-bien que dans Galat
a , peûe-mene avec les Juifs , les Grecs, les
A r m é n i e n s , & les Turcs. Il y a un Serrail an
haut de Pera à la veuë du palais de France ; ce
Serrail etl nu grand corps de logis quarré &
bien bâti , où l'on élevoit les enfam Je tribut i
c ' e l l - à - d i r c ceux que les officiers du Grand Seigneur
choiíIlToieut dans les familles des Grecs
qui font en Europe , pour fervir auprès de fa
H a n t e l f e après les avoir faits M u f u lma n s , & qu'ils
é t o i e u t iullrnits aux exercices convenables. Comm
e on ne lève plus cette efpece de tribut, ce
S e r r a i l n'eil pas habité ; on y met feulement
quelques gardes , mais on le laiiTe dépérir.
O n defcend de Pera à Top-hana ou Topana,
qui ell encore un autre faux-bourg far le bord de
lal mer au deffus de Pera & de Galata , tout à
l ' e n t r é e du canal de la mer Noi re, où la plûpart
des gens fe rendent pour s'embarquer quand ils
veulent aller fe promener fur l'eau. On l'appelle
'To^iaíiíi, comme qui diroit Areend , ou maifon
d u canon : car top en Turc lignifie camn , &
ha«a (îgoifie » « / « o u ne,iefabr,,He. Ri.
fi agréable que l'amphitheatre que forme
maifons de Galata, de Pera, & de Top:
s ' é t e n d du bant des collines jufques à 1
T o p a n a ell un peu plus élevé qne les i
mais il cB plus petit. Mezomorto qui ét
pitan-Pacha cil 1701. y avoit fait batir u
Serrail. On voit à cent pis de la mer l'Arfeim
o n l'on fond l'artillerie ; c'cll une maifo,
verte de deux dômes, laquelle a donne le i,„„
à tout le quartier ; les Turcs fondent de focj
bons canons , ils employeur de bonne mati
& gardent d'aflez jultes proportions , mais kni
artillerie ell toute iimple&faiis orncmcns.
L e s Turcs n'ont pas de giiùt pour le dcffei
& n'en auront jamais , parce que fuivant le
r e l i g i on il leur ell dét'cndu de delliner desfignrts
c ' c l l cependant fur les figures que l'on fe fotiiii
l e g o û t , foit pour la fculptnre , foit pour lapein.
ture ; ainfi les Turcs ne profitent pas des mot.
ceaux d'antiques qui relient chez eux. Ceux de
C o u l l a n t i u o p l e fe reduifent à deux obelifqutsS
à quelques colonnes, il y a aulTi quelques bis-relicfs
aux Sept-tours. Les obelifques font dam li
place de l'Atmeidan , qu'on appelloit l'Hypi».
drome fous les Empereur Grecs : = c'éti '
que que l 'Empereur Severe commença,
fut achevé que par Conftantin ; il fcrvoit pour Ic!
courfes de chevaux, & pour les principauifpic.
racles ; & les Turcs n'ont prefque fait qtetriduire
le nom de cette place en leur 1:
at che ï e a x lignifie un cbeval, (imeidan unt jlf
ee , comme qui diroit U place aux chevmx, élis
a plus de 400. pas de langueur fur
largeur.
Ordinairement le vendredi au fortir delaMltq
u è e , les jeunes Turcs qui fe piquent d'aditt,
s'aflTemblcnt à l 'Atmeidan , bien propres & bn
m o n t e z , & fe partagent en deux bandesqnitt.
cupent chacnne undes bouts de laplace. Acbi
queiignal qui fefai t , il part un chevalier dtclique
côté , qui court à tout e bride un bâton àl
main en forme de zagaye ; l'habileté coiililli
lancer ce biton & à frapper fon adverfairc. o
à éviter le coup ; ces cavaliers- courent li 11«
q u ' o n a de la peine à les fuivre desyeM, Il
m ' e n
,t les
t C a -
beau
a n,(aU.
ti n>s«fi«, uitfiiim, batemdcîalftsi
d'autres qui dan
par dcflbns le veni
r-nettentfur lafell
tombet"'â d X i n !c e l f e n t d c courir;prenant c'eft d'en
pe de leurs cheval
peut al ler, tirenn
des fers de d>
i pial
i f f i q .
& qui partent mu
pas de bonche nal
laute de bons mor
rein pour ti.'Urner
L ' O b e l i f q u c d<
c Csdw. G/J«1,
ces courfes précipitées pi
e de leurs chevaux , iife»
; quelques uns defeeildeiit«
s avoir amaCfc ce qu'ils ont 1 *
n ,
tandis que leurs ehi
r ;
mais ce qu'il y a de plus»'-
:n voi r qui rcnvcrfez liir la en»;
' a u x , courans tant que le clieni
a i u n c l l c c h c , «tdonn
iere de leur même cht
I n'y a p a ; de cbelieux
de la main , m;
aturellement, ou peu
)rs , qu'il leur faut Ul
itdaiisW
-al : ÍIW
-{tre cll-c<
urand
granit ou piert ; thébaïqii'
ciicur
D U L E V A N T . Letlre XII. 9
icor élevé dans l 'Alme idau : a c 'ei lune pyramij
T i a u a t r c coins, d'une feule piece , haute d'en-
.irmi îo-pieds, terminéecn pointe, chargée de
ces caratleres & figures que l 'on appelle hiéroglyphes,
& qu= 1 '°" connoit plus ; cependant
Ton iuge bien par là qu'elle ell fort ancienne, &
„ u ' e l l e a é t é t r a v a i l l é c e n Egypte. Les infcriptions
ireoiie & latine qui font à fa bafe, marquent que
l'Empereur Theodof c la fit relever après qu'elle
„ „ relié long-temps à terre ; les machines mîmes
que l'on y employa pour la mettre fur pied,
font repréfentées dans unbas-rel ief , & l'on voit
dans un antre la place de Hyppodrome telle
qu'elle etoit, lorfqne l'on y faifoit les courfes
chez les anciens, b Nicetas dans la vie de Saint
kiiaee Patri-archc de Com'lantinople , remarque
que cet obelifque étoit furmonté par une pomme
de c Pin de bronze , qui fut abbatue par un
tremblement de terre.
A quelques pas de là fe voyent les relies d'un
intreJ obel ifque -à quatre f a c e s , bâti de differentespieees
demarbre, la pointe en eft tombée, &
le telle menace ruine: cet obelifque étoi t couvert
de plaques de bronze , comme il paroit par les
trous faits pour recevoir les pointes qui les attachoieiit
au marbre. Sans doute que ces plaques
etoicilt relevées de bas reliefs & d'antres orncmeniicarrinfcription,
qui f e lit dans labafe, en
parle e omme d'un ouvrage tout àfait merveilleux.
Boudelmout dans fa defcription de Conftantinople,
donne 24. coudées de haut à l'obelifque de
griilit, & 58- coudées à c e lui - c i : peut-être me'mc
Ifiilfoiitcnoitla colonnede bronze aux trois ferpeiii.
J'ai traduit l'infcription , qui fait ment ion de
eet -admirable obelifelue. L'Ernfereur Confiautin
^naKt , fere de Remamts la gloire de
a rendu bien pins rnerveilleiife qu'elle
, admirable pyramide quarrée , que le
détruite , £3" qm efl chargée de chofes
félirmi, »1- l'incomparable Colojfe étoit à Rhodes,
y cehonze fu^renant fe trouve ici.
On ne fç-air c e que c'étoient que ces chofes fnblimes,
ni quel rapport-.woit cet ouvrage avec le
Cololfe de Rhode s , fl ce n'eft peut-être que c'éloieiit
deux me r v e i l l e s , chacune dans leur genre.
Voilà une grande énigme.
La colonne de bronze aux trois ferpens n'ell pas
mieux connue : elle ell d'environ 15. pieds de
tait, formée par trois ferpens tournez en fpiralecomme
un rouleau de tabac ; leurs contours
diminuent iufeiifibleinenl depuis la bafe jufques
l'ers les cols des ferpens ; à leurs têtes écartées
Sirlcscéitezcn manière de trepié, compofoient
TOM. IL
l -K,„
une efpcce de chnpiteau. On dit que Sultan Mourat
avoit cairé la tctc à un de ces ferpens: U
c o l o n n e lue renvcrfce & les téces des deux
autres furent calfces en 1700. après la paix de
C a r l o v i t s . Onnefçaitce qu'elles font devenues,
mais le relie a été relevé , & fe trouve entre les
o b e l i f q u e s , à pareille diiiance de l 'an & de l'aut
r e : cette colonne de broiue eft une pìcce des
plus anciennes , fuppofé qu'elle ait etc apportée
de Delphes , où elle fervoit à foûtenir ce fameux:
trepié d'or que les G r e c s , aprèslabaraille de Plat
é e , firent fiiire d'une partie des threfors qu'ils
trouvèrent dans le camp de Mardpnius, à qui
X e r x é s en s'enfuyant de G r e c e , avoit lailié des
richeiTes immcnfcs. Ce trepié d'or, edit Hér
o d o t e , étoir porté fur un ferpent de bronze à
trois têtes: il fut confacré à Apol lon, & placé
auprès de l'Autel dans fon Templ e de Delphes.
Paufanias General des Lacedemoniens à la bataille
de Platée , fut d'avis qu'on donnât cette
marque de reconnoiifance au Dieu des' oracles.
f Paufanias le Grammairien, qui éteîc de
C e f a r é e en Cappadoce , & qui dans le fécond
/iccle nous a donné une belle defcription de la
G r e c e , fait mention de ce même trepié ; après '
la bataillede Platée, dit-il , les Grecs firent prefent
à Apol lon d\in trepié d'or foûtenu par uii
ferpent de bronze. Il ne feroît pas fmprenant que
la colonnede bronze dont nous parlons fût ce ferpent
; car outre Zozime & Sozomene qui alliirent
que l'Empereur ConRantin fit tranfporter
dans l 'Hyppodrome les trepiez du T empl e deDelp
h e s , Eufebe rapporte que ce trepié crànfporté
par l'ordre de l'Empereur i étoic foûtenu paruii
ferpent rotilé en fpire.
Ceux qui prétendent que les ferpens debfonze
de THippodrome ont fervi de Tal i fman , pourroient
appuyer leur penfée fur la prière que les
habirans de Byzance firent à Apol lonius de Thian
e , d'en chaiTcr les ferpens & les fcorpions , comme
Glycas l'a écrit. C'étoit aifez la pratique
d ' A p o l l o n i u s de faire reprefenter en bronxe ks
• -ux qu'il pretendoit cbalTer car
afliTi qu'il fit élever un fcorpit
figures di
I s Glycas aiTûi
d':
pions
A \
donnneuv(
PachJ
temp:
di
I dans Autioche pour la délivrer des fcorit
que de fortir de l'Hippodrome nous
les encore un coup d'oeil fur la Mofquce
|ui ell à gauche & fur le Serrail d'Ibrahim
qui eil fur la droite , & qui dans fon
1 été un des plus beaux bâl imens de Con-
. -pic. Dc-là nous allâmes dans larnëd'Aniple
& dans le quartier de laSolym-anie, où
B l' o n