
1 7 3 . V O Y
ba de ce rocher en fe promenant -après avoir fonpé:
quoiqu'il eu foit , les cnfans qu'il avoic fait pafler
e n l'IOc Eubée , allèrent à hi guerre de Tro}'e,
& regnerent à Achcnes après la mort de Mnefthec,
L ' I H e de Skyros devint célébré, dit a Strabon,
par ralliiuice b qu'x\chille y fit avec le Roi Lycoi
i i e d e , en epoiiûnt Deidamie là fille, dont il eut
u n fils nommé Neoptoleme , que l'on appella
c Pxn-bus , à caufe de la couleur de fes cheveux.
Il tue cicvc dans l'Ifie, & e n tira les nx^illeurs foldats
qu'il mena à la guerre de T r o y e , pour venger
la more de ion pere: les peuples de cette Ifli
f o r t f
iOJl "cmple éroit fur le b<
;s ¿toit la proteitrice du paVs :
•d de la mer dans la
v i u c q u i pùnoit" ie même nom que l'Ifl:
. Oi
v o i t encore les reftes de ce Templ e qu"
zonliftent
en quelques bouts de colonnes & de et
liches de
marbre blanc, qu'on trouve auprès d'ui
chapelle
ebaudounee , à gauche en encrant da
: le porc
Saint George : nous n'y découvrîmes ;
cune inflefqui
cripcion ; mais plulîeurs vieux fondemeu
j o i n t s à labeaucé du porc n e permetcent pas de doi
ter que la ville ne fût dans cet endroic-là. On ne
prétend pas que ces colonnes foient là depuis la
guerre de T roy e ; mais comme les anciens Temples
doiv
n'ont été démolis que par ordre de Conilant
i n , il eft certain qu'on les avoit rétablis plufieurs
f o i s fous le nom des mêmes Divinitez , jafques à
l'établiirement du Chriftianifme. Si ces vieux mar-
3 n e font pas des refies du Templ e de Pallas.ils
nt être au moins des débris de celui de Neptune
qui étoir adoré dans cette lile. f Goltzius a
donné le type d'une me'daille, qui d'un côté reprefcnte
Neptune avec fon tridenc, & de l'autre la
prouë d'un vaiiTeau.
Après la guerre de Troye, les Athéniens rendirent
de grands honneurs à la mémoire de Thefée,
& le reconnurent pour un Héros, il leur fut même
ordonné par g l'Oracle d'en railémbler les os & de
les conferver avec refpc6t. Marcian d'Heraclée
• aiîiâre que les habitans de Chalcis ville capitale
d ' E u b é e , s'écablirenc à Skyros , atcirez apparemment
par la bonté & par la commodité du port.
£ n palfant par cette Jfle, j'y achetai ime médaille
d'argent, trouvée il y a quelques années en labourant
un champ dans le? ruiiies de la ville : elle eft
frappée au coin des Chalcidiens qui bien qu'habitans
de Skyros, ne lailfent pas de retenir le nom
de leur pais, pour fe diftinguer desPelaigiens, des
D o l o p e s , & des autres peuples qui étoient venus
s'établir à Skyros : cette médaille eft chargée d'une
:dcbrabat Skyros honorum Foiic dk
g, PUíUmh. in Jhef,
A G
E
belle t i te, que i c j e
ne connois pas, & dont fc,..,,
qui eft à l'exergue piiro t tout à fi.it cftaeé :
vers c ell une lyre. Comme cette pieee portf i
nom des I, Calcidicns , on ne croiroit pas „uV
eût lité frappée à Skyros, ii on - ; l'y»
'
terrée.
A propos des Dolopes dont on
:iit ciepirl,,^
' Plutarque remarque que c'étoient
: m&hiuii].
boureurs , mais d'iníígnes pirates
dépouiller & emprifoiïner ceux qui aiioicnt •ccotoiimtî
ne.,,
a e r cheï eux. Quelques-uns de ces brigands avî,'
été condamneî à reltirucr ce qu'ils avoicnt ¿T,
des marchands de k rhd&l ic, pour s'en difLfc
Ils firent fçuYou à Cimon fils de Miltiade nn'i
car il s'etoit contenté quelque temps auparav; '
• àvagcr cette IDè. " ' Diod&re de Sicile ajoto
dans ccr'te
que les Pehifgîens l'occi
tcmcnt c
rdition rlilc fut partagée au fott J
^ ens l'occnpoient auparavant c o i
les Dolopes.
Cimon n'oublia rien pour découvrir le cercucü
o ù l'on avoit enfermé les os de Thefée : li cM
etoit difficile, dit o Plutarque, à caufe que '
dn païs ne fe payoient pas trop de raifon,
o n s'apperçut d'une aigle, à ce qu'on dit, qiiiivec
f o n bec & fes ongles, grattoir la terre fur ant pt
tite colline : on y fit creufer & l'on dccou' '
cercueil d'un homme de belle taille avM on ti(t
& une pique; c'en fut aifez : Plutarque n e ™
te pas il c'étoient les armes d'un Athcnien , f
C a t i e n , d'un Pelafgien, on d'tm Dolope. On
fit pas d'autre perquilition : on cherchoit le coij!
de Thefée, & Cimon fit tranfporter ce ccrcndl i
Athènes 400. ans après la mort de ce Héros, ks
relies d'un fi grand homme furent reçus m Ó!
grandes déinonitrations de j o y e : on n'oublia pis
les facrificcs , le cercueil fut mis au milieu de la
v i l l e , & fervit d'affle aux criminels.
Skyros fut enlevée aux Athéniens peni»
les_ guerres qu'ils eurent avec leurs voilins
mais elle leur fut rendue par cette fameufe pai)
q u ' A r t a x e r i c Roi de Perfe donna à toute la Gît
ce , à la follicitation des Lacedemonieiis, f
lui deputerent Antalcidas pour l'obtenir. Après
la mort d'Alexandre le Grand , « Demf
trius ]. dn nom furnommé le Preneur di W-
, reCiiut de donner la liberté aux villes
Grece , prit la ville de Skyros. & en chaiTa la
gatnifon.
Il n'eft pas neceffaire de dire que cette Me aiiç
foumife -i l'Empire Romain , & enfuite à c *
il XAAXI1E.QN.
i Eíl-ttT«/ HaKii î-iî. j"
k r/rat,V. /iO. I,
i BW/M. w/l. liL II.
m Pln!arrl>. 1« Tb'f.
N DN4. Ci, »
D U L E V
j « firees. ' André & Jerôine Giv.i fe rendirent
S; maîtres de Skyros après la prile de Conllantii
e Carcerio en fit la conquête , & la lailEi à
Ldcfcendans : fon petit-ñls Nicolas Carcerio,
mïiémc Duc de f Archipel en fit fortifier le châ-
MO avec beaucoup de foin fur l'avis qu'il eut que
les Turcs qui commençoicnr à pader des côtes
iAfic en Grece , avoient delTein de s'en emparer
cour avoir une retraite commode dans l'Archipel,
t a effet, quelque temps après les Mahomet-ans
Stent une deicente dans cette Ifle, mais ils furent
libien rcpouffei pendant la iruit, qu'il n'en refta
pas un fcul : on voit encore autour du village les
reines de ces fortifications que les T u r c s , qui en
font aujourd'hui les maîtres, ont laiffé périr.
Ou découvre facilement pourquoi l'ille de Skyros
reçut anciennement ce nom, qui fignifie en
Grec quelque chofe de rude : tout le pais eft heriffé
de montagnes , & il n'eft pas furprenant que du
ttmps de Strabon on en eftimit plus les chevres,
que celles des autres Ifles ; car ces animaux fe plaifmt
dans les pais les plus efcarpei, & vont brouter
jufqaes fur les plus hautes pointes des rochers.
Le même Auteur en louS aufli les métaux & les
marbres ; mais on ne fçait pas à prefent s'il y a des
mines dans cette Ifle; pour les chèvres, elles ne
lions parurent pas plus belles que celles que nous
avions vûes dans les autres Ifles ; nous mangeâmes
dans Skyros d'excellent frontage fait du lait
de ces animaux mêlé avec celui des brebis. Cette
lúe, quoique efcarpée, eft fort agréable & bien cultivée
pour le peu de monde qu'elle renferme; car
011 nous affura qu'il n'y avoit pas plus de 300. familles,
quoiqti'elle ait 60. milles de tour. Les habitans
payent tous les ans 5000. ecus au Grand
Seigneur pour toutes fortes de droits 1 ils ont alfe?.
de froment & d'orge pour leur fubfiftance : les
Francois mêmes y viennent quelquefois charger
de ces grains ; les vignes font la beauté de l'Iile,
le vin eu eft excellent & ne vaut qu'un écu le baril
; On en tranfporte beaucoup à farmée Vénitienne
en Mor é e . 'Pour de la cite on n'y en recueille
giiere plus de 100. quintaux. Le bois n'y
manque pas comme dans les autres IDes : outre
les taillis de Chénevert, de Lentifque, de Myrrhe
, le Laurier-rofe , on nous aflura qtfil avoit
de beaux Fins ; mais nous n'eûmes pas le temps
d'aller reconnoitre de quelle elpece ils étoient ; c'eii
h feule !fle de nra conuoiifance , où l'on trouve
des Eieagmi; ils font dans la plaine qui va du port
Saint George au village.
Le 18. Avril 1702. le fud-cft,la pluye & la grêle
nous firent relâcher à ce port : nous étions partis
deSmyrne pour Livourne, fur le vaiiTeau du Capitaine
Guerin de la Ciotat ; outre ce port qui eft
tl'JÍ. di¡E?7>p. Hill. ¡Iti Dm ¿t rUr-
A N T. LeUre X.
1 7 3
capable de contenir uine grande armée,
&
OÙ l'on
peut mouiller prciljue pur tout, il y en a encore un
f o r t bon que l'on noinme le port des trois bouches :
il y a deux ecueils à fon entrée, l'un fe n omme la
Roche taillce , & l'autre Nile flate , l'une de ces
bouches a pour traverlier le nord-oucil, & le fiide
f t , l'autre a le nord-eft, & le fud-oueft, & la troiiicme
l'oueft.
I l n'y a qu'un feul village dans l'IOe de Skyros,
encore cli-il bâti fur un rocher bien efcarpé en forme
de pain de fucre à dix mi l les du port Saint George.
Le monaftere qui porte le nom de ce Saint,
tait la plus belle partie de ce village , quoiqu'il n'y
ait que f. ou 6. Caloycrs , qui confervent avec
grand foin une image d'argent en feuille très-mince,
fur laquelleon acizelé grofllerement SaintGeorg
e & reprefenté fes miracles : cette feurlle qui a
près de 4. pieds de hauteur fur environ 1. pieds de
largeur, eft clouée fur une piece de bois qui a un
manche comme une croix", & que l'on porte en
manière de banniere; c'eft cette image échapée, à
ce que l'on prétend,à la fureur des Iconoclaftes,
nt de miracles , & qui ch-âtie fur tout
'accomplilfent pas les voeux qu'ils ont
George. Les Grecs font les plus grands
du monde : voici ce qu'ils ont fait
• cette maticre au P. Sanger : b ,, Cette
qui opere ta
fiiKà'sâint
impofteurs
accroire fur
image, dit-il, peinte alIeT, groffierement fur une
efpece de billot de bois plus long que large &
alTez pefant, eft placée fur le grand Autel de la
Cathedrale dédiée à Saint George & deiïbrvie par
les Schifmatiques : là quand tout le monde eft:
aiTemblé dans l 'Egl ife,on voit l'image fe remuer
d'elle-même , & toute pefante qu'elle eft , iè
tranfporter en l'air au milieu de l'Aflèmblée, où'
s'il fe trouve quelqu'un qui ait fait quelque voeuà
l'Eglife fans l'accomplir, elle va le démêler
dans la troupe, fe place fur fes épaules, s'y attache
opiniâtrement, & lui donne de furieux
coups par le dos & par la tête, jufqu'à ce qu'il
ait payé ce qu'il doit. Ce qu'il y a de plaifant^.
c'eft que l'image n'a pas feulement cecte vertudans
l'enceinte ^de l 'Egl i f e , elle s'étend generalement
dans tout le territoire de Skyros, où elle
ira déterrer un homme jufques dans les lieux les
plus cache?. ; la manière dont elle fait fa ronde^
eft extraordinaire : un Moine aveugle la porte
fur fes épaules fans fçavoir où il va; ITmage le
conduit par une imprelTion fecrette dans tous les
lieux où il faut aller, fans qii'on lui voye jamais
faire un faux pas ; le débiteur qui le voit venir
de loin a beau vouloir fe dérober à fes pourfnit
e s , en fe cachant aux endroits les plus retirez
& les plus obfcurs de la maifon , le Moine l'y
v a trouver d'un pas ferme, monte,defcend,paiîc
repaflc,entre par tout;auffi-tc)t qu'il a trouve
f o n homme, l'image lui Cuite fur k cou, le bat^.
Y 3 „. l e ;
b ¡^>fi. du DHC/ de L'^TIBLITLF