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D U L E V A
ic ville qui n'en étoir pas ¿lotgnée, & dont le nom
••roic peut-être nnjourd'hui duns l'oubli , fans ]a
qui y fut conclue entre a Mithridate & Sylia,
j'ciienil de l'armcc Romaine : ce détroit de mer
été nommé bms de Saint George ^ à canfe d'un
Iliade iitoé au delà de Gallipoli, & qui s'appelle
„ PeriJhf'Si o\\ il y a une fameufc l'Eglifc de Saint
}corge, fort rcfpedée des Grecs.
La eanal cil dans un beau pai's, borné à droite
à gauche de collines aiTez. bien cultivées , fur
cfquellos on voit quelques oliviers , quelques vi-
•iics, & beaucoup de terres labourables : en y enrant,
on laiiTe la Thrace & le c Cap Grcc à main
Mclie : la Phrygie & le d Cap laniiTari à droite:
;i propoutide ou mer de Marmara fe prcfente au
cptciitrion ; l'Archipel o\i la Me r Blanche reite au
nidi. L'embouchure du canal, a près de 4. milles
idemi de large; elle eil: défendue par les nouveaux
:h;ueaux que Mahomet IV. y fit bâtir en lôfç.
)ûiir y mettre les fiotes Othomanes à couvert des
iifiiltes des Vénitiens qui les venoient attaquer à
i vûë des vieux chateaux des Dardanelles. Les
îciicraux Moroiini , Bembo , Mocenigo, s'y
ignalércnt plus d'une fols pendaqt la guerre de
Candie,
Les eaux de la Propontide qui paiTent par ce canal,
y deviennent plus rapides, de meme qu'une
rivicre qui coule fous un pont : lorfque le vent du
lord foufie, il n'eû point de vailîeau qui fe puiiîe
irefentcr pour y entrer ; mais on ne s'apperçoit
¡lus du courant avec un vent du fud , & il n'y a
¡uc les châteaux à ménager.
Cependant • une armée qui voudroit forcer le
iflàge, ne rifqueroit pas beaucoup, ces châteaux
tant e'loignez l'un de l'autre de plus de 4. milles :
willcfie Turque, quelque monftrueufe qu'elle paoi(
re,n'incommoderoit pas trop les vaiflcaux qui
cfilei'oient avec un bon vent; les embrafures des
anons de ces châteaux , font comme des portes
ochcres ; mais les canons qui font les plus gros
]ac j'ayc vû de ma vie, n'ayant ni affuiî ni recuéc,
ne fçauroient tirer plus d'un coup chacun.
)ui fetoit l'homme aifez hardi pour ofer les charcr
en prefence des vaiiieaux de guerre , dont les
Jrdées renverferoient en un inftant les murailles
es châteaux qui ne font pas terraiTées , qui enfecliroieiit
les canons & les canonniers fous leurs
liiKs ? fix bombes fcroient capables de démolir ces
irtcreifes.
Les vaiiTeaux marchands en venant de Conftaniioplc,
s'arrêtent trois jours auprès du château
'Afie pour y être vi f i tcï , car les Tur c s ne prétendit
pas qu'on cnleve leurs efclaves : cependant
TImrA. m SylL
0 nsfis-ajij. [. c îioniontoiium Maftuiia. r.V». fJlß. ndf. Iii. cif. 11. Ss-
Jf'Mp. ¡0. :.iptll. lib. (5. Miiftuda aufx. Plot. Hb. 3, wp. 12.
T' n,«T!<ri,¡av. firAb. lib. Tî.
ü îroniomoriimi SiRsriim, Plin. ibid. 2i}ticrc <tVa- Sirab. ibid.
tnpcumi dcindc luuiit Hdlerpontiis Sc mate incumbit, voxtici-
N T. Lettre XL 175
maigre leur vifite, ces malheureux fçavent fi bien
f e cacher, qu'il s'en iàuve tous les jours quelquesuns
: les vaiiïèaux de guerre, de quelque nation
qu'ils foicnt, ne font âiipenfez de cette vifite que
par un ordre de la Por te; il eft vrai que cette vifite
cft plûtôt une cercmonie. qu'une recherche.
t e s Géographes croyent ordinairement que les
châteaux des Dardanelles font bâtis fur les ruines
de Seftos & « d 'Abydos , deux villes anciennes &
fameufes par les amours d'Hero & de Leandre;
mais ils fe trompent manifeftement ; car les châteaux
font vis-à-vis l'un de l'autre, au lieu que ces
deux villes étoient (ituécs bien difieremment : Seftos
étoit ii avancée vers la Propontide , que Strabon
qui compte avec Plerodote 875-. pas d'Abydos
à la côte voiline, en compte 375-0. du port de çette
ville à celui de Seftos : f Leandre devoit être
bien vigoureux pour faire ce trajet à la n^e,quand
il vouloir voir g Hero fa maîtrefle, aulii l'a-t-on
reprefenté fur des médailles de Caracalla & d'Alexandre
Severe, precede par un Cupidon qui voloit
le flambeau à la main pour le guider , qui ne
lui étoit pas d'un moindre fecours que k fanal que
fa maîtreiFe prenoit foin d'allumer fur le haut de
la tour où elle l'attendoit : il falloît être un Heros,
& tout des plus robuftes,pour faire l'amour de cette
maniéré. Il vaut mieux s'en tenir à ce que die
Strabon, pour la Situation de Seftos & d'z^bydos, :
d'ailleurs on ne trouve aucuns reftes d'antiquité
autour des châteaux, & l'endroit le plus étroit du
canal eft à 3. milles plus loin, fur la côte de Malta
en Europe : on voit encore des fondemens &
des mafures confiderables fur la côte d'Aiie , où
Abydos étoit placée.
^ e r x é s dont le pere avoit &it brûler cette ville,
de peur que les Scythes n'en profitaiTent pour entrer
dans rAl î e mineure, choilit avec raifon ce détroit
pour faire paiTcr fon armée en Grece ; car
h Strabon affure que le trajet fur lequel il fît jetter
un pont, n'avoit que 7. ftades, c'eft-à-dire qu'environ
un mille de largeur ; mais par une vanité
tout à fait ridicule, comme s'il eût voul u coirunander
aux élemens, il fît donner 300. coups de fouet
à la mer, & y fit jetter une paire de menot te, fur ce
qu^'elle avoit ofé emporter le premier pont qu'on y
avait drciTé : les entrepreneurs eifuyerent un châtiment
plus rigoureux , on leur trancha la tête : :
quelques jours après le Prince voulant fe réconcilier
avec ia mer, y fît des libations avec une phiole
d 'or , & pria l e Soleil de détourner les obftacles.
qui pourroient l'empêcher de fubjuguer toute l'Europe
: la phiole fut jettée dans le canal avec unecoupe
d'or & un cimeterre. Je ne faurois aiTurer,.
dit:
bus limiiem fodiens, dotiec A!îam abrumpat Europa:. Plin. Hiß,.
""e khyio'^magrn quondam; amoiis commeicio ioiignis sß^--
^mm. Miireel. lib. I. cop, 1$'
f Kerum Cei^. Hb. 13,
g Herod. lib. 7.
Il throd, ibidi.