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Les ccrc'monies da a Mariage nous anairérciit
agréablement un jour àMycone; nons accompagnâmes
les parties à l'Egliie arec leur parrain &
leur marraine ; il letir ert même permis d'en ehoilir
trois ou quatre, & cela fc pratique principalement
lorfque la mariée cft l'aînée de la maifiin ; je n'ai
f c û apprendre par quelle talion elle eli la plus avairt%
ce de la famille : car un pere qui a dis mill^
î ù fille
ecus, par exemple, eu doirne cinq mill'
aînée',, le refle etl partagé entre fes autr
y en eût-il une douzaine.
entre fes autres enfans,
Après que le Papas eut recû la conrpagnie à la
porte de l'Eglife , il exigea ie confeñtemcnt des
t-arties, & mît iur leur tête à chacun une 1> couronne
de branches de vigne , garnie de rubans &
de dentelles ; il prît enfuite deux airneaux qui
étoient fur l'autel & les mit à leurs doigts ; fçavoir
l'anneau d'or au doigt du garçon , l'anneau d'argent
au doigt de la fille, dilant, U» tel.... firviuur
de D 'xn mic telle Akuom du Pcre,
Fil,, y Sarnl Effrít^frefmtcmrM is toüjours,
is Am la JUtks da Mida. Amf.f,l-H. Il changea
plus de trente fois les anneaux des doigts des
uns aux autres ; mettant celui de l'époufe au doigt
de l'e'poux, il difoit, Uiie lelU fentanu àe Dieu
e'foiifi ria tel entin il changea encore plufieors
fois ces anneaux , & lailTà l'anneau d'or à
l'époux, & la bague d'argent à répoufe. Jufqueslà
nous n'aTÎtms pas à nous plaindre ; mais il nous
carat fort extraordinaire que le parrain & la m.arraine
s'amufalTent auffi long-temps qu'avoit tait le
Papas au même changement d'aimcaux ; jugez de
l a longueur de cette cérémonie quand il y a quatre
parrains & autant de marraines : celui & celle qui
étoient en fonflion c e jour-là, relevoient les cou-
'•onnes à t^ois ou quatre pouces au deiius de la té^
te de l'époux & de l'époufe, "& firent tous enfemble
trois tours en rond, pendant lefqiiels, les affili
a s , parens, amis, voifins leur donnoient fort
• inèivilement des coups de poing & quelques coups
de pied,rnivant jene fçai quelle ridicule coûtuinedu
paysiil n'yeartlne'noûs'qui les épargirâmes, & l'on atcela
à nôtre impolitelle. Après cette efpéee
le Papas coupa de petits morceaux de
1 mît dans une éeuelle avec du vin ; il
, le premier , & en donna une cuillerée
balet,
pain, qu'
en matîge;
marié, & une autre à la mariee ; le pxirrain, la
marraine & les aflilians en tátércnt_ auffi : nons
aurions commis une grande incivilité , fi nous en
avions refufé. Ainli finirent les époufailles ; on
ne dit point de Mef le, parce que cette cérémonie
f e fit fur le foir. Le même jour les parens , les
amis & les voilius envoyèrent des moutons , des
veaux, du gibier, & du'vin ; on fit bonne chère
a LK MARIAGF. O VD/X-.;.
c M. , M « , , . Fatum, infiel dicnwur
mulietes ad lamemanduni moiEuum conduftï, qu® dant
ezieiis plangendi niodum. Fifltu. L't qui conduñi ploranc in
iuaeic dicuût Se fdcluot piope pima dokntibus « atûmo. Haie
G E
pendant deux mois : cela fc pratique auffi .iprè;
enterremens, & c'cft ce qu'il y a déplus réjomi
parmi les Grecs ; car ces enterremens fe fontd'
manière fort lugubre ; nous en fûmes furpt.,,
jour dans l'Ille de Mi l o : voici comment la eh!
fe paflh.
La femme d'un des principaux de la villc_
vaut le logis duquel nous demeurions, expira d
jours après nôtre arrivée. A peine eût-ellt
l'ame que nous entendîmes des cris extraord
qui nous obligèrent à demander ce que c'éto
nous alîura que fuivant l'ancienne eoûtiimedc
ce , les c pleureulcs faifoient leur devoir
luprcsi
la défunte ; il ell vrai que ces fi' ' ^es gag
rem bit
leur argent, & Horace a eu raifon de dire
, que es
fortes de gens fe tourmentoient plus que L
nés qui pleuroient naturellement. Ces pli
gage, hurlent & frappent leurs poitrines j
ufqueää
s'enfoncer les côtes, tandis que quelques
-uiit-i
leur troupe chantent des d èlegies à la lot
lange 1
mort ou de la morte ; car ces fortes de ch
fervent pour les deu;r fexes, & pour toute forteè
morts, de quelque age & de quck^ue qualité q
foieiit. Pendant cette efpècc de charivari, e..
apoîirophoient de temps en temps la Dame qui
noit de mourir : la icène nous parut linguliàt
•Te nllk blenheurenfe, difoient-elles ; t:, feuxtn
feiitemeut te marier avec im tel & ce tel ....v™
u n ancien ami, que la chronique feandaleufe avot
mis fur le compte de la morte : Nous te
dom ms pare?!!^ difoit l'une : Not baijem
compere tel difoit l'autre, &millcpauvretêzfein
blables : après cela on revenoit aux pli
pleurs font des torrens de larmes, accompagne!i
fanglots, qui femblent partir du fond du coe . .
fe déchire la poitrine ; on s'arrache les cheveul
o n veut monrir avec la morte.
L e convoi commença par deux jeuni . .
qui porroient chacun une croix de bois, fuivispar
un Papas révêtu d'une chape blanche, efcorté i
quelques Papas en étoles de diftèrentes coulears,
mal peignez & mal chauffez ; on portoit enfuite li
corps de la Dame à découvert, parée à la Gréqne,
de fes habits de nôces , le mari fuivoit la bière
foutenu par deux perfonnes de conlideratio.., ,
tâchoient par bonnes raifons de l'cmpêcher d'expirer
: on difoit pourtant tout bas, que la défunte
n'étoit morte que de chagrin ; une de fes fille? alîti
grande & bien faite, fes foeurs & quelques paientei
marehoicnt à leur tour , èchevelèes & appuyées f l
les bras de leurs amies : quand la voix leur m»
quoit ou qu'elles ne fçavoient plus que dire, elle
tiroient avec violence les trèffes de leurs cheveuï
tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Comme km
tuie
D U L E V A
ne fcinroit fe démentir long-temps, on diilin-
Uei tas ces oeealions, celles qui agilfent de
K.miè toi d'avec celles qui fe contrefont : s il y a
i l Iribit dans la ville, il paroitce jour-la : «les
i g ' è t s pSrtes foni bieïi ailes de fe montrer,
•™;rs d'être vûès avec leurs beaux atours ; au
^ ?p rn" nous tout le monde fe met en noir ;
s Tout cela ne les empêche pas de gemir. Il faut
„ouer que les Grecs & les Greques ont Iccceurbiçn
iStei lorfqu'il y a tmmort dans un quartier , aini
j -luis parens, voilins, grands & petits , tout le
C i d e f è pique de ver fer ies larmes, & l'on f^gum
' t m " l i l'on »i®' ""
! Le7Sr de 'l'enterreinent on ne dit point de Me f -
•c des morts ; le lendemain on conmienee d'en hure
. Quarante à chaque parroilfc , a fept fols par
S l d r r L o r f q t f o u l i t arrivé à l'Eglife, les Papas
•eat tout haut l'Office des morts , tandis qu un
Clerc recitoit des Pfeaumes de David au pied
'iibiéte; l'Office étant fini, on dillribua a des
ivres à la porte de l'Eglifi: douze pains & autant
bouteilles de vin ; on donna dix gazettes oti fols
Venife à chaque Papas , un ecu & demi a 1Eqac
qui avoit accompagné le corps ; b le grand
ioitc , e le Thrèforicr, J l'Archivifte , ce font
us Papas qui occupent les premières digmtez du
lergéaVè^'Evêque, reçurent le double de ce
loa avoit donné 1 ce Prélat. Apres cette diftriaion,
un des Papas mit fur l'eftomac de la morm
morccau de pot ealTé , for lequel on avoit
•ivc avec la pointe d'un couteau une croix & les
Mlétes ordinaires . I N B L euffite l'on fit les
.iieuiàlamorte; les parens, & fur tout le mari
• Ulereut il la bouche ; Tc'eft u n devoir indifpenfjle,
fut-elle mor t e de la pette; les amis 1 embraffeent
• les voifins la faluèrcnt , mais on ne jetta
•ointd'eau benite après l'enterrement; on conuilit
le mari jufques à fa maifon ; au depart du
:onïoi, les pleurenfcs recommencerent leur exeree,
& fur le foir les parens envoyèrent de quoi
Hipet au mar i , & allèrent le confoler en faifant
L débauche avec lui. ,
Neuf jours après on envoya le fColyvaalElife,
e'eft ainli qu'ils appellent un grand baffin de
ronient bouilli en grain, garni d'amandes pelees,
:e railins fees,de Grenades, de s Scfame, & borde
Bafilic ou de quelques autres plantes odoriéraiites
: le milieu du baffin s'élcve en pain de fui
e , furmonté d'un bouquet de fleurs arnncielles
pie l'on fait venir de Venife , & l'on range en
croix de Malte fur les bords du bafiin quelques
norceaiK de fucre ou de confitures féches ; voila
rM. di ^Mi Ft».
d Niiiw eft carmen qi
ad tibiam. Ft,1ii!. Símil
funt leilores qui iti tifden
liores edunt, &c pro Epii .
mioinCaim. loi. One, Carth.
laudandi gratia, «nu"
ali cdifto excommuai"''
... funi.
& r,n,
(foneribos) mullcas & quimias i»
>hio Epâhalami ini cekbiaur, M
eniunt eniunc fpeaemur ut ipfa;. Ovià. M.
a Speda,
''Jínf arnand.
b Oi*mi<,ç.
Ç ^•imW'lftf,.
N T. Lettre m . 51
ce que les Grecs appellent l'offrande du ii Colyva,
établie parmi eux, pour faire fouvenir les fidèles de
la refurreClion des morts , fuivant ces paroles de
Jefus-Chrift en faint • Jean : En vertti, en venti,
je mm le dis, fi le grain de froment ne rncnrt après •
a,{ on Ta jette enterre, il deraeiire feul-, mais quand
il eli mort, il produit beaucoup de fruit, k L'origine
de ces fortes de cérémonies , ne laiflTc pas de
faire plailir, & ceux qui les ont inftituèes étoient
remplis de l'Ecriture fainte ; on ifajoûte les confitures
& les autres fruits, que pour rendre le froment
bouilli moins défagréable : le folfoycur porte
fiir fa tête le baffin du Colyva, précédé d'une pcrfonne
qui tient deux gros flambeaux de bois dore,
garnis par étages de rubans fort larges , bordez
d'une dentelle de fil de demi-pied de hauteur : ce
foifoyenr eft fuivi de trois perfonnes, l'une porte
deux grandes bouteilles de vin, l'antre deux paniers
de fruits, la troilième un tapis de Turqui e que Fou
étend fur le tombeau du mort pour y fervir le Colyva
& la eolation.
L e Papas dit l'Office des morts pendant que
l'on porte cette offrande à l'Eglife ; il prend enfuite
fa bonne part du regale : o n donne à boire aux honnêtes
gens ,& les relies font diftribuez aux pauvres.
Quand l'offrande part du logis, les pleurenfes recommencent
tout comme au jour de l'enterrement;
les parens, les amis, les voilins, font les mêmes
grimaces : pour tant de larmes , on ne donne à
chaque pleurenfe que cinq pains , quatre pots de
v i n , la moitié d'un fromage, un qn^tier de mouton
, & quinze fols en argent. Les parens font condanuiez
par la coutume des lieux à pleurer fort fouvent
fur le tombeau ; pour mieux témoigner leur
douleur ils ne changent pas d'habits dans ce tempsl
à , les maris ne fe font pas razer , les veuves fe
lailîent manger aux poux ; il y a des Ifles o u l'on
pleure continuellement dans les maifons ; les maris
& les veuves n'entrent pas dans f Egl i fe, & ne fréquentent
pas les Sacremens pendant qu'ils font en
deuil : quelquefois les Evêques & les Papas font
obligez de les y contraindre fur la menace de l'excommunication
, que les Grecs appréhendent plus
que le feu à l'égard des cérémonies dont on vient
de parler , elles varient fuivant les lieux : voici
celles que nous avons vues pratiquer à Mycone,oii
nons pailâmes un hyver.
Dès qu'une perfonne a rendu l'ame , on fonne
comme l'on fait dans ce pays-ci pour une MefiTe
baflè ; les parens, les amis, les pleurenfes font
leurs complaintes autour du corps que l'on porte
à l'Eglife peu de temps après, le plus fouveut même
on n'attend pas qu'if foit froid ; on s'en débar-
G 2 raiTe
talis Scraraum difla. ïnft. Rei hetb. l i j . L*
.Uidcî Juifs.
*l>nd Swd. frunKiuuni coitam,
g Digitalis Ori(
dc cent flme dtwt Bw ft" S"" "» F""' =
tout Ic Levant.
h KSw^i^v
i Xil. 24.
k Fs«,. I'iiip'nyien Coljvtt, viyii Nict^'m
(hf. lit, lo' la.
UUiß. Iliß- Íí*
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