
V O Y A G E
à cecommcrcc. On a raiTon de préférer le poil de
Chrcvrc d'Angora , à celui de Congna , qui e(t
ranciemio ville d^Icofiium où Ciceroii fit allembler
l'urmcc Romaine ; car les Chevres de Coug
i u font coûtes ou brunes ou noires.
. IJC Z. Novembre nous partîmes d'Angora pour
Prule oa Bronjß^ comme difcu: les Francs , accompagncv.
leàlement d'un voicurier Turcéc d'un
valet Grec qui n\ncendüit pas le Franc , ainJinous
fûmes obligez de nous fervir nous-mômes.
O u ne marcha cejour-là-que pendant quatre heures
, dans un beau pays plac & bien cuitivc. Nous
couchâmes à Soufous méchant village où nous
joignîmes "quelques perrboncs de Kefarie qui •alloicnt
à Prüfe. Le 3. Novembre on marcha pendant
fept heures , dans de belles plaines relevées,
d'une leule colline , en deçà d'/Zai ville affez
j o l i e , d'ins un fond dont les Jardins font agréables
& où il ne manquepas de vieux marbres. Le
îendemain nous, arrivâincs à.Beiba/.ar.après neuf,
hcur..'S de marclie.
Beibcizar eit une petite ville bâtie fur trois collines
à peu près égales, dans une vallée alFez rclerrée.
Les.maifons fonti deux e't'ages couvertes
afle?. proprement avec des planches; mais il
, faut toujours monter, ou dcfcendre. Le ruilfeau
' de ßeibazar fe jette dans- VAtala après avoir fait
moudre quelques- moulins &•, porté la fertilité
dans pkiiîcars campagnes- partagées en fruitiers
•' à. en potagers. C'eft de.là que viennent.ces excellentes
poires .qut^l'oji vend à Conrtantinople,
: fous le nom de Poire d'Angora ¿.mais elles font
; fort tardives & nous n'eûmes pas le plaiiîr d'en
goûter. Tout ce quartier.eft fec & pelé, . excepté •
! les fruitiers. Les Ghevres.n'y brouttent que des
brins d'herbes., éc.c'eft peut-être, comme remarque
ßusbeque , ce qui. contribue à confcrver la.,
b.oauté de leur toifon , qui fe perd quand elles
i chaiiirent de climat & de pâturage. Les Bergers
do beibazac & d Angor a les peignent fouvent,
& les lavent ilan-s les ruiiTeaus. Ce pays me fait
= f ouy cmr àt. \^\Terre jans bois , dont parle Titè-
"LWe-v'l'Aîîn'eliene devoit pas être éloignée de-
Beiba/.ar, puiique le neuve Sangaris y rouluiifts
eaux ; on n'y brûloit que de. la bouze de vâche i
comme l^on fait en plulieurs endroits de l'Aiîe.
Nous partîmes de Beibazar letf. Novembre filr
les neuf heures du matin , & nous retirâmes vers
k s quatre heures du foir dans un vieux bâtiment
abandonné & iiins couvert, cependant la camp.
igne eJlbelle & bien cultivée, quoique relevée
do buttes afl'ez efcarpces.. On y palTe la riviere
d'Aiala dans un gué profond, fes eaux inondent
les terres quand on veut, jnais c'eiî pour y élever
de ircs-bon ris. Elle va fejetter dans la Mer
N o i r e , & nous avions déjà canipé .à ion embouchure
en.allant, à Trcbifonde..
O n monta à cheval fur les lîxheuresdu m-itin
pour arriver le 7, Novembre ¡i une heure h
demi , proche le village de Kahc\ dans un Kan
lans banquette , ou pour mieux dire, dans mie
grande écurie. La campagne commence à se
lever en montagnes couvertes de Pins &de Chi
nés que l'on ne coupe jamais , & qui néanmoins
ne lont gueres plus hauts que nos taillis tam
les terres y font maigres & ingrates. Le 8. nous
couchâmes à Caragamo/is après une traite de dix
heures, au travers d'une des plus belles plaines
d ' A ü e , inculte pourtant, fans arbres , allez feche
, quoique marécagepfe en quelqy^çs endroits
& enfrècoupéè de còlHnes- àfrez balfes. ' L e s vie«'
marbres, qui font dans les Cimetières-, marquent
ubien.qu'il y avbit, là anciennement quelque fameufe
ville, mais comment en découvrir le nom
fuppufe qu'il fe puiiTe trouver encore dans quel'
que Infçn'pcion ? On ne s'y repofe nulle part à
les voituriers. ne fongent qu'à, éviter les voleurs
».
L e 9. Novembre nous, pourfuivîmes notre
route pendant fept heures dans la même plaiiif
On y découvre pluiïeurs villages-, dont les champs,
tont arrofez par une petite riviere qui ferpeiile
agréablement. On s'arrêta a Mou^ptalat dans
mi mauvais Kan ,au lieu d'aller., comme nous le
fouhaitions , à Eskijptr qui eft à une licuëdelà,
T o u s les lieux que les., Tur c s , appellent EsUffar
font remarquables par. leur awtiquité , de même
que ceux que les Grecs-nomment PaUocaßron
Mr ces deux mots iîgnifient un wf.v^ Cioâteal
On nous aflura qu'Eskîflàr étoit u. e aiîez bonne
>.ii!e remplie de vieux, marbres : elle eft à gauc
h e - d u grand chemin 'de Prüfe; ne feroit-cc
pomt la celebre Peßnunte > L a marche du 10.
Novembre, fut de li... heures-, parmi de belles
plaines .bordées de petits, bois,. Nous fûmes logez
flgreabletîîent ^ -Bomdouc uu.Caravanferai
couvert de plomb ,. de mêtJ3e:ique le déme
de la Mofquéc. Les .Limet-jéres n'ymanquent pas
de cplo.mnes , . & l!.on n.e v.oît qW-vieux marbres
mais-fans-'lH-iérfptions.-LTmar^
che du 11. Nuvcmbic lui,,;..cille il ccllL-dujuur
precedent, on fe retira à Konrfounou dans un aff
e z beau Caravanferai au delà d'une petite riviere
c'cft un pays de bois & fur tout de Chines. Le
l?- Novembre on arriva! à qui ligniße une
hatthUnchc. Ccii un village, à cinq heures da
Frule , dans une plaine bien cultivée & bien
peuplée ; après laquelle on ne trouve que des
bois de Chcncs .grands & petits de ditferemesefpcces..
Nous lailfânics tout cc- jour-là le Mont
Olympe a nôtre gauche. C'cft une honîble ciiaînc
de montagnes , fur le fommet defquellesil
ne paroilîoit encore que de ia vieille ncise & eu
fort grande quancité