
i S V O Y
Je vous avoue , Moiifcigneiir , que toutes ces
rcjoiiïiraiices nous ennuyoient fort , mais nos voitunws
n'aiiroicnt ofé marcher pendant les trois
j o u r s du I3aVr;mi. Cependant nous n'avions encore
rien vû de bien extraordinaire en Candie toûchant
les plantes, & noiis nous flations de trouver
quelque chofe de fingulier du côté de la mer du
Sud. Nous partîmes donc le dernier jour de Mai
pour Girapetra, & nous allimes coucher à dix-hnit
milles de Candie, à Trapfano, gros villaec où il
y a une gnmde fiibrique de marmites d e tme , de
pots & de groffes « cruches à huile. Nous vouluen
palTant la vallée & la rade de Mi
beau
l a
l a
•eft pourquoi dè
'Ute de ces grandes
; du nord, & nous
e village à dix mille;
crfé des collines hc
eige qui pendant toi
le lendemain nous prinies
aontagnes, qui font fur la
allâmes coucher à Plati ,
de Trapiàno, après avoir
ribles, d'où nous voyions
:e l'année couvre les fom-
C ' e l l le voifinage de ceti
c vin de Plati : le railîn
is , & le
t e neige qui rend li pla
n ' y meurit prefque jam;
prelenta nous parut du
de Br
nous y trouvâmes beaucoup de plante
de b P]ati payoit atitrcfois aux Vénit
mille c melures de blé , pour dixme
faute d'habitans le pays eft fort néglig,
nbarraflci
la moit
uéres :
q u ' o n nous
Néanmoins
L a plaine
ns quarante
aujourd'hui
: les Turcs
ipitatic
blé que chaque habitant y
Après avoir traverfé quelques montagnes afFreuf
e s , nous entrâmes le 2. Juin dans la valléedcMirabeau
, enfermée entre d'autres montagnes fort
agréables, difpofée en maniéré d'amphiteatre, d'où
elle sMtend jufqu'à la mer. Tout ce quartier qui
eil aflez peuplé & bien cultivé, abonde en huile &
en toutes fortes de grains. On coucha ce jour-là
a Commeriaco, village à tf. milles de Plati : ce
fut, chez des Moines , à la belle étoile , au milieu
d e la cour : ils. avoient tranfporté tous les meubles
d e la maifon dans l'Eglife, pour élever les vers à
f o y e dans les cellules & dans les dortoirs. Le 3.
Jmn nous arrivâmes à Cr i t îa, à trois heures après
midi. C e village ell fur la hauteur d'ime plaine trèsfertile,
au pied d'ime roche efcarpée, couverte de
belles plantes. On découvre de ce lieu, laradc de
Mirabeau, laquelle ne lailTe pas d'être fortexpoféc,
quoiqu'elle fcmble C-tre à l'abri de grandes montagnes.
Le Cadi de Critï.a nous fit prier d'aller chez
l u i , pour lui tätet le pous : c'eft la mode chez les
T u r c s , qui fe portent le mieux : il étoit logé dans
un beau parc, dont prefque toutes les alléesYonten
b 0« J, u Siti.
c du fflirfj di 4ï. Ihrif:
i H Mm ó>.í il 1î S„íÍ. \m
î Diod. Sic. Bibl/at. ijt/l. Hb
g Ei HÎA^TÛJ S, iç-iï TT^Mi. Sir^b Her.
k TaiiafeiiWn Chiyfa üaudos. lUr
"iflî. IIL 7
• raputa. .
A G E
terralfe , plantées d'Orangers , de Grenadiers , de
Cyprès & de Myrtes ; le potager cil plein de Pommiers,
de Poiriers, d'Abricotiers, entretenus à la
T u r q u e , c'efl à dire, abandonnez à leur fort comme
s'ils étoicnt dans une foret ; la maifon tombe
en ruine tante d'en avoir reparé les couverts : elle
appartenoit à une famille des Cornaro de Venife
comme il paroît par quelques relies d'Infcriptions. '
L e 4. Juin, nous defcendîmes à la rade de Mirabeau
, à la vûë des grandes montagnes de la Sitié
, que les anciens ont connues fous le nom de
d D i c t é , éloignées de t i , milles & demi du cap de
Salomon. Au refte l'IDe eft fort étranglée entre la
rade de Mirabeau & Girapetra. Nous arrivâmes
en cette ville en moins de deux heures, & c'eft cet
étranglement, qui fait la prefqu'Ifle où étoit la ville
de Pra;fos, capitale des Eteocretes, qu'Hoinae
appelle des hommes d'un grand courage : ils avoient
élevé un Templ e à Jupiter Diaéen;mai s cette ville
fut détruite par les habitans de Girapetra qu'on appelloit
Hierapytna.
e Hierapytna étoit une bonne place dans le
temps que Metel lus entreprit la conquête de Crète,
A r i f t i on après avoir battu Lucius Baffus, s'y retira
& la mit en état de faire une vigoureufe réiiftance.
f Oftavius qui venoit d'être maltraité par Metellus
s'y rendit auflî, pour conferer avec Ariftion : étant
averti que ce Général venoit pour les ailiégerenperf
o n n e , ils abandonnèrent le château & s'embarqué-
A préfent Girapetra eft une petite ville defFenduë
par un fort quarré, bâti fur une g plage aflèz courbe
, tout à fait expofée, d'où l'on découvre les
écueils appeliez les k Illes aux ânes. Les ruines de
l'ancienne ville confiftent en quelques quartiers de
murailles fort épailfes, & en plnfieurs morceaux de
colomnes répandus dans les champs. Gruter rapporte
quelques infcriptions d'Hierapytna , & l'on
voit des ' médailles de Caligula, au revers defquelles
eft une Aigle apiiyèe lur la foudre, comme (i
elle y étoit perchée, l'arbre qui eft i côté de l'Aig
l e , paroJt un Palmier : ces médailles mefontfouvenir
qu'il n'y a aucuns Palmiers autour de Girapetra,
& l'on en cultive très-peu dans l'Ille ; les
dattes que l'on y mange vieiuient d'Afrique. Mr.
Spanheim parle d'Une autre k médaille de la même
v i l l e , dont le génie eft reprèfentc par une tête de
femme couronnée de tours : au revers c'eft encore
un Palmier, & une Aigle. A l'égard de ces prétendus
Palmiers, ils font rcprefentez ii groffiérement
qu'on pourroit bien les prendre pour'des Pins,
Je fçai bien que Theophrafte afleure qu'il y avoit
plui
L,f,„d,.
D U L E V A N
Ptafieurs fortes de Palmiers
L r qui n'avoir pas voyap
que far le rapport d autrui,
i e la médaille dont nous
dein branches d'ohviers : c
autour de Girapetra : peu
[ l e s plus freqi
- , n'avance prefque rien
11 faut remarquer auin,
parlons a une bordure de
et arbre eft très-comnvun
t-être a-t-on voulu le re-
; Pin, comme les arbres
irons de la vil le, le Pi
itagne & l'Olivier dans les campafoin.
Nos François y
?'iament charger des huiles, des fromages, & de la
Il femble que Strabon, pour déterininer la largeur
de l'Ifthme de la prefqu'Me de la $itie, a oppofc
la ville de Mm«,> à celle d'H.erapyl -
, Mi^sa ne
château de
lefquelles il place LiOmm
pouvoir pas être éloignee de
Mirabeau ; & la di&nce que nous avons » remarquée,
répond à celle de Strabon qui tait cet Ifthme
,hro-e d'environ lept milles & demi.
L e f. Juin , nous allâmes viiirer les grandes
montages , qie l'on voit au Nord-oueft de Gira-
Petra ce font des fuites du Mont Ida. b Strabor
nous apprend que la ville d'Hierapytna avoit pri;
- d'une montagne appellée Pytna, laqi-'"-
appa) cil la : Maies
: Cyri,,
puis
. , ips-là cette ville fe
coinine dit Etienne le Geograph
fuite Camims; enfin Huni fyM..
Ptolemée fappcl-
le c I-Uerapetra, dont on a fait Girapetra.
L e même jour nous allâmes coucher à Calamafc
a , village à fept milles de Girapetra. Le 6. Juin
nous paflamcs par Anatoli, & nous nous retirâmes
à Maies, â près de huit milles de Cahunafea : on
monte toûjours dans ces montagnes , lans perdre
de vûe la mer du Sud. Le 7. Juin nous avançâmes
autant que nous pûmes, & nouspaflames la
nuit dans une folitnde afti-eufe, auprès d'une fontaine,
où nous loupâmes à la clarté d'une douzai-
•ne de gros Chênes verts, & d'autant de d Kermes
aufquels nos Grecs mirent le feu : ces flambeaux
nous éclairèrent toute la nuit , & la chaleur qu'ils
cxciterent dans l'air nous fit plailir. On n avança
c e jour-là que jufques aux premières neiges, qui
il'étoieut pourtant qu'au pied d'autres montagnes
beaucoup plus hautes , fur lefquelles nous nous
promenâmes le lendemain. Quoique ces montagnes
foient très-froides, les Chênes verts y font
•d'une grande beauté , & les Kermes y viennent
auflî hauts que nos Chênes ordinaires : on y voit
de beaux e Erables à feuille découpée en trois poi
•tes. Rien n'eft plus furprenant qi' elpéce de
.. liai
s' ^ lipÌTTUTV
V ••
obr. lib.
, StrAÍ. \t-
•eftíY h-
T . Lettre ï. i' 9
f Prunier , dont tons ces roch-crs font tapiffez,
pour ainfi dire, & qui fleurit à inclure que la neige
fc fond : fes tiges n'ont qu'environ demi pied de
hauteur l ies branches en font fort toufues, chargées
de fleurs couleur de chair; fes fruits ne font gueres
plus gros qu'une grofeille blanche.
L e s Chèvres fmvages dont g Solin a fait mention
, & dont 11 B e l o a a donné la figure, courent
fur ces montagnes par troupeaux ; les Grecs les
appellent Agrimia , nom qu'ils donnent à toutes
les bêtes fauves. Nous fûmes furpris de trouver
des Oliviers dans ces ciuartiers, & même allez près
de la neige, où ils viainent naturellement , & la
plûpart font feinblables à ceux que l'on cultive : on
diftingue'les Oliviers fauvagcs, non feulement par
" • uIE par la feuille, laquelle eft plus
;de. Si Hercule i Crétois eût été
Oliviers naillbient en Crète , il fe
peine d'aller les chercher chez les
, pour en faire venir en Grece. 1 D i o -
imarque avec raifon, que Minerve
les Oliviers domeftiques , pour
r dans les vergers; il y en a des
vertes fur le chemin de Smyrne à
le fru
roiide & plus ri
informé que le
fût épargné la
k Hyberboréeni
dore de Sici l e r
tira des bois ,
les taire plantt
moioegînes coi
Après avoir bien couru dans la neige , & ramaff
é les plantes qui fe préfentoieiit , nous dcfcendimes
à Maies, & nous nous retirâmes à Girapetra
le 9. Tuiu; le 10. nous prîmes le chemin le plus
court'pour aller à Candie , où nous féjournâmes
le 13. on coucha le 14.3 Damafta; le i f . àDaphnedes;
le 16 fur la plage d 'Almvron, moitié dans
l ' e a u , parmi les j o n c s : le 17. à la Cai iée,où nous
étant décliargez de tous nos embarras, nous vilitâmes
de nouveau les environs de cette ville & le
cap Mèl ier, pour obferver quelques plantes, qui
ne taifoient que de naître au commencement du
mois pailè.
L e 28. Juin, nous partîmes de la Canée , dans
le deffcin d'aller voir le Mont Ida, le Labyrinthe
& les mines de Gortvne. Nôtre premier gîte fut
à A lmyron, & le fécond à Retimo. Le 30. nons
allâmes coucher an couvent d ' A R C A D I , à
I i . millt-s de-Rctimo. Il femble que ce couvent,
qui eft le plus beau iSc le plus riche de tous les monaftércs
de I'lflc, ait retenu le no m de l'ancienuc
ville d'Arcadia, dont ™ Seneque, Pline & Etienne
le Géographe ont fait mention ; mais il eft étonnant
que Seneque & Pline aient ofé citer Theophrafte
fur un fait incroyable, fçavoîr qu'après la deftruction
de cette ville , toutes les fontaines des envirubcnte
lit, e^ qu'elle:
Coro!,
g Age. et«
h 04/m
inft. Rei Iictb.
lus fylvefltiuni capta
, hutiii fufa, floïc fuavc:
k P.../-«», D:firil,.
i Eibtio:h. hiß. /(i.
:opior«s Sit.
. hif.
1er
e,¡y