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ÎCr que lorCqu'dlc fut rétablie. D u temps des Chrcr
i e n s , a Ar c adi a fut honorée du troiliémc Evêché
d e l'IOe : il n'y relie plus qu'un grand couvent
1ÌCUC d ans une plaine en maniere de plateforme, iur
la hauteur d'une montagne, au pied du M o n t Ida:
o n aborde à cette plateforme par une agréable vall
é e , partagée en vergers, vignes, & terres labourables
, couvertes dans les lieux incultes do Chênes
v e r t s , de Kermes , d'Erables, de Phillvrea, de
M y r t e s , de Lemi lque s , Terebintes, PiÛachiers,
, Storax. Les eaux y cou-
1 y rcconnoî t encore Tanab'on
a fait la peiiuure.
•il grande & bien biicie :
irichies de tableaux gothin
t que les Grecs,
la nature , ayent
i fr: s , Cyp'
l e n t de tontes pans . O'
c i e n n e Crète, donc b Sri
L a miiilbn d'Arcadi <
l ' E g l i l e a deux nefs , c
q u e s j n'elf-il pas bien lurpi
d o n t les peres ont lî bi
e n i î u . d' o n n é d m s l e g o û t d e s G o t h s , q u i 1;
p i o i e n t lî mal ? c'eft apparemnx-nt parce que les
b e l l e s chofcs demandent trop de loin. On compte
p r è s de lOQ. c R e l igi eux dans ce monallére , c^
2 0 0 . à la campagne, 'occupez à cultiver leursferm
e s . Le e Supérieur de la mai fon, homme d'efp
r i t & très-bien f u t , nous reçût de fort bonne grac
e : ceux qui remplilîènt ces for te s de places étants
p o u r l'ordinaire gens ^ ave s & d'un air vénérable,
o n n'oie pas leur prétenter de l'argent pour la dép
e n f e qu'on a faite chez eux ; o n laiiîe couler quelq
u e s f fequins dans le- balîln du pain bénit , que
l ' o n préiente à la fin de la MeiTe.
L a cave c[\ un des plus beaux endroits du mo-
•nartére : il n' y a pas moins de 200. pièces du vin,
d o n t le meilleur çii m:irqué au nom du Supérieur-,
& perfonne n'oferoit y toucher llms fon ordre.
P o u r bénir cette cave, tous les ans après les vend
a n g e s , il récite l'oràifon luivante impr imée dans
l e rituel grec : en voici la t raduél ion : ^é ' Die.'i qui aimez les hommes , jettet. les
vin.^ fur ceux qui le boirant \ baùjj'e
comme -vous benites Je puits de 'Jacob , U
Siloe\ cîf h boijfo» de vos Saints Àpôti
qui voitîùies bien vous trouver anx n
. fur ,e
. noi muis ^
î pifcim d^
. ¿ T Z ; f manifejîi
'/îîe-/mnt
r le chanzement di /'
ridire en vos difcipUi, eavoyex, prefi
a.- Efpritf»r ce ri» , ^ benifez-U
. ntEfpritft. '¡tre
nom. Ainjifait-il.
L e s terres du monaflére s'étendent jufques à la
m a n n e du côté de Retimo , & vont jniques au
I b i r u n e t du M o n t Ida du côté du midi. On nous
' a l i u r a que les. Rel igieux avoient- recueilli cette an-
E é e pins de 400. meiures d'huile , quoiqu'ils eulf
e n t lailfé perdr e la moitié de leurs fruits , faute
a Níví//.
b Eri Si •. Hb. î
d c Ciiloyer;yi'Mx'.
f c M?-HynfJi>«« î. i>Chef. d'iT
v^Unr dtux
g H commi liiH o r o 2 . Unii,Id.. > M^
, ¿- átm!.
lis- Ltf Mont Ida.
lagne .kv«,
I de gens pour les cueillir. Au deiîous dArcadi
I rant vers la m e r , elt le. couvent d'.-Vi-ièni que l'oal
I dit être allez beau ; nous n'eûmes pas le temps d'y I
L e I. Juillet, nous prîmes la rout e du j\Ionc
g^ 1 D A accompagnez de deux Religieux, que k
S u p é r i e u r d'Arcadi nous donna pour nous condì
r e dans des deferts inconnus à nos guides j ces
M o i n e s nous eicortérent juiques ù une fontai:
h u i t milles du couvent , & à dix milles du Ibmmc:
d u Alont Ida. Les chevaux ne iiiuroicnt moiici
au delà de cette fource,auprès de laquelle loge u
a \ u r c Religieux chargé du loin du haras : tout i
pays elt pelé & couvert de pierres. Nous hiilHnx.
d o n c nos chevaux à la font-aine, & nos guides le
c h a r g è r e n t de proviiions pour trois jours. Lc$
deux Moines s'étant retirez , nous reftames avec le
g a r d i e n du haras, qui nous conduiùt à une bergerie
à lix mi l l e de la fontaine : on fut obligé de s'y orrêcer
: quelque trille & deiagréable que'"fût ce giro,
c ' é t o i t un repofoir néceilaire pour nôtre dellein,
à caule d'un puits qui cil unique dans ces quartiers;
& de ce puits jufque s au fommet de la montagne,
o n compte encore quatre milles : nous y montâmes
avec beaucoup de peine le 3. Juillet.
C e t t e grande montagne qui occupe prefque le
m i l i e u de l'Ille , n'a rien de beau que fon nom li
f-mieux dans l'hilloire ancienne. Ce célébré Mont
I d a , ne montre qu'un gros vilain dos d'âne tout
p e l é : on.n' y voit ni paï la^e, ni folitude agréable,
n i fontaine, ni rui lfeau; a peine s'y trouve-r-il un
m é c h a n t puits , dont il faut tirer l'eau à force de
bras , pour empêcher les moutons & les chevau.^
d e mour i r de foif : on n'y nourrit que des haridell
e s , quelques- moutons & de méchantes chèvres
q u e la faim oblige à broûter jufques à la h Tragar
c a n t h a , lì hèrillée de piqaimts, que les Grecs l'ont
a p p e l l e e Epine de bouc. N'en déplaifc à i Deiîis
P e r i e g e t e , & à l 'Archevêque de Thel ialoniquc fun
c c « r u n c n r a t e u r , les louanges qu'ils ont données ì
c e t t e m o n t a g n e p a r o i l l e n t outrées, ou au moins
n e font plus de faifon. Ceux qui ont avancé que
l e s hauteurs du Mont Ida éroient toutes k chauv
e s , & que les plantes n'y potivoicut pas vivre parm
i la neige & les glaces , ont eu bien plus de raif
o n . Theophralle y marqu.e une efpéce de vigne,
& Pline n' a fait q u ' e n traduire la delcription. Nous
l ' y cherchâmes inutilement; néanmoins il ne faut
pas douter que ces Auteur s n'aycnt p;u-lé du Mont
I d a de Créte ; car on ne voit ni neiges ni glaç
o n s fur celui de Phrygie. E)e quelque côté qne
n ô t r e vùë le p o r t â t , d une hauteur à l'autre , il
•Ò ItfaTw íjifl{
•i Spio
Ev MÎr •i. 10.
h Tflct.rAitS-:« Hii ri difript. Vfrf. J
' Si axfi TMÇ l
H'/i. ÎUb:.
•. Strab. Ü/aihS.
l ti¡n> vhc.r-f.unm. B tuif-m
Thto^i, , Plin. h>jK m. hi. 14.
D U L E V
l e ft préftntoit que des fondrières & des abîmes
K i s ^ d e r K i g e , depuis le regne de Jupter pre-
' " n n ' f o m m è t du Mont Id», qui eft l'eiidroit de
• r i o e le plus cKTé , on voit la mer au lùd & au
| „ o r d ; n T Î i i s pourquoi le tluiguer lî cruel lement pour
I l voir de !i loin : cependant c'ell pour cette rail
i b n que dans la première antiquité la montagne
^i? le nom d'Ida. Suivant .. Hel ladius on denon
par ce mot toutes les montagnes d'où 1 o n
I d e e o u v i o i t beaucoup de pays ; & fuivant b Soidas
•ippelloit h k , toutes les torets dont la vue ctoit
lOTcable. Pour nous qui ne penlioiis pas dans ce
?iros-li\ à tous ces traits d'érudition, chagrins de
" 'trouver que des cailloux, & peu de plantes e.vl
' t r i o r d i n a i r e s , n'ayant prel'que plus la force de meti
nue j amb e devant l'autre , pour n'avoir rien a
l u o u s reprocher, n o u s redoublâmes tous
I p o u r aller jufques au dernier fommet ,
I f i i r e u r des vents qui nous repouifoient
1 etans mis à l'abri d'une roche perpi
a v i l î m e s de taire du ft
ITIUCS boivent ordim
los cftbrts,
m a l g r é la
n t ; & nous
i i c u l a i r e , n o u s
:bet. Celui que les
A N T. Lettre. I. 21
• 1 lires u o i v t i l l , n. . ' e—l l. q-1u ' n u e i n f u i î o n
f l de n i f i n s i e c s , dans laquelle ils jet tent une poignee
d e neige : cette boiffon ne vaut pas la ptilîuie de
l ' H ô t e l - D i e u de Paris. Nous remplîmes donc
n o s tailés d'une bclleneigccryllallilëe à gros grains,
& la d i fpolamcs par conciles avec du liicre, fur leq
u e l o n verfoit cnfuite d'excellent vin : tout cela
f e fondoi t p romptcment en fecouant les talIés.Nous
e û m e s l 'honneur de boire ii la laute< du R o i , & de
f a i r e des veeux pour la confervation de SaMajef lé:
a p r è s quoi nous grimpâmes avec plus de courage
j u f q u e s à la point e de ce rocher , quelque efcarpé
q u ' i l fût. Où n'ir.oit-on pas avec de lî bon vin,
f o u s les ordres d 'un ii grand Prince ? C.'.e v i n étoit
d e la couleur du \ i n d'Alicant , prefque liras liq
u e ur , moileux , velouté , parfnmé d'un efprit
p é n é t r a n t : le Supérieur d'Arcadi nous en avoit
f a i t p rèfent , ou plûtôt nous l'avions troqné avec
q u e l q u e s pilules polychrelles, & quelques prifes de
t a r t r e èmé t ique , qui n'avoir pas ét é d ' u n petit feconrs
à quelques-uns de fes Religieux. L'émétique conv
i e n t aux Grecs, en plnlîeurs maladies : la plûpart,
& fur tout les Moines , qui ne! f o n t pas les corps
les plus mal bâtis du pays, ont la poitrine large &
l e i-entre d'une grande capacité, lequel obéît facîf
l e m e n t aux moindres, fecoui lès de l'antimoine. ^
jze Âit-i^ATït serUnt
itìirclUm/rit iU lu. F Unte
'elice 'rj-íLáíLCílTitha.
il n'y a r ien fur le Mont
e plus coimi iodément lut
a CiiU.ii>iU BMilk. <it Hu.
les montagnes de la Canee ,
v e r d u r e , les ruiûèaux invitent
C 3
b Um, videi».
1 l a fraîcheur , l.i
Ì herbor i fer . Nous
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