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g u c s de huit o u neuf lignes fur trois lignes de
l a r g e u r , arrondies à la pointe mais plus étroites
à la bafe. Du milieu de ces feuilles s'cleve une
toiifFe d'étamiiies jaunes plus courtes que les
f e u i l l e s , garnies de petits fommcts. Elles envir
o n n e n t un pillilo long de deux lignes & demi,
v e r d â t r e , terminé par trois cornes. Le calice ell
l o n g de trois lignes , découpe en cinq parties
d e n t é e s auffi proprement que les feuilles. Le pii
t i l e devient un fruit roullatre-brun , haut de
t r o i s lignes, divifé en cinq loges, remplies de fem
e n c e s brunes & très-menues , lefquelles tomb
e n t par la pointe du fruit lorfqu'il eli bien meur.
T o u t e la plante a u n e odeur rciincufe. Elle var
i e confidérablenient par rapport à lli grandeur;
o n en trouve avec des pieds fort bas , & dont les
f e u i l l e s font trcs-menuës. La ilear varie auHi ,
c a r il y en a dont les feuilles ont jufques à dix
l i g n e s de long. Ll - s feuilles font ameres ,un peu
g l u a n t e s & Tentent la réline.
L e 2 1. Mai nous paflàmes devant CerafoMte
v i l l e aiTez grande bâtie au pied d'une colline fur
l e bord de la mer, entre deux rochers fort efcarp
e z . Le Château ruiné qui étoit l'ouvrage des
E m p e r e u r s de Trebifonde , efi fur le fominet
d ' u n rocher à droite en entrant dans le port , &
e e port eft aiTez boa pour des faïques. Il y en
a v o i r plufieurs qui n'attendoient que le vent fav
o r a b l e pour aller à Conrtantinople. La campag
n e de Cerafonte nous parut fort belle pour
h e r b o r i f e r . Ce font des collines couvertes de
b o i s o ù les Cerijîers naiiTent d'eux-mêmes. Saint
J e r ô m e -a c r û que ces fortes d'arbres avoient tir
é leur nom de cette ville, & Ammian jMarcellin
aiTûre que Lucullus fut le premier qui fit tranfp
o r t e r de-là les Ceriliers à Rome. On ne conn
o i f l b i t pas , dit Pline , les Cerifiers avant la
b a t a i l l e que' Lucul lus remporta fur Mithridate,
& ces arbres ne paflerent que cent vingt ans
après en Angleterre. Cerafo-ate , felon Arrien ,
f u t nommée dans la fuite Pharnacia, c'étoit une
C o l o n i e de Sinope à qui elle payoit tribut, comm
e le remarque Xenophon : cependant Strabon
& Ptolemee dillinguent Pharnacia de Cerafonte.
C e fut à Cerafonte que les Di x mille Grecs qui
s ' é t o i e n t trouvez lors de la bataille de Babylone
d a n s l'armée du jeune Cyrus , 'palferent en rev
u e devant leurs Généraux. Ils y féjournérent
d i x jours, & leur armée après tant de fatigues
n e s'y trouva diminuée que de 14. cens homm
e s . On diiHnguoit dans ce temps-là les villes
G r e c q u e s , c'eil à dire les Colonies des Grecs
f u r les côtes du Pont -Euxio, des autres, villes
bâties par les gens du pays , que les Grecs reg
a r d o i e n t comme des barbares & coinme leurs
e n n e m i s déclarez. Les relies des dix mille évit
o k n t avec foin ces fortes de villes pour fe rendre
aux Colonies des Grecs % m a i s ce n'ém;.
dmairement qu'en combattant. Quoique p '"'
f o n c e u'air jamais été une ville fort confié"'
b l e , on ne lailfe pas d'en trouver des M e d S I
O n en voit à la t i t e de Aurele
vers defqoelles ci} un Satyre debout , quii!"'
m a m droite tient un flambeau & une houlett» Í
la gauche. On voit bien par-là que ce n'éÎ,
pas une ville de commerce maritime; elle ¿ 7
f o u valoir plutôt par fcs bois & par fcs J !
peaux.
N o u s relâchâmes ce jour-là à 3Í. jyiHH
C e r a f o n t e pour aller achettcr des provilio,,,}
Tripoli village dont Arrien & Pline outraitmL'
t i o n , & dont on trouvera ici le deiîèiii £„f/'
n ô t r e petite flotte vint donner fond à trois
l e s audelfous , à l 'entrée d'une riviere qui po-.
t o i t apparemment le miîme nom que la viHe^]
temps de Pline. On a travaillé autrefois desini,
nés de cuivre le long de cette riviere, aron
y trouve encore beaucoup de récremens de «
métail , couverts de vitrifications éinaillces^s
blanc & de vert. Toutes ces côtes font asràbics '
& la nature s'y eft confervée dans " fa beauté'
p a r c e que depuis long-temps il n'y a pas eiiafel
d'habitans pour les détruire. Nous y obferváoicsl
u n arbriiTeau qui , felon les apparences, ellle'
Kaf/îf! d'Ours de Galien.
C e t arbriffeau vient de la hauteur d'un horame.
La tige en eft épailfe comme le bras Is
bois blanchâtre, l'écorce grêle, mêlée debmi
g e r c é e & dont la premiere peau fe déiîchefa'i
c i l e m e n t . Cette tige pouüe pluiìeurs brandiesl
dès le bas, grolTescomme le pouce , quelquefois'
d a v a n t a g e , fubdivifées en rameaux revêtusd'anî,
é c o r c e vert-pâle. Tous ces rameaux font char-|
g e z de nouveaux jets'couverts d'une écorcenett
e & luifante , garnis de feuilles femblnblcj J
c e l l e s du Cerifier , longues de deux pouces Si
demi fur un pouce & demi de large, dentées lég
è r e m e n t fur les bords , pointues par les to
b o u t s , vert-gai , quelquefois rougeâtres, life,
r e l e v é e s d'une côte en deffous & parfemées«
p o i l s très-courts. Les fleurs naiiTent oarmi ces
f e u i l l e s fur ces brins longs d'un pouce & demi,
panchées en b a s , difpofées fur l ámeme lignedaii!,
les aiíTelIes des feuilles qui n'ont encore qu'ufij
demi pouce de longueur , & leur pediculen'i
que trois ou quatre lignes de long. Chaque fleur
eft une cloche d'environ quatre lignes de diam
è t r e , & d'environ cinq lignes de haut, blanci
i i l e , panachée de grandes bandes purpurines du
c ô t é qu'elle eft expofée au folcii , découpéíi
en cinq pointes , quelquefois davantage, & ces|
pointes font un peu réfléchies en dehors. CetU'
fleur varie. Il y a des pieds fur lefquels elle elt
t o u t e blanche, & quelques autres où elle
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