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D U L E V A N T . Lettn X I X .
tafllfolium Herhariorum Leb, relevées d'an côté,
car d'liilleurs elles ne font pas veinées. Celles
qui font aux premiers noeods de la tige font les
plus longues, mais elles n'ont que quatre ou cinq
¡igiKS de largeur ; les autres deviennent plus
étroites ; les dcrnieres reilemblent à celles des
[jeiHets. D e leurs aiiîèlles, tout le long de la tige
depuis la njoiiié en haut, naillènt des branches
longues de demi pif:d, dont les feuilles font trèsnicnues
, & ces brancties fouticnnent chacune
trois ou quatre fleurs , dont le calice elî un tuyau
long d'un pouce oû dc-quinze lignes, épais d'une
ligiie vers le bas , & de deux lignes v m le haut
où il eit découpé en cinq pointes, vert-de-mer
¿clilfc. Du fond du tuyau forrent cinq feuilles
qui débordent de demi pouce, échancrées en deux
p,irtics allez arrondies, blanches en deiTus , mais
vcri-jaunâtre en deilbus , relevées chacune de
dt-'iix appendices blancs qui fervent à former la
couronne de la ficur Les écamines font blanches
chargées de fommetsj:iui,âtres. Le piiliie qui eit
vert-pâle , oblong , lurmonté de deux houpoes
blanches , devient un fruit long feulement de demi
pouce & de trois lignes de diamètre , i! porte
liir un pedicule de trois ligues de haut. Ce iruit
ell une coque dure, ovale, roulfàtre, qui s'ouvre
par la pointe en cinq ou lix parties , & lailfe
éciiappcr des fcmences grilatres aflez femblables
à celles de la Jufqu'iame. Toute la P l ant e cil faveur
d'herbe alfcz mucilagineufc.
Le 2?. Aoûr nous paitimes de Cars avec une
petite Caravane dcllinéc pour efcorter une voilure
d'argent que le Carachi-Bachi ou le Receveur
k la Capitation envoy oit à Etzeron. Cet oient
tous gens choilis , bien armcï , & déterminez à
fe bien battre : au lieu que les Caravanes des
Marchands font compofées de gens qui épargnent
leur p e a u , comme l'on dit, & qui aiment mieux
¿tre r ançonne z que d'en venir aux mains. Tout
bien conl îderc, ce parti leur convient mieux, un
Marchand gagne toiijours beaucoup , quand il
fauve fa vie & fes marchandilès pour une poignée
d'ccus. Nous ne marcnâmes que quatre heures
ce j o u r - l à , & nous campâmes auprès de BemcUaw/
village dans une aJTez grande Plaine où nous
trouvâmes une nouvelle efcorte de T u r c s , gens
bien faits & bien réfolus.
Le 24. Août le Carachi-Bachi qui avoit un
Commandement du Pacha de Cars pour prendre
¿ans les villages de la route autant de gens qu'il
jugeroit à propos pour afl'ûrcr le t ranfpor t de fon
*rgcnt , fit venir des montagnes environ trente
perfonnes bien armées qui ne laillcrcnt pas de
•lous faire plailir , car le brnit couroit que les
Curdes vonloicnc enlever le trelor. Cette nouvelle
efcort e fut relevée le lendemain par une auire
bande aOlîi forte. Ujie Caravane de foixance
T u r c s ne craint pas deux cens Curdes ; ceux-ci
n ' o n t que des lances , & nos Turcs avoicnt de
bon fufils & des pirtolets. On ne partit ce jour-là
que fur les neuf heures pour aller coucher à Kekez
village fitué dans la m ême Plaine à trois heures
de di lhnce. Nous eûmes une recrue de fept
ou huit perfonnes qui conduifoient du Ris à Erz
e r o n ; lîiais ce n'ctoit pas gens à fortirier nôtre
troupe.
O n ne fit que quatre lieues îe lendemain nous
marchâmes toute la nuit au clair de la lune par
des montagnes dont les défilez font dangereux,
& où tort peu de gens auroient pû facilement nous
a r r ê t e r } mais les tenebres favoriférent nôtre marc
h e , tandis que les Curdes dormoient à leur aife.
O n fe repofa le î6. jufques à neuf heures du matin
, & l'on paiTa feulement fur une des plus hautes
montagnes du pays couvert e d e P /W, de Pcw
pliers noirs, & àfJrembles. Comme nous appreiiendions
quelque cmbuicade , on détacha des
T u r c s pour aller reconnoitre les paliages, & ces
batteurs d'eftrade amenèrent au Car a chi - Bachi
q u a t r e payfans qui l'alTeurérenc que les vokurs
é t o i e n t reftez en arriéré, & que nous leurs avions
dérobé une grande marche. A cette nouvelle on
campa fur les trois heures après midi tout près
d ' u n e petite riviere où nous avions déjà campé eu
allant à C a r s , le long de laquelle nous trouvâmes
une belle cfpece de Faleriaae , dont les racines
f o n t tout-à-fait femblables à celles de la %;/-ande
Vdkriane des Jar dim, anfll groifes & auifi aronîatiques.
Les feuilles en font plus étroites; m^jis
comme la grande Valeriane ne f e trouve pas, que
j e fâche , en campagne, je crois que ce n'eit aut
r e chofe que celle-ci qui eli cultivée dans les Jardins
depuis quelques iiécles.
L e 27. Août nous marchâmes près de iix heures
, & nous retirâmes à Lavander village pea
conlidérable. Le 18. après une route auflj longue
, on arriva aux bains èiAJfancaU bâtis alTei
proprement fur le bord de l 'Araxe, à une petite
j o u r n é e d'Evzeron. Us font chauds & fort ñ-equentez.
L'Araxe qui tombe des monragnes où font les
fources de l'Euphrate , n'eft pas coniidérable à
A l l i ï n c a l é , dont la Plaine eft plus fertile que celle
d ' E r z e r o n & praduit de meilleur froment. Généralement
parlant tous les bleds font bas en Armenie
, & la plûpart ne font que qtiadrupler,
fuvtout auprès d'Erzeronj mais auffi il y e n a une
lì grande quantité , qu'elle fupplée au reile. Si
l ' o n n'avoit pas la conimodi t é d'arrofer les terres,
elles feroienc prefque ikriles.
A u milieu de la Plaine d'AiÎincalé s'élevc une
roche horriblement efcarpée , fur laquelle on .1
bâti la ville & une fortercire qui menace tous les
e n v i r o n s , à où l'on appréhendé plus la famine
que le canon. Il n'y a pae plus de trois ccns hom-
V a me s