
•o Y A G E
i n q u i e l i r c n t f o r t c c t t c v i l l s , mai s ils fui ibiip
e l de le retirer. Malgré fou alliairce avec les
R o m a i n s , elle crut qu'il croit de fou interStde
îiarder hi neutralité pendant la t;uerrc que les
Romains firent à Mitlirid.ite fous'le commandement
de Murejia. Epouvantée a'un côté de leur
f o r m i d a b l e puilfance , & allarmée du voifinage ,
<Ju Roi du Pont , Heraclce refufa d'abord Tentre'e
de fon Port à l'armée de ce Prince, & ne
lui fournit que des munitions de bouche. Enf
u i t e 4 la perfuafiou d'Arclielaiis Général de la
il.ote, les Heraeliens lui donnèrent cinq galeres,
& coupèrent la gorge ii feeret tement aus Romains
qui fe trouvèrent dans leur ville pour exiger le
• t r i b u t , qu'un ne ptit i imais avoir taucun indice
d e leur mort. Enfin Miiiiridate lui-même fut reÇ.
Û dans la pi.ice par le moyen de Lamaclius fon
a n c i e n ami qu'il gagna à force d'argent.
C e Prince y iaiflr. Cann?.corix 'avec quatre
.mille hommes de garnifou ; maisLuculIus après
avoir battu Mitliridare fit alHéger la ville par
, C o t t a , qui l'ayant prife par trahifon & entièrement
pillée, la réduilit en cendres ; 11 reçût le
f u r n o m de Pmtijne à Rome ; mais les richeffes
immenfes qu'il avoit emportées d'Hcraclée , lui
a t t i r è r e n t de cruelles affaires. Il fut accufé en
plein Sénat par m: des plus illuftres Citoyens,
qui dépeignit avec des couleurs fi vives l'incendie
d ' u n e puHfante ville , laquelle li'avoit manqué à
î ' a l l î a u c e des Romains que par la fraude de Tes
M a g i d r a t s , & par la fourberie de fes ennemis,
q u ' u n Sénateur ne pût s'eiripêchet de dire à Cot -
t a , «owj î'îîïj/o;//oi-i/o^K/i/i-î^riWri? HeracUe, mais
mn pas de la, ditruire. Ou renvoya par ordre du
Sénat tous les captifs , & les habitans furent rétablis
dans la poffeflion de leurs biens. On leur
permit l'ufage de leur Port & la faculté de commercer
. Britag.oras n'oublia rieu pour la repeupler
& fit long-temps , quoi inutilement , fa cour à
J u l e s Ce'far pour obtenir la premiere liberté de fes
Citoyens. Ce fut apparemment dans ce temps-là
que les Romairw y envoyerein la Colonie dont
•parle St rabon, & dont.une partie |fut reçûë dans
!a ville & l'autre dans la campagne. Avant la
bataille d'Aaium M, Antoine donna ce quartier
d ' H e r a c l é e à Adiatorix fils de Demenecel ius Roi
des Galates , & celui-ci par la permilTlon, à ce
q u ' i l dit , d'Antoine, fit couper la gorge aux
R o m a i n s qui s'y trouvèrent ; mais après la déf
a i t e de ce Général il fervit de triomphe , & fut
•mis à mort avec fon-fils. Après cette expedition,
H e t a c l è e fut du département de la Province du
i o n t , laquelle fut jointe à la Bithycie. Voilà
comment cette ville fut incorporée dans l'Empi-
•re Romain fous lequel elle fieuriiToit encore ,
-comme il paroît par le relie de l'infcription de
T r a j a n , dont on a parlé plus haut.
Heraclée païTa cnfuîtc dans l'Empire J
G r e c s , & c'ell dans la décadence de cet Emtf
•qu'on lui donna le nom de Ptndnach, , ]£„„;
fuivant la prononciation des Grecs, i;:nrble i
n om corrompu A'HeracUe dti P'ini. Ellefuinr
fedée pet les Empereurs deTrebifonde après qi,
les François eurent occupé UEmpire de Conni|„!
t i n o p l e ; mais 1 heodore Laicaris l'enleVa à ¿a.
vid Comnene Empereur de Trebifonde. LcsGt
nois fe failirentdePetiderachi dans leurs coiiqii
tes d'Orient, & la gardèrent jufques à ce qucîH,
homet I-L le plus grand Capitaine de fonteuK
les en chaffii. Depuis ce temp-11 elle cil rellfe
•aux Tares ,-ils l'appellent kngri qui paroit mit
encore quelque chofe d'Heraclée. Prefentemmt
o u ir'y conuoit m Tyrans , m Romains, iiiGenois.
Un feul Cadi y exerce la Jul l iee , on Vii.
vode y.cxige la taSle & la capitation des Grecs
les Turcs y payent feulement les droits du Princ
e ; trop heureux de fumer tranquillement pirmi
ces belles mazures , fans iavoir ni s'cir.batrairti
de ce qui s'y eft pafTè autrefois.
N o u s ne fûmes pas auffi long-temps dans Pin.
derachi qu'il m'en auroit fallu pour pouvoir en
débrouiller l'hiftoire, car nous ne fiines qi',
c o u c h e r ; & nous en partîmes le 2. Mai p.ir un
beau temps qui nous laiiFa faire 8o. milles toutà
n ô t r e aife. Nous entrâmes fur les quatre heure:
après midi dans la riviere de Parthaiî ^ dont les
Grecs out encore confervé le n om ;'mais les Tutcî
l'appellent Dutap. La riviere ri'eft pas feieii grand
e , quoique ce fût une de celles-que les Diï
mille apprehendoient de palTer. Strabon & Atrien
airûrent qu'elle féparoit la Paplilagoiiie de
la Bithynie. Si ce premier Auteur revenait au
m o n d e , H la trouveroit auffi belle qu'il l'a décrite.
Ses eaux couleur encore parmi ces prairies
fleuries qui lui avoient attiré le nom de/'ierg
t . Denys de Byiance auroit mieux fait fclesfair
e paiFer au travers de la campagne d'Ainallris,
quel par le milieu de'la ville-; auiTi croit-il quels
n o m de l-^ierre lui fut donné à l'occalion de
Di'ane que l'on adoroit fur fes bords. Les Citoyens
d'Amalitis l'avoient reprefente'e fur une
Médaille de M. Aurele; le fleuve a leviCiged'nll
j e u n e homme couché, tenant un rofcaudell
main droite, avec le coude appuyé fur des roches
d'où fortent fet eaux. Pline n'a pis ii™
connu la difpofttion de ces côtes , car il a placé
l a ' r i v i e r e de Partheni bien loin ats delà d'Amaflrîs
, & même plus loin que J m W dont iioui
parlerons dans la fuite. Cependant nous déco«-
vrîmes Amaftris le lendemain j. Mai farte!-
heures du marin, & nous nous retirâmes cejmtlà
dans la riviere de après avoir fait 70.
l e s , moitié à la voile & moitié à laraïue.
Amaltris , qu'on appelle aujourd'hui A-m,
D U L E V A N T . Lenre XVI. 8 5
., Fa^naflro, cotrime l'on voit dans 110s
il un méchant village bâti fur les ruines
'"ih idenue ville d 'Amaf t r i s , par la Reine dont
; entde parler, laquelle y réunit qnatre vil-
, fef», Cylore, Cnmna & lus; mais les
,Î,;„5 de T ios quittèrent peu de temps après
! i b c i e t é ; & Sefame qui étoit comme la citadlcde
la ville, prit propreineiu le nom d Ama-
' Il faut lire Arrien pour bien entendre Stra-
1!'• car Arrien comptant ¡jo. Hades , de lari-
"L'parthenius à Amal l r is; 60. Hades d'Amaftris
'¡.•'tlilnc autant delà à Croinna, & de Crom-
,'i'Cytori, où il y avoit un Por t , 90. ftades ;
„ c L a t c o n c l u r e autre chofe, fi ce n'el» que
Rein- Amaftris pour peupler fa nouvelle ville
iiïcniides habitans de tous ces villages. Mem-
011 J'aillcurs le déclare en termes exprès , &
fcteqnc ce changement arriva après la retraite
•inullris, indignée de ce que Lyhmaehus fon
„ti ïcnoit d'époufer Ar f inoe à Sardes. Or puil-
,C felon Strabon , la citadelle qui s'appelloit
Lavant Sefame , prit le nom d'Amallris , il
(Hots de dout e que l'ancienne ville de Sefame ,
loiit a fait ment ion Etienne de Byiance , ou il
(, ,ac Phinée fixa fa premiere demeure , ètoit
finie où cit prefentement Amaftro. Pline conitiit
qu'autrefois Amallris s'appelloit Sefame , &
lue le mont Cytor e fi fameux par fes bonis, dont
ouïes les côtes de la Mer Noire font couvertes ,
iloiléloignée de Tios de 63. milles. Cytore fut
Pott dépendant de Sinope , mais. Ama f t r i s fuilafortuaed'HeracIée.
La fituation d'Amaftris
i aiintageufe , car elle fe trouve lut l'Ifthme
i'.lie preiqu'IIle , dont les deux échancrures forment
amant de Por t s ; du temps d'Arrien il y en
lïoituu fort bon pour les vaift'eaux de guerre ,
mut les deux font remplis de fable aujourd'hui.
CetAutnir traite Amallris de ville Grecque , à
tiufeqnc fa fondat r ice, quoique perliennc , ètoit
îeine d'Heraclée, & qu'elle avoit commencé par
colonie de Grecs. La bouté des Ports d'Atiii
avoit donné lieu au Sénat & au peuple
:ctte ville de faire frapper quelques Médailles:
on en trouve aux fêtes de N e r v a , de M. Aurele,
Jell jeune Faulline, de Lucius Verus , dont les
levers rcprefentent une fortune débout , laquelle
itntde la main droite un timon . & de la gaue
« line corne d'abondance. On n'avoir pas man-
(«id'eit frapper en l'honneur de Neptune, cornue
celle d'Antoni n Pie qui eft che-í, le Roi . où
" Dieu marin tient de la main droite un Daufliii,
& d e l à gauche un Trident. Il ell alfci furwt
qu'il fe voye tant de Médailles d'une
lui n'a pas fait beaucoup de bruit dans l'Hifou
y en avoit frappé, pour aiuli dire, pour
Divinité!. La Diane d'Ephef e n'y avoir
ille c
^-..oublié- " - - •
T O M . U.
d e Domi t i a femme de Domi t ien, fur le revers de
laquelle cette Diane eft rcprefentèc. On voit des
Médailles d'Amaftris à la tête d'Antonin Pie ,
avec des revers de lupiter, dejunon, de la Mèr
e des Dieux , de Mercure, de Caftor & de Pollux.
On en voit même une à la tête de M . Aurele
, & au revers d 'Homer e ; comme li la ville d'Amaftris
avoit voulu fe glorifier de la naiflince de
ce grand homine. Il n'y a pas de plus belle Médaille
de cette ville que celle qui eft che'í le Roi ,
à la têt e de Jul i a Msefa, le revers rèprefente Bacchus
tout debout vêtu en femme , tenant une pinte
de la main droite ; Jupiter eft à gauche debout auffi
, mais avec des attributs bien dilferens , car il a
une pique à la droite, & la foudr e à la gauche. La
Médaille de A-l. Aurele nvarque bien que cette
ville devoir avoir eû des avantages conlidèrables
f u r f e s voifins,puirqu'cllea pour revers unefcmme
avec des trophées à fa gauche. Celles de Fauftine
la jeune & de Gordien Pie font remarquables patleurs
revers , fur lefquels il y a une Viètoire qui
de la main droite tient une couronne & une palme
de la gauche. Celle de Lucius Verus n'eft pas
moins eftimable : c'cft une Vidoi re aîlée avec les
mêmes attributs. Le Roi en a une belle à latere
du même Empereur ; Mars tout nud cft fur le revers
le cafque en t ê t e , dans l'attitude d'un homme
qui marche la pique à la main droite, & un bouclier
à la gauche. Par rapportà laMcdccine,jerçai
bon gré aux citoyens d'Amaftri s d'avoir frappé plufienrs
Médailles en fon honneur : ou voit beaucoup
d'EfcuIapes d 'Amaf t r i s avec des bâtons, autour defquels
un ferpent eft tor t i l lé. LaDceiFc Jof e j eft réprefentée
fur quelques autres où les Terpens ne font
pas oubliez ; la Dlûpart des têtes font d'Adrien,
d ' A n t o n i n Pie, d eM. Aurele, deFauf t ine la jeune.
O n ne voit aucune Médaille de la fondatrice
Amaftris qui fut fuftbquèe fur mer par ordre de
fes freres. Après fa mor t Lyfimachus donna les
vil les d 'Ama f t r i s , d 'He r a c l é e & de T i o s à fa femme
Arlinoc , qui les remi t à Hercul e 7=. T y r a n ou Roi
d ' H e r a c l é e . Son regne ne fut pas long , car Lyfimachus
étant mort quelque temps après , He.
raclée & Aniaftris fecouèrent le joug. Amaftris
même fut démembrée du Royanme des Herac
l i e n s ; & lorfque Amiochusfils de Seleucus déclara
la guerre à Nicomede Roi de Bithynie, ce
même Nicomede qui avoit befoin du fecours des
Heracliens , ne pût jamais les faire rentrer dans
la polfeffion d'Amaftris, parce qu'elle ètoit occupée
par Eumene qui aima mieux en faire prêtent
à Ariobar7.ane fils dé Mithridate, que de la
rendre à ceux d'Heraclée.
Après la prife d'Heraclée par Cotta , Triarius
par l'ordre de ce General fe Eiilit d'Amaftris où
Cannacorix s'étoit retiré ; & depuis ce temps-là
cette ville refta fous la domination des Romains
M &