
i j í l f H
i é 4 V O Y A G E
n'en cfl: pas entièrement pniTée parmi nous,
quand on marie les fiilcs. « M ' . l'Abbé de Camps
a un beau nicdaillon de Maximin, au revers duquel
eft le Templ e de Samos, avec Junon en habit de
nôces & deux paons à lès pieds : cet habic n'ell pas
different de ceux dont on vient de parler " '
paons y ibnt reprefontez, parce qu'oi
. le
autour du Temple de cette Déei lè, co
leaux qui lui ctoient conlacrez.
& les b
élevoit
des oimode
O u t r e les médaillés dont ou vient de parler ,
j'achetai dans cette lOe une belle médaille de
T r a n q u i l l i n e , fur le revers de laquelle eil reprefent
c Meleagre, ou plûrôt Gordien mari de cettte Imperatrice
qui tue un fauglier à la chalie : on en voit
chez le Roi une de même type, & une autre à la
t é t e de Decius.
L e 3. Janvier nous couchâmes à un mille &
demi de Cora, dans la ferme du grand couvent de
l a Vierge : cette ferme n'ell dilhmte que d'un quart
d e lieue des ruines du Temple, dans une plaine où
l ' o n ne voit que Vignes, Oliviers, Meuriers. &
O r a n g e r s , fur tout aux environs de Miles qui n'ell
qu'à "âeux milles de la terme : nous en pu
times ie pemier Février pour aller au grand couvent
, éloigné de dix milles de la ferme, & nous y
dînâmes : il cft iitué à micôt e de montagnes agréables
, couvertes de Chênes verds, de Pins a pig
n o n s , de Pins fauvages, dePhilaria, d'Adrachne;
nous trouvâmes quelques pieds de cet arbre à gros
f r u i t terminé en pointe comme une toupie, on le
décrira dans la fuite de même qu'une belle efpece
d e Germandrée à feuilles de Betoine, qui vient
dans le même quartier. Après avoir mangé quelques
olives & bû de méchant vin dans ce couvent,
n o u s allâmes à Pirgos qui eft .un village àfeptlieuës
d e là, & dont tous les environs font pleins d'une
belle effjece d e c Cachrys, qui ctoit en fleur dans ce
temps-là. Le 2. Février nous paiTâmes par Platan
o a S. milles de Pirgos, de là par îe couvent de
Saint Hélie qui en eft à quatre milles : le foir nous
couchâmes à Neocor io, qui eft un des trois villages
qui forment la ville de Carlovaffi à deux milles de
l a mer.
L e 3. Février nous prînies des chevaux & des
guides pour aller à la grande montagne de Catabate
qui eft à l'extrémit é de l'ifle; on nous mena droit à
Marathrocampo à 8. milles de Carlovaffi, & nous
paflâmes la nuit dans la ferme de Saint Georges appartenante
au couvent de Saint Jean de Patmos; il
n ' y a plus que trois ou quatre cellules inhabitées aut
o u r de la chapelle de cette ferme.
d L e 4. février nous allâmes voir la chapelle,
o n pour mieux dire l'hermitage de Nôtre-Dame de
belle apparcijce , qui eft à quatre milles de là dans
un fond commandé par des rochers eifroyables; la
a CAMir.N.
b ^Ihf:. ibid.
c Cichrys Cre.ica, Angelica folio, Afphodili ladici
T-ift " *
folitude cil belle, & la chapelle eft à l'entree d'une
caverne attreule : on y monte par un efculicr tom
di
torme par environ trente marches étroites t
f i n s :
ippiu du côte du précipice, on a taillé dansî
bas d'
: .a caverne unbcaurefervoir que l'on a w
nu par une torte muraille; pour allcrpuifcr de I'm,
o n pailc par un corridor qui rcgnc le long d'iuuM
me crès-protond : cette chapelle n'ett pas micmî
née que les autres chapelles Gréques.
N o s guides-ne voulurenr jamais aller plus av™
dans a montagne, quelques avantages qu'on
p r o p o l a t ; le troid étoic fort âpre, ^ leis iraS
leroient morts de faim dans ces defi.Tts ; il t\]l
donc revenir .à Marathrocampo pour prendre le
chemin d'une autre foliti:de plus affreufe encore
que la premiere, & que l'on a nommée forti
propos , ^c Nôtre-Dame du mauvais chemin-, nous
n 'y arrivâmes que le lendemain , après avoir traverfé
bien des montagnes couvertes de Pins de
Bruyères & d'ArbouIîers : cette folitude promettoit
à nôtre curiofitc des plantes dignes d'être recherchées.
L a chapelle de Cacoperata cft auffi dans une caverne
où l'on ne peut entrer que par une efpece de
trappe taillée dans le roc. Les Grecs fe plaifeiicâ
bâtir des chapelles dans les lieux les moins accelTibles,
& s'imaginent que ces lieux infpircnt plus d;
dévotion que ceux qui font dans le beau pays. Cacoperata
ell affeurément un des plus afireux hermitages
que j'aye vùs de ma vie; on y va par un fei>
tier d environ 300. pas de long, fait de main d'homme
dans des rochers efcarpez, & ce feiitier ii'aqte
demi-pied de large en quelques endroits ; à gauche
o n a de la peine à s'appuyer fur les roches, a droite
ce ne font que précipices coupez naturellenicntà
plomb , où un homme feroit mis en pieceslîlepied
venoit à lui manquer.
N o u s nous retirâmes, ce jour-là à Carlovaffi :
& nous nous embarquâmes pour Nicaria le lendemain
6. Février; mais le f fud-ouef t nous fit relâcher
au port Seitan, qui n'eft qu'à neuf milles
de Carlovaffi : on a eu raifon de donner à ce port
le nom de Seà-an , qui en langue Turque figiiiiie
le diable. . Il talut tirer nôtre caïque à terre ;
& pendant la nuit il s'en perdit un autre qui étoit
chargé de vin pour les Simies. Le vent du nord
nous retint à Seitan jufques au 12. Février : nous
y étions logez dans une caverne où nous ne brûh'ons
jour & nuit que des Lauriers, des Adrachnes
, des Storax, & nous n'y paffions pas le
temps fort agréablement ; nôtre fac de bifcuit diminuoit
beaucoup, & le temps ne permettoitpas
q u ' o n pût ni chaffer ni pêcher; à peine pouvoit-on
attraper quelques Ourfins & quelques Yeux de
bouc : & ce qu'il y avoit de p i s n o u s avions
D U L E V A
L', (Tiiirc l'eau que pouvoient fournir les roches
i S où nous L'amaffions avec des feuilles de
sSuillcplié^s en goutiere, pour la vuider enfuite
ÏÏisdes bouteilles de a cuir faites en pyramide,
Ibiit en ulage dans le pays : nous vutdâmes un
,>n miics creuic fur le bord de —
•nfin le
l-cnu s'en t roava ademi f.il
viataiTcz beau la nuit du
rroliclmcs pour aller à Patino , qui eft la fameufe
Slle de P a tmo s , d'où nous revînmes à Carlovaffi
le i8 l'cvrier; nous débarquâmes le même jour à
un mille en deçà de Carlovaffi pour voh- une chapelle
Gi'éque, qu'on appelle b Notre-Dame de la
nvicrc. Cette chapelle cli: au pied d'une montagne;
mais elle ell comme abandonnée; cependant on y
voit quatre belles colonnes de marbre griiatre,dont
les chapiteaux font à double rang de feuilles d'Acanthe
: il faut que ce foient les reftes de quelque
ancien Temple; o n peut leconjciiturerpar les vieux
inarbres des envi rons, & entre antres pieces , par
une architrave de jafpe rouge & blanc ; peut-être
ctoit-ce là le Temple de c Mercur e que les Samiens
& dont
. i d'un côte re-
2 l 'aut r e ce Dieu
1 droite, &
19.
r d e G
20. Férlovaffi
honoroient particulièrement.
voient fait frapper une médaille, q
préfeiite le génie de leur ville, & d
des filoux, tenant une bourfe de l;
le caducée de la gauche.
Mnlgré la pluye continuelle dv
vrier, nous ne laiiÏÏmes pas d'allc
Vourlotes , qui cft un village à dix milles de là,
& à deux milles feulement de la mer , au pied des
montagnes les plus froides de l'ifle. En fuivant la
côte du n o r d , nous y obfervâmes d'alfe?. belles
plantes : Vourlotes porte le nom des Ifles de
Vourla qui font vis-à-vis l'ancienne Clazomene,
iituées à l'entrée de la baye de Smyrne ; car Samos
ayant été faccagée & dépeuplée après la paix
de Coulkntinoplc , fut donnée par a l'Empereur
Selim l'an if'^o. au Capitan Pacha Ochiali, lequel
y fit paiTer differens peuples de Grece pour en enlever
les terres : ceux de Vour l a s'établirent à Vour -
lotes; des Albanois bâtirent Albaniticor
deMetelin s'établirent à Metelinous.
La phiye qui ne ccfl~a pas encore le 2
ftit ca'ufe que nous eûmes de la peine
iniques au couvent de « Nôtre-Dame di
<mi n'eft qu'à un mille de Vourlotes : outre la
pluye qui continua jour & nuit , pendant le reftc
dQmois, f les vents du fud firent un étrange ravage;
ils n'enlevoient pas à la vérité les toits des
maifons, car elles font en terraft'e, mais ils renverfoient
les maifons mêmes , & fur-tout-celles de la
campagne, qui leur donnoient plus de prife ; la
raer étoit comme en feu, il tonnoit d'une maniéré
a Mat;
ûHMOC CAMEK
îWî Lyfandto Saceidote.
N Eni ÀïCANùPOr lEPE.
N T. Lettre X. 165
effroyable : on nous raflTûra u n peu lorfqu'on nous
dit qu'il ne pleuvoir dans le Levant qu'en hiver:
& que cette faifon étoit la feule où. l e tonnerre fe
f î t entendre.
T o u t e s ces raifons nous obligèrent de nous tenir
dans le couvent ,d'où à peine pûmes-nous nous
écarter de deux cens pas : comme il eft folidement
b â t i , nons y étions rallûrez contre l'orage qui avoit
renverfé tant de maifons ; ce couvent eft bien
y eft mal-proprement . En nous
informant des rarctez de 1:
voir le Doyen du genre Iv
rien en me fervant de ce •
Caloyer âgé de 120. ans , qui s';
couper du bois, & qui prend foin di
nous aflura qu'il n'avoit bû de fa vie qi
pur & de l'eau de vie. Un pareil e.'cempL
antorifer peut-être ceux qui boivent du
excès, mais en voici un au
L u p p a z u o l o , Grec de N:
nife à Smyrne , venoit de
a n s , & n'avoit jamais bi
roit donc rien conclurrt
l'iifagedesboiJTons; cai
voit pas même fouffi'ir I
ce qui fait le plus d'honm
qu'il avoit une fille de 18.
viron 85-. fans compter qi
lOUS fit
hazarde
u n bon
:ncorc à
¡lin, on
: du vin
pou rroit
: Mr.
î VctOUt
COI
N a t i o n & Confuí de
mourir à l'âge de n 8.
. que de l'eau : o u ne fçaud
e certain par rapport à
Mr. Luppazuolo ne poucafte
ni le forbet : mais
fa mémoire , c'efl
& une autre d'en-
/oit perdu un de fes
. & ceux
Février,
ï avancer
tonnerre,
garçons qui étoit mort âgé de près de 100. ans.
¿ e s bourrafques ne nous empêchèrent pas d'obferver
autour du couvent quelques belles efpecesde
Renoncule à fleur bleue ; il n'y avoit que peu de
neige fur les montagnes le 23. Février, mais beaucoup
de grêle grofte comme des pois verts. Ces
montagnes font couvertes de deux fortes de Pins,
& il n'y a point aiTurément de Sapins , quoiqu'en.
difent les gens du pays, qui appellent de ce nom
une belle efpece de g Pin,- qui eft à Paris dans le
parterre du Jardin Royal, & qui a les feuilles longues
d'environ cinq pouces fur une ligne de large,
roides, plates d'un côté, arrondies de l'autre : Ion
fruit a quatre pouces de long, {épais d'un pouce &
demi , aflTez pointu , à groflTes écailles fort du
Dans l'ifle de Samos, ces fortes de Pir
s'élevent
fort haut, & font propres à faire des mâts
s de navi-
res : ils donnent beaucoup de Therebenti
n e recueille pas quoiqu'elle foit fort clai
belle .--les autres b pjns qui croiflTent fur
tagnes , font de l'efpece commune qu
toutes les côtes des pays chauds.
: qu'on
& fort
r ces monvient
fur
D e ces montagnes nous traveriames l'ifle pour
venir à Cora , où l'on nous avoit fait efperer que
nous trouverions des Infcriptions anciennes; néanmoins
il n'y a dans les maifons des particuliers
X 3 qued
'KiUe. des Voys'iei de M. de Breves. IS!""'""
h Pinus fylveiliis, maxitlma, coais fionitei lamls sdhsreniîr
busj. B,
1 1