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contient près de cinq mille hommes cft aiTcl bien
bâtie ; mais elle eft d'une fileté inftportabk ; quand
on y bâtit line mailbn, on commence par l'appartement
des cochons qui eft an delTous d'ime arcade
an i-ez de chauffée ou un peu plus bas, & qui donne
toûjours fur ta rue ; en un mot c'eft là le eloaque
de tonte la mailbn : les ordures qui s'y amairent.,
jomtes aux vapeurs des marais ûlans qui font furie
bord de la mer, aux exhalailbns.des minéraux dont
r i f l e eft infeSée, à la difette de bonnes eaux, cmpoifon
uent l'air de Milo & y caufeirt des maladies
dangerçufcs ; les maifons de eette ville valent bien
mieux que celles de Candie ; celles de Aiilo font
à deux étages en terraffe, de bonne maçonnerie &
d'une pierre affeï linguliérc, approchante de la pierre
ponce, mais dure, noirâtre, légère, qui relifte
aux impreffions de l'air, & qui eft très-propre pour
a i g u i f o toutes fortes de Icrremens : il n'y a pas
d'apparence que » The'ophrafte & Pline ayent voulu
parler de cette efpéee de pierre, lorfqu'ils ont dit
que les meilleures pierres ponces fe trouvoient dans
cette Ifle ; car les anciens s'en fervoient pour adoucir
la peau & la rendre plus douillette : il cft certain
que les pierres ponces ordinaires font beaucoup
plus propres à cet ufage, mais il ire nous a pas paru
que celles de Mi l o tulfcnt d'une tiiliire plus fine
que celles qui font fur les bords de toutes les Mes
de Grèce ; elles viennent toutes de la même carrière
, comme nous verrons dans la fuite : les terraffes
de Mi l o font de même fabrique que celles des
autres villes de l'Archipel, c'eft une couche de terre
affez bien batue, qui fe fend & laiffe échaper l'eau
de toutes parts aux premières pluyes ; mais elle s'afrermit
à mefure qu'elle s'imbibe d'eau & fes crèvaffes
ne fe bouchent que peu à peu.
L e s Capucins François font affez bien logez dans
cette Ifle à l'entrée de la ville à droite en venant dn
port ; il y a quelques années que leur couvent fut
démoli par les Turcs qui fe plaignoient qu'on
y recevoir les vols des Corfaircs : la maifon a été
televée, & la nouvelle Eglife eft fort jolie pour le
pays : le Roi a donné mille ècus pour cet édifice;
les Marchands François , les Capitaines de vaiffeaux
, les Corfaires même ont contribué felon
leurs facnliel, car les Capucins font pauvres par
tout. En Levant ils employait leur- fuperflu à
nourrir les pauvres familles Chrétiennes, & n'onlîlient
rien pour foulager ou pour délivrer les efclaves.
De deux Peres qui font dans le couvent de
M i l o , l'un fait l'école Gréque, & l'autre l'Italienne
: ils confervent dans leur jardin une figure antique
fans tête & fort mal traitée ; on croit que c'ètoit
la figure de Pandore, les relies en font beaux :
il me parut plutôt que c'étoit une ftatué de b Diane
à plufieurs mammelles , dont on voit la reprefentatiou
fur- quelques médailles de Domitien ,
a De UpiMI,. fH/l. m. îfi. irt^. ir. An Alcyonium durum
Jniper. cujus te.\cuta ad pumicetn accediîï
b APTEMlï noATMAZT02, Diane i pluficuiïmammelles,
«.Aleyouium duium Impci.
A G E
de Trajan, de Sabine, de Marc Aurele, de Coin
mode , de Marnée , d'ütacille , d'Etrulcille H»
Gallien. '
Les Miliotes font bons matelots : par l'ufaieíí
la connoiffance des terres de l'Archipel , ils fct.
v p t de pilotes à la plûpart des vailîeaux étrangers
Cette lile abondoit en toutes fortes de biens dam le
temps que les Corfaires François tenoient lamer
e.n Levant : on y p:u-le encore des grandes actions
de M«, de Beneville Temericourt, du Chevalier
d'Hocquincour , d'Hugues Cruvelier , 4
Chevalier d'Entrechaut, de Mrs. Pouilel, l'Orange,
Lauthier, & autres qui amenoient leurs prifo
en cette Ifle, comme à la grande foire de I'x^rchipel;
les marchandifes s'y donnoient à bon marché'
les bourgeois les revcndoient à profit, & les équipa!
ges des vaiifeaux y confommoient les denrées du pays,
Les. Dames y trouvoient aufli leurs avantages
eUes ne font pas moins coquettes que celles de
l'Ar^entiére : toutes ces Dames fe fardent avec k
poudre d'une c plante marine , dont elles frottent
leurs joues pour les rendre vermeilles, mais cettc
couleur fe pailè bien-rôt , & l 'u%c de cettc poudre
gâte le teint & détruit la furpeau : les Dames
de ces deux liles font vêtues de la même manière;
il n'eft point d'étranger qui ne trouve leur habit extraordinaire
& tout à fait défavantageux au beau
fexe, il leur gâte la taille & fait paroître les plusjolies
perfonnes avec des jambes monftrueufes : ainii
ces Dames , quelques agrémens qu'elles ayent, ne
font bonnes qu'à être reprefentécs fur des écrans ou
fur des éventails.
Il n'y a que des Grecs dans le Mi lo, excepté le
d Juge qui eñ Turc : le e Vaivode cft ordinairement
un Grec, qui non-feulement éxige la tailk
réelle, mais qui a droit de châtier & de faire donner
la baftonade , comme l'Aga des JaniiTaires
dans les villes de Turquie. Eii 1700. la taille fut
jufques à cinq milles écus, & l'on paya à Mezolorto
Capican Pacha pareille femme pour la capi-
Lution. On fait tous les ans trois Confuís à Mile
lis s'appellent f Ephropi ; & ceux qui fortcnt de |
charge Primati ou Vechiardi ^ c'eft-à-dire anci....
Confuís : ceux qui font en charge ont radmiiiii"-
tration des rentes de la ville , lefqueJIes fe prennent
fur la Douane, fur les Salines & fur les Pierres
de moulin : tout cela ne s'aiferme que mille
écus par an : on paye à la Douane trois pour cent
pour toutes fortes de marchandifes : les moulins î
bras que l'on fait dans cette îfle, font fort propres,
k la pierre en cft excellente : on les porte à Conílantinople,
en Egypte, dans la M orée, à Zuiite,
a Cephalonie , & même à Ancone, g My los en
grec littéral & vulgaire fignifie un mouliii ; on
prétend que l'Ifle en a pris le nom à caufe du grand
commerce qu'on y fait des moulins à bras, mais il
d Cadi.
e Celui qui exige la taille.
f EV(-r;ow5(, Adminiflratcur,g Inlindant,-
I beaucoup
. ne
D u L
E V A
plus d'apparence qu'ell
,m de Melos dont on a fi
confervé
Milo, & '
d'un Capitaine Phénicien appellé
eft du feî, on ne le vend pas dans
la ^ mefure ordinaire qui pefe b foipoids
de France, s'y donne pour fept
:s font à deux milles de la ville tour
que Fertus d(
iJVloIos.
Pour ce qui
:ette Ille, car
Jxame-Iix livres
'dois : les filini
au fond de ia rade : pendant l'hyver l'eau de lamer
Im remplitt les refe ' & l e X e l
_ chaleu
Les Confuís nom.ment des gens dan:
Íquartiers de la ville pour exiger la capi
quelle fe paye à raifon de
remettent enfaite cet argei
'y cryftalifedaas
les
. laiq
écus. par tête ; ils
l'ordre du Capitan
" N T. Lettre I r .
M i l o , de l'Argentière, Se de Siphanto, où il ne
tient que de iîmples Vicaires : le liège ctoit vacant
[ en 1700. & l'on croyoit que le Pape n'y tiendroic
qu'un Vicaire Apoftolique , parceque l'Eglife de
I Milo n'a qu'environ cent cinquante écus de rente;
I elle en avoir cinq cens autrefois, mais le Grand
Seigneur après la guerre de Candie , ayant fait
les Ifles , & examiner les titres de
e Latin de Milo,
iens, jouïilbit do
; ainfi cette Ifle.
fut mife à l'enle
dernier Evêque
le calice, la
jPacha : les Turcs font toûjours quelque nouvelle
nie pour rançonner ces paiivres Grecs : par
... mple dans le temps que nous y étions, ils ne
voulurent prendre les fequins qu'à deux écus, au
lieu qu'ils valent fept livres dix fols : une autre
année ils exigent en payement les m^archandifes
du pays fur lefquelles il y a beaucoup à gagner,
comme la foye & le coton filè; d'ailleurs il faut
leur taire des prcfens, iî l'on veut éviter la chaine
ou les coups de bâton : les Turcs font plus infolens
jamais dans les Ifles , depuis la retraite des
Efouhaitcr lires François, ainfi les Grecs ne fçavent que : les Corfaires tenoient les Turcs eu raifou
, & mangeoient le profit de leurs prifes dans
ais aiiíTi ces CorfUres étoient quelquefois
des hôtes incommodes, avec lefqiiels il n'étoitpas
trop aifé de vivre.
Ou plaide en première inftance devant les Confuís
& les PruTiatis : on appelle de leur jugement
au Cadi li l'on veut-; mais les Confuís qui aflîftent
u jugement du Cadi, le menacent de le renvoyer
'il ne fait bonne juftice, & le renvoyent ea effet,
'il continue : c'eit au grand Cadi de Scio d'en envoyer
lui autre : le nouveau Cadi eft traité pendant
trois jours par les Officiers de la ville, qui lui affignent
im logement, dont il paye le loyer. II a dix
pour cent des effets conteftei dans leprocez ; quelquefois
il prend de l'argent d'une partie & de Por de
l'autre ; il juge en faveur de la plus groflTe fommc ;
li c'eit un" honnête homme, comme cela fe rencontre
aftcz fouvcnt, il condamne à payer fur le
champ en argent ou en marchandifes; iî le débi-
• tcur n'a aucuns effets, tout eft perdu, à moins qu'il
I ne demande du temps pour fatisfaire: s'il nie ladet-
I te, il eft cru fur fon ferment, & Pon ne peut plus
I le poiirfuivre : on fait venir un Papas devant lequel
e Juge le fait jurer lur l'Evangile ou bien fur l'Al-
-oran, s'il n'eft pas d'humeur d'attendre que le Pa-
>as foir arrivé.
Il y a deux Evêques dans cette lile, l'un Grec,
•« l'autre Latin ; le Latin n'a qu'un Prêtre avec
lui pour tout Clergé , quoiqu'il foit Evcque de
LOÎtrc
ceux qui les poiTedoieiit, l'Evêq
qui fous le bon plailir des Véni
Plfle brûlée , fe trouva fans titr
qui eft tout près de l'Argentier
chère & vendue cinq cens ècus :
mourut il pauvre, qu'il avoit cnj
mitre, & tous les ornemens de fon Eglife : il fe.
roit mort de mifére fans une penlîon que le Roi
• lui avoit accordée, & fans les chantez que Sa Majefté
fait diftribuer aux Latins qui font au Levant'
PEglife Epifcopale eft fous le titre de faint Cofme
& de faint Damien-; c'étoit autrefois une Cha-
•pelk Gréque, qui fut vendue aux Latins ; le logement
de l'Evêque qui eft tout vis-à-vis, eft aflcz
j o l i : cet Evêque n'a rien à démêler pour fes revenus
avec l'Evêque Grec , quoique Mr. Th
evenot
i leurs
'îmes
faire
tioml'anlen.
aflTûrc le contraire : peut-être que le fujet d'
contcftations a ceflr.
L'Evêque Grec eft riche : nous ne le
pas ; il étoit allé à Conftantinople pour fe
confirmer par le Patriarche qui en avoit
dans le deflTein de rançonne
L a principale Eglife de Milo eft Nôtre-Dame du
Port, rresviiyi'« ne/'Tinr/.
Les autres font Saint Noirmanti
mont Sinai. Les Grecs appellent
voqu
comme qui dii
pour la lepre .
lèpre.
L e grand Saint George.
Saint George l'Hermitc.
folitaire du
Saint -Kag«.
ue l'on ina
' y le s rm/pyie;
AV<« Tiù-pv»!
^syaAef.
L'Annonciade auprès de la Place. EyjsyyfjiVp«.
Saint Antoine proche le Château, a"-/»« Ayrmi'ci
Saint Dimitre dans le même quartier. A'yws
jUiìT-pitS.
Saint Michel Archange. aV'ì Tit|(ii|>j;«ì.
Saint Jean Baptifte. A'yi« i««»»»; upiipi^iiì
L e grand Saint Nicolas. aV'«?
L o petit Saint Nicolas. a\Uì NixoAi '
L e Saint Efprit. A'yw nuiv^»,
Saint Athanafe. A'yln a.9-«v«ì-i.ì,
Saint Spiridion. Ayi« -Zwufiìay.
Nôtre-Dame. Uuictyia Kfpi«.
L e s quarante Saints. A'yin
Saint Polycarpe. A'yia n^xixct^^a.
Saint Eleuthere. aV/«? EAsJS-içeî.
Ces Eglifes font autant de ParoiiTes , & chacu-
H 2 .ae
f m ì i '