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V O Y A G E D U L E V A N T . Letfre I X . 14 9
d une écorce cbarnnë, legcrement purpurine. Cette
racine eft accompagnée de peu de fibres, mais
elle cft d'une amertume infiipportablc , & pouile
plufieurs teres qui produifent beaucoup de jets blanchâtres
, qui ie terminent par des tiges hautes d'un
pied dans le Printemps ; elles s'étendent enfuite
jufqu'à 2. pieds, fermes, folides épaifîcs de deux
lignes, vert-pâle, rudes, canelées, purpurines à
leur naiiîànce, & couchées à terre. Ces tiges font
génies d'une feuille à chaque noeud, longue d'environ
trois pouces fur deux pouces & demi de largeur
à la bafe, qui eft arrondie en deux oreilles,
au delà defquelles elle fe retreffit infenfiblement,
& fe termine par une pointe obtufe, qui finit par
un petit bec fort court. Le delTus de la feuille eft
verr-brun, luifant, véné à quarreaux irréguHcrs : le
dciTous eft vert-mat, relevé d'une nervure ailez feniible.
De leurs aiifeles naît une fleur foûtenuë
par un pcdicule long d'un pouce ou deux , terminé
par un calice anguleux à fix groiTes canelûrcs
rudes, & long d'en-\'Ìron demi pouce; chaque fleur
cft courbée en maniere d'une S, longue de trois
pouces & demi. Elle commence par une vcflie
grolle de huit ou neuf lignes , vert-pâlc, mêlée
de purpurin , anguleiife , laquelle iè prolonge
e n tuyau recourbé , épais de demi pouce, termia
MutîAmb i («tj-iV» TtWî. Stralr. 1{irnm Gto£r. Hi, 13.
n é par une grande gueule prefqu'ovalc, de i?,
ou 20. lignes de diametre, dont les bords fontégS'
lement arrondis. L e creux de cette gueule efltoiii
parfcmé de poils blancs, longs d'une ligne &
demie. Le fond eft purpurin, noir & livide mirquêté
de quelques taches plus claires qui tirent,fur
le jaunâtre , & relevé d'une grolTe eminence dans
l'endroit oii la gueule commence à fe retreffir en
tuyau. L'interieur de ce tuyau eft auflî purpurin;
noirâtre, revêtu de poils, de même que le dedans
de la velTie qui eft plus pâle. On trouve an fond
de cette vcffie un bouton exagone de deux lignes
& demie de diametre, relevé de groifcs côtes, entre
lefquclles il y a des fommets qui répandent «ne
pouffiere jaune. Cette fleur n'a point d'odeur,
toute la plante eft amere.
L a palîion que nous avions de voir Conftanii'
nople , nous fit partir de Scio le 27. Mars ftf
une iliïque Turque , & nous arrivâmes le 28. à
Caftro capitale de l'iile de Mctelin , qu'oii appel
1 oit autrefois Lesbos. Il eft bien-aifé de connoître
par la defcription que Strabon a faite des
deux ports de Mytiléne , que c'eft fur fés ruin"
que Caftro a été bâtie. Ce Géographe & Etienne
de Byzance qui l'a fouvent copié , appellent Mjtik'ne
une très-grande ville, b Ciceron & Vitruve
b Cicer. dt Ligt .ylgr. Vhruv. lib. I. c,4.
ne parlent que de fa magnificence ; auflî n y voiton
qoe bouts de colonnes , la plupart de marbre
blanc, quelques-unes grls-cendrc; ou de granit: il
V ai à de canelées en ligne droite , d autres en
fpirale • quelques-unes font ovales , relevees de
plates bandes, comme celles du Templ e de Delos;
mais celles de Metelin ne font pas candies fur les
cótK. Il n'eft pas croyable combien dans les ruines
dont nous parlons, il y relie de chapiteaux de
frifcs, depiedeftaux , de boots d'infaiptions tort
maliràitccs, en quelques-unes defquelles nous lûmes
le mot de Gymyiafiii-n^iie. _
Cela nous fit fouvenir du &meux Eçicure qui
tnfeitînoit publiauement à Mytiléne a 1 age de 32.
ans, comme nous l'apprenons de Diogene bacree.
Ariftote y fut auIB pendant deux ans iiiivant
le mime Auteur. Marcellus , après la bataille de
Pharfale, n'ofant fe rencontrer devant Celar, s y
retira pour y palTer le rcftc de fes jours_a etude
des belles Lettres , fans que Ciceron put le perfnader
de venir à Rome éprouver la clemencc du
vainqueur. ,, ,
Mytiléne a produit de grands hommes des les
premiers temps. Pittacus un des fept Sages de Cjrc-_
ce, dont on avoit écrit les fentcnces fur les mu-
< MTTIA ».m; AV02. nlTTAKOÏ . , ,
oi Mn,»,v»7.¡ pi, Z t n ' •v^'/'"' "W-'l"-
railles du Temple d'Apollon à Delphes, pour délivrer
Mytiléne fa Patrie de la fervitnds des lyrans
en ufurpa lui-même l'autorité ; mais il s en
dépouilla volontairement en faveur de fes citoyens.
L e Poète Alcée & Sapho que Strabon appelle un
prodige, étoient de Myt i léne, & vivoient dans le
mime temps. On frappa des médailles a Mytileiie
en l'honneur de ces trois illuftres Perfonnes
C e l l par ces médailles que nous apprenons qu il
faut écrire le nom de cette ville par un^' , quoiqn il
foit écrit avec un • dans Strabon. « U n e de ces
médailles d'nu côté reprefeute la tete de Pittacus,
& de l'autre, celle d'Alcée. M>. Spon en a fait
Eraver une où Sapho eft aflife tenant une lyre; de
l'autre côté ell la tStc de Naulicaa fille d'Alcinous,
dont les jardins font fi célébrés dans Homere, b O n
ne perdra ïamais la mémoire de cette ville parmi
les Antiquaires ; les cabinets fout remplis des médailles
de Mytiléne, frappées aux têtes de Jupiter,
d'Apollon, dcLivie, deTibere, de Cauis Cclar,
de Germanicus, d'Agrippinc, de Julie, d Adrieri,
de Marc Aurele, de Venus, de Commode de
Crifpiue, de lulia Domna, de Caracalla , d Alexandre
Severe, de Valerien , de Gelben, de Salouinc.
Long-temps après Pittacus, Mytiléne dit
2 Stra-
^'b Eni^CTRA." lËPOitA. MTTIA, iub Iixtoie Hieiode.