
D U L E V A
o u de JemjJ'ar, Château, vieux ou Château iicuf,
f u i v a n t leur enprice.
L e i6. Décembre nous marcliâmcs depuis
trois heurts du maciu julqu'à midi , dans un
pays aiîez plat , termine par cette grande plaine
de Magnol ie, bornce au Sud par le M o n t Sypil
u s , & cette montagne , quc)ii,]ue fort étendue
de l'Eli à rOuefl: , nous parut beaucoup moins
haute que le Mont Olympe. Le plus haut' fonv
met du Sypilus rcfte au Sud-El i de Magneiîc,
& cette ville n'cll: gucre plus grande que la moitié'
de Prüfe. Ces deux villes ne le reliemblent
que par leur lituation ; car ou ne voit ni belles
Eglifes ni beaux Caravanfcrais dans Magnet
e , l'on n'y fait commerce qu'en Coton.
L a plupart de fes lubirans font Mahometans.
L e s Juifs qui y font en plus grand nombre que
les Grecs ni les Armeniens y ont trois Synag
o g u e s . LaCicadelIe eft ii négligée qu'elle tombe
en ruine, de m ême que le Serrail, dont tout
r o r n e m e n t coniîile en quelques vieux Cypres.
L a verdure eit incompablement plus belle aux
e n v i r o n s de Prüfe , & le Mont Svpilus n'ell pas
c o m p a r a b l e au Mont Olympe ; mais uufli la riv
i e r e d'Hermus , qui nous parut beaucoup plus
g r a n d e que le Granique, eli d'un grand ornement
à tout le pays. Cette riviere en reçoit deux
autres , dont l'une viene du Nord, & l'autre de
l ' E f t . Elle paße à demi lieuë de Magnefie fous
u n pont de bois , foutenu par des piles de pierre.
Après avoir traverfé la plaine du N o r d - N o r d -
E f t vers le Sud , elle flut un grand coude avant
que de venir au pont ; â< tirant fur le Couchant
v a fe jetter dans la M e r entre Smy rne & Phocée,
c o m m e l'a fort bien remarqué Strabon au Heu
que tous nos Géographes la font dégorger dans
l e fond du golphe de Smyrne , en deçà de la
plaine de Ce t t e riviere forme à fon
e m b o u c h u r e de grands bancs de fable , à l'occ
a l i o n defquels les vaillcaux qui entrent dans la
baye de Smyrne font obligez de ranger la côte
& de venir pailer à la vûc du Château de la
M a r i n e .
O n paiïe les Marais qui font entre l'Hermus
& Magnefie fur une belle jettée d'un quart de
l i e u e de long, dans laquelle on aemployé quant
i t é de marbres & de jafpes antiques ; il y en
a quelques-uns dans les murailles de la ville,
mais nous n'y découvrîmes aucune Infoription.
L a plaine de Magnefie , quoique d'une beauté
f u r p r e n a n t e , eli prefque toute couverte de Tamaris
, & n'ell: bien cultivée que du côté du
L e v a n t : la fntilicé en eli marquée par uneMéd
a i l l e du Cabinet do Roi 5 d'un côté c'eÜ la tête
de Domitia , femme de Douiitieii , de l'autre
u n fleuve couché , lequel de la main droite tient
un rameau & de la gauche une corne d'aboa-
N T. Uttre X X Î L r^ j
dance. Patin en a donné une d'un femblatlc
t y p e ; auffi Strabon remarque-t-ii que l'Hcrmos
e i i un de ccs fictives qui engraiiîent les terres par
l e u r limon.
O n n"e brûle dans cette ville que du bois d'Ad
r a c h n c que le M o n t Sypilus fournit. Les Marc
h a n d s Juifs de nôtre Caravane nous obligèrent
d ' y féjourner le 17, Décembre ; & pour nous
d é d o m m a g e r du tems perdu, nous firent trouver
d'excellent vin chez leurs confrercs , à huit
p.u'ats les mille dragmes , comme ils parlent ;
c e s mille dragmes'pefent deux Oques , c'ell-àd
i r e cinq livres. Le froid étoit rude , & la
T r a m o n t a n e foufRoit cruel lement, mais il ne gela
pas.^
N o u s nous amufâmes ce jour-là à herborifcr
f u r l e ^ M o n t Sypilus qui eft tout cfcarpé du côté
d u Nord , & parmi des tourtes de Lauriers • rofes
& A'AJrachne nous trouvâmes dans les précipices
q u e l q u e s plr.ntes rares que nous avions vues eu
: Candie fur tout la Jacea.
' La Déefîè SypHeae avoit pris fon nom de ceti
te montagne, ou pour mieux dire Cyùek me-
. re des Dieux, avoit été nommée Sypilene , pari
ce qu'on la reveroit d'une manière particulière
j dans le Mont Sypilus; ainfi il n'eft pas furprej
nant qu'on voye tant de Médailles de Magîiciic,
I fur le revers defquelles cette Deeflè eft'répre-
' fentée , tantôt fur le frontifpice d'un Ternple à
I quatre colomnes , tantôt dans un char. On ja-
1 roit même , dans les affaires les plus importan-
] tes, par la Déelle du Mont Sypilus, comme il
' paroic par ce précieux marbre d'Oxford où cil
: gravée la ligue de Smyrne & de Magnefie fur
! k Meandre , en faveur du Roi Seleucus Caîli-
\ Du haut du Mont Sypilus , la plaine paroît
j admirable & l'on découvre avec plaiiîr tout le
j cours de la riviere. Tantôt nous nous reprefen-
, tions ces grandes armées d'Agelilaus & de Tiff
a p h e r ne , tantôt celles de Scipion & d'Antiochus
, qui difputoient l'Empire d'AHe dans ces
vaites campagnesv Paufanias affûre qu'Agefilaus
battit l'armée des Perfes le long de l'Hermus •
& Diodorc de Si c i l e repporte ^ que ce fameux
G é n é r a l des Lacedemonii -Ils , dcfceiidiint du
M o n t Sypilus , alla ravager tous les environs
de Sardes. Xeiiophon prétend que la bataille fe
d o n n a le long do PaBoIc , lequel fe jette dans
r H c r i n u s .
^ A l'égard de ta bataille de Scipiotl & d'Ant
i o c h u s , elle fe donna ejiire Mat;ne(ie & la riv
i e r e d'Hermus , que Tite-Live '& Apuitn epj
pellenr le Flmvc ie Phrsgic. Cette grande act
i o n qui donna une iî liaure idée de la vertu
R o m a i n e en Al i e , fe paria fur le clicmin de Mag
n e f i e à Thyat ire , dont les ruines font à Ariiif-
^ fa r